Permettre à des personnes actives de trouver, à coût abordable et sans contrainte de bail ou d’engagement à long terme, un espace de travail leur procurant toutes les facilités de notre monde désormais toujours connecté ainsi qu’un environnement où elles peuvent avoir des contacts propices à leurs activités, voilà une idée qui vous rappelle sans doute quelque chose… que vous y accoliez l’étiquette de coworking, de tiers lieu de travail, de smart work center ou quelque chose du genre.
C’est l’idée de base du projet Spacelly mais avec une variante qui lui donne un cachet – et un public – particuliers.
Côté demande, le public visé est spécifiquement celui des indépendants – tous profils et métiers confondus.
Côté offre, la mise à disposition d’espaces viendrait essentiellement de PME.
Côté “modèle”, l’idée est de proposer, outre la formule classique espace contre abonnement ou loyer, une solution d’échange de services: mise à disposition d’un espace de travail, dans un environnement propice au travail (et donc, si possible, aux antipodes du grand espace non cloisonné, ouvert à toutes les distractions) contre… prestations professionnelles.
Nicolas Enterre: “Toutes les entreprises ont besoin, à un moment ou à un autre, de prestations de courte durée d’un graphiste, d’un webmaster, d’un community manager…”
Nicolas Senterre, graphiste de profession et porteur du projet, s’en explique: “le besoin de se rapprocher et de partager est devenu primordial. J’avais testé le coworking mais il ne permet pas de disposer d’une place attitrée, au calme. Chaque soir, je devais enfermer ma souris blanche dans un casier et, surtout, reprendre mon iMac 27 pouces sous le bras…
J’ai finalement abandonné l’idée de travailler en dehors de chez moi et je fais du networking afin de garder une vie sociale, un contact avec le monde extérieur.
Il existe pourtant une foule d’espaces vides dans les entreprises que je côtoie chaque jour… La plupart du temps, les entreprises sont obligées de contracter un bail 3-6-9 (ans) qui les engage à louer sur une longue période des espaces souvent inadaptés, trop grands, laissant une multitude de surfaces inoccupées pendant de longs mois.
Spacelly sera une plate-forme Web de mise en relation entre propriétaires de bureaux et des personnes à la recherche d’un poste de travail.”
Nicolas Senterre: “Un exemple: une entreprise a besoin des services d’un graphiste environ deux jours par mois. Elle dispose de postes de travail libres dans ses murs et peut donc offrir la possibilité au graphiste d’utiliser son infrastructure pendant un mois en échange de ces 2 jours de travail.”
“Toutes les entreprises ont besoin, à un moment ou à un autre, de prestations de courte durée d’un graphiste, d’un webmaster, d’un community manager… ou encore d’un comptable.” Nicolas Senterre a ainsi dressé une longue liste de métiers potentiellement intéressés – depuis l’analyste IT ou le gestionnaire de base de données jusqu’à le consultant en e-learning ou l’architecte paysagiste, en passant par l’avocat, le sociologue, le community manager, le cyber documentaliste… “Un graphiste 3D peut offrir ses services à un bureau d’architecture, un développeur Web à une agence de communication, un juriste informatique ou un graphiste à une agence Web…”
L’idée est donc de donner à la PME un accès aisé au profil dont elle a besoin, sans devoir l’engager et sans les charges que cela suppose. De son côté, l’indépendant se trouve un point de chute, fournit le lot d’heures de prestations convenues et, le reste du temps, travaille pour ses autres clients, tout en restant dans cet environnement professionnel, en pouvant bénéficier de contacts humains dont il se prive en restant dans ses propres locaux.
Ce que veut Spacelly espère dès lors instiller comme nouvelle bonne pratique, c’est un échange “espace contre compétences”, en préservant et respectant le besoin de flexibilité des deux parties concernées.
