Vers une ville wallonne intelligente

Tribune
Par Jacques Platieau · 13/06/2013

J’imagine que je ne fus pas le seul à être surpris en lisant ce week-end que Monsieur Benoît Lutgen [président du cdH] désirait construire une nouvelle ville en Wallonie. Le bureau d’études du cdH, le CEPESS, a en effet estimé qu’au cours des 10 à 15 prochaines années, la population wallonne allait croître de 400.000 personnes.
J’ai par ailleurs lu l’article dans lequel Monsieur Philippe Henry [Ministre en charge de l’Aménagement du territoire] donnait son point de vue, déclarant qu’un tel projet ne tenait pas la route et était ‘illusoire’. Je pense au contraire qu’un tel projet mérite toute l’attention et le soutien du monde des affaires et plus particulièrement du secteur des technologies.

Transformer les défis en possibilités

Tout comme les autres villes densément peuplées, les villes wallonnes font face à un certain nombre de défis qui demandent qu’on s’y attarde de toute urgence: la population, la société, la circulation, les transports publics, la santé, la sécurité, l’énergie, la sécurité alimentaire, le développement économique, la durabilité, l’éducation, la communication, etc.

De nombreuses solutions sont disponibles à ce jour, mais en raison de l’évolution historique et organique de nos villes, implémenter ces solutions est un procédé lent et complexe. Une nouvelle ville doit avant tout se développer de manière innovante, en mettant à profit les connaissances dont nous disposons sur ce qu’il faut à tout prix éviter. Monsieur Henry préconise de capitaliser sur les villes existantes en aménageant l’espace public de manière plus efficace. C’est précisément le piège dans lequel il ne faut pas tomber. Nous devrions transformer les défis rencontrés – entre autres dans l’aménagement du territoire – en de réelles opportunités. Pour créer une nouvelle ville, commençons par une page vierge, élaborons le plan d’une ville intelligente où nous rechercherons et testerons les meilleures solutions pour relever les défis urbains actuels. Seulement après, les solutions qui auront porté leurs fruits pourront être implémentées aux villes existantes. Il faut faire de cette nouvelle ville un espace de recherche pour le développement urbain.

Partenariats pour l’innovation

Développer une ville intelligente commence par innover au sein de la plus petite structure d’une ville: le bâtiment. Construire des bâtiments durables et intelligents, qui sont interconnectés les uns aux autres pour former un quartier intelligent au sein d’une ville intelligente. La technologie peut jouer un rôle de premier plan dans ce concept avec la collecte et l’analyse de données qui permettront de mieux comprendre et de gérer l’immeuble, le quartier, la ville, de manière efficace. Pour ce faire, il faudra former des partenariats. Avec des entreprises qui aideront à bâtir de manière intelligente, avec le gouvernement pour l’optimisation des services publics (pompiers, police, etc.) et avec les organes décisionnels. Mais également avec les citoyens et les futurs résidents de cette nouvelle ville afin qu’elle devienne un endroit où il fait bon vivre. Une ville doit être attractive pour attirer de nouveaux citoyens. Sans citoyens, aucune innovation n’est possible, pas plus que la ville n’est viable.

La ville comme pôle d’attraction pour les entrepreneurs

Depuis des siècles, la ville attire l’entreprenariat. Dans le contexte actuel, la création d’une nouvelle ville représenterait un pôle d’attraction pour la recherche, le développement et l’innovation dans la rénovation urbaine. Et qui dit innovation, dit emploi. Comme Louvain-la-Neuve s’est créée autour de l’université, pourquoi la Wallonie n’aurait-elle pas sa propre “Silicon Valley” avec des entreprises et des organisations qui mettent leur savoir-faire à contribution pour en faire une ville intelligente? Et ces organisations existent déjà aujourd’hui. Regardez Futurocité, une organisation qui conseille le gouvernement wallon dans le domaine du développement urbain à tous niveaux.

En bref, si l’idée d’une nouvelle ville pourrait bien être démolie par certains, elle peut représenter une étape importante pour nous permettre d’évoluer vers une société qui mise sur l’innovation et qui en tire profit. Rien que pour cette raison, cette idée mérite toute notre attention et notre soutien.

Jacques Platieau, Country General Manager, IBM Belgique