L’une des choses qui a le plus impressionné les 16 start-ups belges qui ont récemment participé à la mission mission économique pilotée par Startups.be à Singapour fut le climat d’entreprenariat florissant qui règne dans cette ville-Etat mais aussi les moyens qu’investit Singapour dans le phénomène de ‘smart nation’ et le haut degré de focalisation sur la technologie et l’innovation.
Avec tout le respect dû aux atouts de la Silicon Valley, il est de plus en plus manifeste que son importance de la Valley diminue au profit d’autres plaques tournantes, surtout asiatiques.
Du fait, notamment, que San Francisco soit devenue terriblement onéreuse, les technophiles de talent qui quittent la région sont désormais plus nombreux que ceux qui y débarquent. Constat confirmé par une étude réalisée par Startup Genome, publiée en mars de cette année, qui révélait que Singapour attire depuis peu plus de talents technologiques que la Valley.
Alors que la proportion de licornes (start-ups valorisées à plus d’un milliard de dollars) en dehors des Etats-Unis était encore de 30% en 2013, elle atteignait déjà 58% en 2016. Le nombre d’entreprises débutantes régresse aux Etats-Unis. Le nombre de start-ups qui parviennent à percer ne cesse de diminuer, ce qui a pour conséquence que l’entreprise moyenne y vieillit et perd de son dynamisme.
Au lieu de continuer à inventer l’avenir, en infatigables pionniers, les entrepreneurs de la Silicon Valley se contentent désormais davantage du statu quo. “Trop gâtés, avec leurs lunches organiques et leurs massages gratuits”, comme le soulignait récemment un entrepreneur américain séduit par Singapour.
Renversement de tendance
Il faut toutefois admettre que les start-ups dans la Silicon Valley continuent d’attirer des mises de fonds nettement plus rondelettes que leurs concurrentes dans d’autres parties du monde. Environ un quart de l’ensemble du capital-risque prend la direction d’entreprises de la région. Les capital-risqueurs aux portefeuilles les mieux garnis sont toujours situés le long de la Sand Hill Road à Menlo Park. Mais la tendance s’est inversée.
En 2016, les investissements de capital-risque ont régressé de 28% dans la Silicon Valley et on s’attend à ce que la Chine assume le rôle de leader d’ici deux ans. En 2016, 72 milliards de dollars de capital-risque (sur un total mondial de 336 milliards) provenaient déjà de ce pays.
Actuellement, ce sont des géants technologiques chinois tels Tencent (WeChat), Baidu et Alibaba qui injectent le plus d’argent dans les start-ups asiatiques. Tencent, l’entreprise technologique la plus performante au monde, peut même se prévaloir d’un meilleur ‘rapport d’investissement’ que l’américaine Sequoia Capital avec 19 licornes dans son portefeuille (contre 13 pour Sequoia).
C’est Tencent et Alibaba qui ont imposé le smartphone comme support de paiement. C’est désormais devenu la norme en Chine. Aujourd’hui, la puissante Facebook tire son inspiration non seulement de Snapchat, mais aussi et surtout de son concurrent chinois. Alors que Google se concentre depuis peu sur l’intelligence artificielle (AI), les sociétés chinoises citées ci-dessus le font depuis déjà quelques années et sont à tout le moins aussi avancées dans ce domaine. De même, alors que tout le monde se focalise aveuglément sur Tesla, saviez-vous que la moitié des transports publics à Shenzhen fonctionnent déjà à l’électricité grâce au constructeur automobile BYD?
Il est vrai que s’imposer sur le marché chinois s’avère encore très ardu, surtout pour une start-up. Mais quiconque veut trouver l’inspiration ou est à la recherche d’un partenaire dans le domaine des équipements est ici à la bonne adresse. Qui plus est, les entreprises technologiques chinoises tournent de plus en plus leurs regards vers l’Europe.
L’année dernière encore, le groupe chinois Yinyi rachetait le fournisseur belge de systèmes de transmission Punch Powertrain pour un milliard d’euros. Il y a quelques jours, un nouveau fonds de capital-risque de 500 millions d’euros (Silk Ventures) a vu le jour dans le cadre du programme Belt & Road. Sa mission: investir dans des start-ups européennes et américaines.
“The sky is the limit”
Au-delà de la Chine, l’ensemble du Sud-Est asiatique représente un marché de 650 millions de personnes jeunes et ambitieuses. Le produit intérieur brut des pays de la région a doublé entre 2007 et 2014. Par habitant, le PIB a progressé de 76%, s’établissant à 4.135 dollars.
L’atout du Sud-Est asiatique? L’anglais y est la langue véhiculaire et les marchés y sont moins saturés qu’en Occident. Si vous êtes l’un des premiers à y lancer un produit évolutif, vous avez de bonnes chances d’y connaître une croissance très rapide.
Singapour se profile comme la plaque tournante à partir de laquelle desservir des pays tels que l’Indonésie, les Philippines, le Vietnam et la Thaïlande. Voir cette autre Tribune. L’innovation est l’un des principaux fers de lance de la politique de cette ville-état, et les autorités font tout ce qu’elles peuvent pour faire progresser les 2.500 start-ups technologiques qui y sont actives afin qu’elles deviennent des acteurs à l’échelle mondiale.
Y a-t-il des Belges qui s’y distinguent? Très certainement. Leur liste ne cesse d’ailleurs de s’allonger. La gantoise iText enregistre sa plus belle croissance en Asie. Le Belge Han Verstraete attire tous les regards avec sa start-up singapourienne (Otonomos). Sa spécialité? Baser le processus de création d’une entreprise sur la technologie blockchain. Autre expat: Chris Vanden Berghe qui a recueilli tout récemment 1,5 million de dollars avec sa start-up fintech 4xLabs.
L’agence bruxelloise BrandFirst a ouvert une filiale dans la mégapole chinoise Guangzhou, alors que l’entreprise Katoennatie testera en septembre son premier camion autonome sur son site à… Singapour. Ajoutons encore que les scale-ups belges Awingu, Rombit, T-Mining et Playpass ont fait récemment pris pied dans la ville-état. The times they are a-changin’ indeed!
Frederik Tibau
gestionnaire de contenus
Startups.be
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