Cible prioritaire: les PME
Le premier public-cible, côté offre de bureau, devrait être celui des PME, “sans doute davantage les sociétés de 5 à 10 personnes qui n’ont pas les moyens d’engager à plein temps un graphiste ou un autre profil spécialisé. Les grandes entreprises, elles, n’en ont cure parce qu’elles ont les moyens de se payer, en interne, des profils spécialisés.”
Nicolas Senterre estime que les administrations ou les associations, elles aussi, pourraient être intéressées. “Côté administrations, il leur arrive d’avoir besoin de ce genre de compétences, pour des montants qui ne dépassent pas les 2.500 euros. Ce qui permet de ne pas passer par un marché public. Côté asbl, une association qui n’emploie par exemple que 5 personnes a rarement besoin de projets, en communication par exemple, dont le montant dépasse les 2 ou 3.000 euros…”
Une idée qui reste à prouver
D’autres projets et start-ups se sont cassés les dents sur l’idée de partage d’espaces professionnels de bureau. Et nous ne pensons pas ici uniquement aux “smart work centers” dont le concept n’a jamais réellement décollé ou à la difficulté que continuent d’éprouver les espaces de coworking pour attirer un public nombreux, fidèle et rémunérateur. Il y eut aussi le projet Kodesk, voici environ 5 ans, porté par Sébastien Arbogast. Une tentative avortée pour cause de “manque de confiance” dans le chef des entreprises, diagnostiquait à l’époque (fin 2012), Sébastien Arbogast, notamment en raison de craintes pour la sécurité et la confidentialité des données de l’entreprise, en raison d’une “culture” non prête à ce genre de partage, souvent encore vu comme une “intrusion”.
Aux yeux de Nicolas Senterre, les mentalités ont évolué depuis 2011-2012 et les entreprises devraient être plus réceptives à l’idée. Il évoque notamment la nécessité de comprimer le plus possible les frais fixes (ceux de l’entreprise mais aussi ceux de l’indépendant) et la banalisation du concept de mise de biens à disposition d’autrui. L’économie du partage a fait des progrès. Il ose un raccourci peut-être trop rapide: “si on accepte désormais de prêter son lit à un client AirBNB, les sociétés sont sans doute prêtes à ouvrir leurs bureaux…”.
Il n’en reste pas moins que les contraintes, points d’interrogation et obstacles potentiels – notamment en matière légale et fiscale. Sans parler de la difficulté qu’il y aura potentiellement à concilier un besoin ponctuel de l’entreprise avec un séjour plus long mais pas forcément stable du prestataire indépendant. Nicolas Senterre, lui, estime qu’il y a toujours moyen de trouver un terrain d’entente: ““Un exemple: une entreprise a régulièrement besoin de produire des brochures et, dès lors, des services d’un graphiste. Disons, environ deux jours par mois. Elle dispose par ailleurs de postes de travail libres dans ses murs et peut donc offrir la possibilité au graphiste d’utiliser son infrastructure pendant un mois en échange de ces 2 jours de travail.”
Premiers pas en octobre?
Spacelly en est encore au stade du test de pertinence. Les premiers contacts pris, essentiellement avec des indépendants, ont été positifs et encourageants, déclare Nicolas Senterre. Mais il lui faut encore valider le concept auprès d’un public plus large et – surtout – auprès des PME et entreprises qui sont sensées procurer la “monnaie d’échange”.
Pour tester et valider l’idée, Nicolas Senterre s’est engagé dans deux modes de dialogue. Via une page Facebook. Et via une campagne de crowdfunding qui démarrera le 20 septembre sur KissKissBankBank pour une période de 35 jours. Selon le niveau d’intérêt qu’il rencontrera et la somme d’argent récoltée (il espère réunir 8.000 euros), il compte bien réaliser une première version bêta de la plate-forme Spacelly qui permettra d’affiner le mécanisme de mise en relation et d’échanges de services.
Une promesse dès à présent: “la plate-forme de mise en relation sera simple et ergonomique, permettant à un indépendant de se créer un profil en 5 minutes chrono.”
Modèle économique imaginé pour la plate-forme: une rémunération sur base de paiement des annonces par les propriétaires d’espace.
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