A l’été 2015, le WeLL, le living lab e-santé de Liège, accueillait un de ses premiers projets. L’occasion d’appliquer le principe de la co-création par et avec les utilisateurs visés par un projet de solution informatique orientée santé. Il s’agit en l’occurrence d’une idée d’appli mobile pour femmes enceintes, qui serait destinée à faciliter leur quotidien pendant cette période potentiellement stressante et lourde en interrogations. Cette étape au WeLL a permis à l’équipe de Yagram Health, emmenée par Malgosia Ratajska-Grandi, de recueillir les conseils et avis de professionnels de la santé et de femmes enceintes afin de baliser les besoins auxquels l’appli tenterait de répondre.
Vint ensuite, en 2016, une participation à un Boostcamp du Microsoft Innovation Center de Bruxelles. Cette année, Malgosia Ratajska s’est vue nominée parmi les 8 jeunes entrepreneurs belges participant au concours Innovators under 35, organisé par le MIT Technology Review.
Petit coup d’oeil sur ce projet orienté e-santé.
En attendant l’homologation
A vrai dire, l’appli mobile développée n’a pas encore droit de cité dans la catégorie, logiquement très régulée, des “medical devices”. Pour l’heure, elle doit donc encore se contenter d’une classification “wellness/bien-être”.
De quoi s’agit-il? D’une appli qui s’adresse aux femmes enceintes afin de leur fournir des informations contextualisées sur toutes les questions qu’elles pourraient se poser au sujet du déroulement de leur grossesse et à la période périnatale. L’appli veut ainsi faire office d’“assistant personnel” au quotidien, pour assurer l’information des futures mamans et améliorer la qualité du suivi en dehors des visites médicales.
Sa particularité: elle s’appuie sur un chatbot pour permettre aux futures ou jeunes mamans d’obtenir des conseils et réponses à leurs questions. Le recours à cette forme d’“intelligence artificielle” – un répertoire de réponses automatisées à des questions posées en langage naturel – permet de laisser ouvert un canal de communication entre patiente et professionnels de la santé, sans pour autant monopoliser leur temps. Un dialogue, plus direct, peut également s’instaurer avec la sage-femme, “qui peut envoyer des informations médicales validées et élaborer un plan de soins partagé en collaboration avec un diététicien, l’hôpital…”.
Partenaire de développement: l’hôpital Brugmann à Bruxelles qui a développé une bibliothèque de contenus “médicalement valides” et a permis à l’équipe Yagram de tester le prototype en situation réelle avec près de 140 “patientes”.
Le genre de questions et de dialogues que propose dès lors l’appli Yagram se limitent à des sujets ayant trait aux nausées, à des conseils fournis par les gynécoloques ou sages-femmes, aux types d’examens à passer (et comment ils se déroulent), à des informations sur les soins dont les futures mamans peuvent bénéficier à l’hôpital ou à la maternité…
L’interface développée pour le dialogue avec le chatbot est textuelle (et non vocale) et ne fonctionne encore qu’en français.
Malgosia Ratajska (Yagram Health): “Nous attachons une attention toute spéciale à l’expérience utilisateur afin de rendre le dialogue le plus naturel possible. Le contenu est médicalement validé mais l’impression que doit avoir la femme est celle d’un small talk.”
L’objectif est avant tout de rassurer les femmes tout au long d’une période qui peut être source d’inquiétudes, petites ou grandes.
Si l’application ne vise actuellement que les futures mamans, l’ambition est de proposer le même genre de solution pour un autre aspect de la procréation, en l’occurrence les procédures et traitements in vivo. “C’est là un processus qui implique de nombreux protocoles à suivre, très stricts et donc, eux aussi, source potentielle de stress et de nombreuses interrogations”, souligne Malgosia Ratajska. Si l’on s’écarte du sujet de la procréation, d’autres domaines de santé pourraient être ajoutées, à terme, au catalogue visé par Yagram. Depuis ses débuts, l’équipe vise en effet à offrir une appli de conseil pour des maladies chroniques ou demandant un accompagnement soutenu (VIH, maladie de Lyme, insuffisance cardiaque…).
L’autre ambition est d’obtenir le label de “dispositif médical”. “Nous voudrions en effet pouvoir relayer des informations réellement personnalisées, basées sur le profil de la personne.” Un profil construit à l’aide de données collectées par divers objets connectés, orientés santé, qu’utiliseraient les femmes enceintes.
Si l’on reprend l’exemple de la période de la grossesse, “cela permettrait de procurer de meilleurs conseils, par exemple sur le sujet de la pré-éclampsie, de proposer de nouveaux algorithmes pour un suivi à plus haute valeur ajoutée des patientes…”
Extension des fonctionnalités
Dans l’attente d’une telle homologation, l’équipe Yagram Health planche sur de nouvelles fonctionnalités à ajouter à la solution existante. Exemple: la possibilité pour l’utilisatrice de recevoir sur son téléphone les résultats d’une échographie passée à l’hôpital.
Si l’appli Yagram Health a dépassé le stade du prototype, stricto sensu, elle n’est pas encore disponible commercialement pour autant. La phase de test et prototypage ayant été effectuée en collaboration avec l’hôpital Brugmann, des négociations sont encore en cours pour convenir d’une convention satisfaisant les deux parties.
Il faudra donc encore attendre un peu avant de pouvoir la télécharger (elle sera disponible pour iOS et Android).
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