Les compétences qu’attendent les employeurs de leurs collaborateurs, en particulier dans des rôles et fonctions placées sous le signe de l’IT et du numérique – analystes, développeurs, chefs de projet, designers… -, sont aujourd’hui l’un des enjeux et défis majeurs de la manière dont chacun se construit son socle de connaissances et d’aptitudes.
C’est que le monde, en ce compris celui du travail, a changé et continuera de changer. La manière dont nous acquérons et renouvelons nos compétences – sociétales, relationnelles, professionnelles – a et aura de moins en moins à voir avec les méthodes pédagogiques, rigides, d’hier.
Partant de ce constat, les acteurs de la formation – tous niveaux d’apprentissage confondus – se sont engagés dans une (r)évolution de méthode. Parmi eux, le centre de formation Technifutur de Liège qui, pour son programme Square Code, a décidé d’appliquer certains préceptes de type “classe inversée”.
Le concret avant le théorique
Pour rappel, ce programme de formations Square Code est destiné aux demandeurs d’emploi (jeunes ou moins jeunes) et personnes en quête de reconversion professionnelle et vise quatre profils: développeurs Web, développeurs .Net, développeurs d’applications mobiles et DevOps.
A partir de cette année, les apprenants ont droit à une approche pédagogique qui vise notamment à leur faire acquérir des réflexes d’autonomie et d’adaptation aux défis et changements de leur futur environnement professionnel.
Sandrine Rémy (Technifutur): “Le but est de rendre les apprenants plus autonomes, de leur faire acquérir des méthodes de résolution de problème.”
“Par le passé, on partait de la théorie pour ensuite envisager des situations et des exemples qui illustraient la théorie. Désormais, on commence par des exercices pratiques, dans lesquels les apprenants sont confrontés à des problématiques ou difficultés tirées de la réalité, pour ensuite en déduire la théorie”, explique Sandrine Rémy, coordinatrice de formations chez Technifutur.
“Ils doivent trouver la solution au problème posé, en solo ou en sous-groupe. Le but est de les rendre plus autonomes, de leur faire acquérir des méthodes de résolution de problème afin qu’ils soient en mesure de faire face à des situations analogues, mais avec des variantes diverses d’un problème.
Nous mettons également l’accent sur le travail en sous-groupe afin de les amener à confronter et comparer les différentes solutions qu’ils ont trouvées chacun de leur côté.” La remédiation est donc devenue à la fois l’affaire du formateur voire du coach pédagogique, et des condisciples.
Autre règle nouvelle appliquée: une remédiation qui est davantage individualisée. “Les difficultés de chacun sont détectées plus tôt. Cela permet au formateur de concentrer son attention sur celui ou celle qui rencontre des difficultés et de laisser les autres poursuivre à leur rythme, en auto-apprentissage via la consultation de tutoriels en-ligne ou la recherche active d’informations.” Les “bons vieux” bouquins, eux, ont disparu de la circulation…
Du présentiel inversé
Technifutur met donc en pratique, dans une certaine mesure, le concept de classe inversée. Du moins dans sa logique de “défrichage” et de découverte en mode autonome avant d’en venir à la confrontation et à l’analyse en cours.
Toutefois, contrairement au principe pur et dur de la classe inversée, les formations Square Code de Technifutur se font encore essentiellement en présentiel, dans les locaux du centre (Bois Saint-Jean à Liège). “Mais il y a aussi des jours sans formateur”, souligne Sandrine Rémy. Pour l’heure, le ratio entre apprentissage autonome et apprentissage accompagné est encore de 25-75%. A terme, l’espoir est d’arriver à l’équilibre.
L’accompagnement est assuré à la fois par un formateur – profil: un mélange d’expérience professionnelle et d’aptitudes pédagogiques – et un coach pédagogique. Ce dernier a un profil davantage pédagogique mais combiné à des connaissances en programmation. “Son rôle est de faire le lien entre les différents cours donnés par les formateurs et entre les différentes approches pédagogiques appliquées et technologies enseignées.”
C’est lui aussi qui, en amont, est chargé d’informer et de former les formateurs à la nouvelle démarche pédagogique participative. “Il a une vue globale sur le parcours des apprenants et intervient en support du formateur et des apprenants. Il intervient lors des journées de remédiation et quand le cours ne se déroule pas en présentiel.
C’est lui aussi qui recherche des pistes et ressources nouvelles d’auto-formation pour les apprenants qui n’éprouvent pas de difficulté particulière et n’ont donc pas besoin d’un support actif.”
Une attente forte des employeurs
Le changement de méthode pédagogique et l’accent mis davantage sur l’auto-apprentissage et la capacité de résolution plus dynamique des problèmes s’expliquent par une attente forte du côté des employeurs. “En IT et en développement, les choses évoluent très vite”, rappelle Sandrine Rémy. “Il y a toujours quelque chose de nouveau à explorer. Les employeurs attendent de leurs futurs collaborateurs qu’ils fassent preuve de créativité, d’envie d’apprendre, de proactivité, de capacité d’autonomie et de gestion de leur temps. Mais aussi qu’ils soient en mesure d’apprendre un maximum, face à de nouvelles situations ou technologies, en un minimum de temps.”
Sandrine Rémy (Technifutur): “Hier, le développeur était vu comme quelqu’un travaillant seul, quasi-autiste. Désormais, ce qui compte aussi c’est le travail en équipe, la collaboration avec un chef de projet, la compréhension de l’utilisateur, le partage, la proactivité, la capacité à savoir se prendre en charge et à gérer son temps. C’est l’importance du comportement et du savoir-être. Et c’est vrai autant pour le développeur que pour le technicien de support ou le chef de projet.”
Ce sont là des arguments que l’on retrouve aussi du côté des “écoles de codage”. En quoi le centre Technifutur s’inspire-t-il ou se différencie-t-il éventuellement des méthodes que prônent certaines de ces coding schools? “Pédagogie et compétences professionnelles spécifiques sont indissociables chez nous. Nous faisons exclusivement appel à des indépendants, opérant en sous-traitance, pour assumer le rôle de formateurs. Ce sont des personnes spécialisées dans leur domaine, ayant une pratique et des compétences professionnelles en termes de développement, de Web, et ayant des aptitudes comme formateurs. L’un ne va pas sans l’autre.
Le formateur doit être capable de partager son expérience, de comprendre les difficultés de l’apprenant, de construire le plan de formation qui lui convient et de faire en sorte que tout le groupe atteigne l’objectif pédagogique fixé. Nous ne sommes pas dans un contexte de défi ou dans un esprit élitiste…”
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