Le réseau d’espaces publics numériques (EPN) wallon se trouve, aujourd’hui, dans une phase assez paradoxale. Le nombre d’EPN labellisés (accompagnés et conseillés par le centre de compétences Technofutur TIC) ne cesse de croître. Mais, dans le même temps, de premiers signes d’essoufflement se font jour. Quelques EPN ont été contraints de fermer leurs portes, souvent faute de moyens. D’autres dépendent de la bonne volonté des édiles et budgets communaux qui, resserrement des moyens obligent, assortissent leur soutien financier d’un gros point d’interrogation. “Certaines communes mettent l’EPN en balance”, déclare Eric Blanchart, chargé de mission et responsable du réseau EPN. “Elles tiennent bon parce qu’on leur dit que toutes les pistes de pérennisation n’ont pas encore été explorées. Mais si nous devions, demain, leur dire que ce qui nous reste comme pistes de financement et de soutien s’est soldé par une impasse, elles déclareront sans doute forfait.” Le déclin, alors, serait annoncé dans la mesure où la majorité des EPN s’appuient sur des infrastructures et des moyens communaux. Le réseau fait face à plusieurs défis:
- la nécessité de maintenir “l’outil” à un niveau de pertinence technologique suffisant,
- l’étiolement des fonds qui viennent des pouvoirs publics (les appels à projet se font rares et, souvent, limités),
- la pérennité de l’initiative qui n’est en rien garantie,
- les besoins qui ne cessent de croître et de se diversifier (la fracture numérique persiste bel et bien, prenant sans cesse de nouvelles formes),
- le public-cible qui se fait plus exigeant (en synchronie avec l’évolution des technologies),
- le personnel d’animation qui attend que son statut soit revalorisé.
Arrêtons ici la liste qui, déjà, se suffit à elle-même. Ce tableau, en apparence bien gris, ne doit toutefois pas donner l’impression d’un déclin. Les chiffres de fréquentation sont en hausse, légère mais réelle. Le réseau continue de s’étoffer. Les projets et les activités proposées visent un public large, où l’on retrouve tout à la fois des chercheurs d’emplois, des jeunes, des seniors qui veulent se mettre à l’informatique, des parents qui veulent pouvoir aider leurs enfants ou comprendre le monde numérique dans lequel ils évoluent, les personnes en situation de précarité pour qui les EPN sont les seuls lieux possibles d’utilisation des outils informatiques, les citoyens certes “connectés” mais qui maîtrisent mal les outils numériques et qui cherchent à se former.
Un rôle en voie d’évolution
Au gré des appels à projets, les EPN peuvent imaginer de nouveaux services d’informations, de sensibilisation, de formation. Par exemple à destination des chercheurs d’emplois ou en collaboration avec des écoles, qui peuvent ainsi suppléer à des équipements IT non encore renouvelés dans le cadre du projet CyberClasse. Le monde des maisons de repos et son public de seniors a également fait l’objet en début d’année d’une initiative anti-fracture numérique. Des initiatives originales sont prises par certains EPN dans le vaste champ du multimédia. En ce compris pour apprendre aux chercheurs d’emploi à exploiter les filons des réseaux sociaux ou des supports multimédia (vidéo, etc.) dans leur quotidien. De très nombreux autres sujets et problématiques ne demandent qu’à être exploités par les EPN: enjeux de la réputation numérique, conseils contre le harcèlement des plus jeunes sur les réseaux sociaux, mise en exergue d’outils conviviaux permettant de combattre les craintes et réticences que les moins “native” peuvent encore avoir, élargissement de la perspective au champ du culturel, etc. Pour ce faire, le Centre de Ressources EPN qui pilote le réseau a décidé de placer cette année sous le signe de la communication et de la sensibilisation. A commencer par celle des mandataires locaux et des décideurs publics. Le travail de fond portera aussi sur la valorisation du statut des animateurs, sur la nécessité de dynamiser les activités qu’ils déploient afin d’élargir l’éventail de formations qu’ils offrent aux personnes qui fréquentent les EPN. Les membres du réseau seront aussi invités à mieux tirer profit et solliciter des partenariats avec tisser d’autres associations ou organismes, tels les ALE ou le Forem, qui opèrent sur l’entité de leur commune. C’est de tout cela que traite de notre dossier: défis, potentiels, appel à soutiens, besoin d’innovation.
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