Chacun est CEO de sa propre carrière

Tribune
Par Saskia Van Uffelen · 02/10/2018

C’est étrange de parler de la numérisation comme s’il s’agissait encore de quelque chose d’hypothétique. Le temps du digital, c’est maintenant. Et même si l’on craint des pertes d’emplois, il faut plutôt voir la numérisation comme une opportunité pour créer plus de jobs. 

Mieux-, si nous reconvertissons les employés dès maintenant et si nous activons rapidement les chômeurs, nous pourrons réaliser une véritable croissance économique. La numérisation apporte du travail à tout le monde. Ou du moins à tous ceux qui sont disposés à apprendre tout au long de leur vie.

Replongez-vous dans les livres d’histoire et vous verrez que chaque révolution industrielle va de pair avec de grands changements, tant sur le plan sociétal qu’économique. Les innovations technologiques qui accompagnent de telles révolutions, conduisent à des emplois nouveaux, différents et souvent meilleurs. Ce ne sera pas différent avec la quatrième révolution industrielle, la numérisation.

Accompagner les compétences

Mais quels sont les vrais chiffres? Selon une étude récente d’Agoria, d’ici 2030, 81.000 employés qui travaillent en Wallonie devront être réorientés vers d’autres emplois ou fonctions. 

A lire ou relire, l’article publié à l’occasion de la sortie de ette étude d’Agoria: “A quoi sert le potentiel d’emplois (numériques) s’il n’est pas exploité?”

Pour 39.000 d’entre eux, le changement ne nécessitera pas de trop grands efforts, mais pour les 42.000 autres, la formation devra être très intensive.

De tels efforts sont nécessaires. Pour que chaque employé puisse avoir un travail intéressant dans la région. Pour que notre économie puisse suivre chaque année la demande de personnel. En Wallonie, d’ici 2030, la croissance moyenne annuelle du nombre d’emplois sera de 0,8% mais la croissance du nombre de nouveaux talents devrait seulement s’élever à 0,3% pour la même période.

Il est évident que les employeurs doivent investir dans des formations pour leurs employés. Du coaching et de la supervision sont nécessaires. Bpost montre le bon exemple, elle qui, en Belgique, emploie le plus grand nombre de personnes peu qualifiées sous contrat à durée indéterminée. La société dispose d’un programme qui offre la possibilité aux facteurs et autres employés sans diplôme du secondaire de décrocher, malgré tout, leur diplôme grâce à leur expérience sur le terrain. De cette manière, Bpost stimule l’évolution constante de ces employés sur le marché du travail.

Courage, envie et persévérance

Il est nécessaire de garder les personnes plus longtemps – et avec envie – au travail et de les préparer à l’économie de demain. Les employeurs et les employés doivent commencer aujourd’hui à s’armer face à la numérisation. Tout tournant pris par une entreprise dure de trois à cinq ans. La deuxième année est souvent la plus délicate. Durant la première année, tout est nouveau, tout le monde aspire un nouveau départ et les collaborateurs passionnés s’approprient le changement. Mais si on ne voit pas de résultat après la première année, le doute s’installe. Nos entreprises ne peuvent pas abandonner pour autant. Il s’agit bien plus que d’une simple économie budgétaire, tant pour elles-mêmes que pour la société en général.

Pour 39.000 employés wallons, le changement ne nécessitera pas de trop grands efforts mais pour 42.000 autres, la formation devra être très intensive.

Le changement exige du courage et de la persévérance. Ce n’est pas l’entreprise, le gouvernement ou l’enseignement qui peut effectuer le changement. Ce sont les individus qui en ont le pouvoir et la responsabilité. Chacun est CEO de sa propre carrière. Il revient à chacun et chacune d’entre nous de changer et d’apprendre tout au long de sa vie, la numérisation offre une certitude: notre job d’aujourd’hui n’existera plus demain – Be the Change!

Saskia Van Uffelen
CEO Ericsson Belgium
Digital Belgium Champion