La start-up namuroise Home Based a récolté pas mal de signes d’intérêt lors du récent Salon des innovations wallonnes organisé par Innovatech. Misant sur la ‘silver economy’, elle développe une solution Soline qui permet aux personnes en perte d’autonomie de commander toutes sortes d’appareils et fonctions domestiques majoritairement par la voix, accessoirement par une interface tactile.
“Soline est née en fait de l’envie de concevoir un système de gestion domotique centralisé pour ma nouvelle maison”, explique François Vander Linden, ingénieur agronome passionné par la domotique. Il est rejoint par Sébastien Annys, titulaire de diplômes en sciences politiques et en droit international, actuellement en congé parental de l’Armée.
Partie d’un besoin personnel, Soline vise à présent à répondre à un défi de société: rendre aux personnes à mobilité réduite une réelle autonomie dans la gestion quotidienne de leur habitation et soulager également leurs proches dans la vie de tous les jours. En Belgique, près de 800.000 personnes auront plus de 85 ans à l’horizon de 2060, dont 290.000 en Wallonie et à Bruxelles…
Concrètement, Soline repose sur un ordinateur, qui va centraliser les commandes et interpréter les ordres de l’utilisateur, quel que soit le mode d’interaction utilisé: interrupteurs classiques, télécommandes, tablettes et smartphones, ou la voix.
Pour les fonctionnalités purement domotiques, l’ordinateur de Soline communique avec un contrôleur domotique, qui va traduire les ordres informatiques de Soline en ordres compréhensibles par le système domotique intégré. La solution a malgré tout ses limites dans la mesure où elle ne s’interface qu’avec des systèmes ouverts, en s’appuyant pour ce faire sur des protocoles Z-Wave pour les connexions sans-fil et sur KNX pour les connexions filaires.
“Nous sommes conscients que Soline n’est pas à la portée de toutes les bourses mais nous espérons que l’installation puisse être au moins partiellement subsidiée par les pouvoirs publics.”
Soline est avant tout une solution de contrôle et de centralisation de composants existants et de futurs objets connectés. Il fait appel à pas mal de développements sur-mesure et de mises en adéquation avec l’environnement spécifique de chaque bénéficiaire, ce qui explique son coût actuel, à partir de 10.000 euros.
“Nous sommes conscients qu’une telle solution n’est pas à la portée de toutes les bourses. C’est pourquoi nous espérons que l’installation Soline puisse être au moins partiellement subsidiée par les pouvoirs publics. Ce qui coûte cher, c’est le travail d’intégration à l’environnement de chaque utilisateur et la main-d’œuvre. Soline, ce n’est pas uniquement une application”, souligne François Vander Linden. “C’est l’intégration d’éléments matériels, de logiciels et aussi de services d’installation et de configuration personnalisée en fonction du contexte de vie de chaque utilisateur.”
Côté matériels, l’élément le plus cher est le micro-cravate léger, à porter en collier, de fabrication danoise (fournisseur: DPA Microphones). Le recours à un micro de table est également possible. Le contrôleur domotique coûte environ 400 euros.
Plus simple qu’un smartphone
Bien plus qu’une télécommande par smartphone, “trop compliquée pour les publics visés”, Soline vise un fonctionnement ultra-simple: vous vous adressez à Soline, elle vous comprend, vous répond et exécute l’ordre que vous venez de lui donner.
Par exemple, ouvrir la porte à un visiteur, engager une conversation téléphonique, allumer une lampe ou ouvrir un volet, contrôler la télévision, écouter de la musique, un livre audio ou la radio, gérer une liste de courses et même surfer sur Internet, remplir oralement un formulaire en-ligne, piloter sa boîte mail…
La plate-forme ne nécessite pas l’apprentissage de la voix, ni de connexion Internet pour fonctionner. “Nous avons développé une couche logicielle qui transforme des ordres vocaux en commandes en nous basant sur les fonctions de reconnaissance vocale standard de Windows (Windows 8.1, pour l’instant) et de Google”, explique François Vander Linden. “Soline permet déjà l’utilisation de synonymes – par exemple: “allume la lampe/allume le lustre” – et travaille, en collaboration avec l’UCL, à une sorte de “boîte noire” entre l’ordre vocal et la saisie de commandes informatiques qui pourrait interpréter le contexte. Par exemple, si la personne dit “il fait noir”, la lampe s’allume…
Soline existe en divers “packs”:
- domotique: gestion de l’éclairage, du chauffage, de la fermeture/ouverture des volets…
- téléphonie: gestion des appels téléphoniques, appels d’urgence
- parlophonie: commande des accès (ouverture de portes, accès par code)
- multimédia: gestion des vidéos, des contenus audio, photos, livres audio…
- loisirs: gestion de la TV, de la radio, de jeux…
- connecté: gestion d’agenda, d’une liste de courses…
- Internet: commande vocale des activités de navigation sur Internet et du courriel
L’utilisateur choisit les ordres pré-enregistrés qu’il aura lui-même choisi et qui correspondent aux actions désirées.
Le fait d’être intégrable à un système de gestion globale de l’environnement domestique permet aussi de programmer des scénarios “intelligents”. Du genre: si la personne enclenche une conversation téléphonique, le son de la télévision sera automatiquement coupé ou réduit…
Outre une interface entièrement vocale, Home Based a également prévu une version utilisable moyennant commande tactile sur tablette numérique. Mais là encore, la société privilégie un “dialogue” oral. “L’interface de commande s’affiche alors sur la tablette mais cette représentation visuelle n’est qu’un aide-mémoire. Il suffit à l’utilisateur de lire à haut voix ce qui est affiché à l’écran pour naviguer parmi les fonctionnalités et effectuer des actions complexes. Par exemple, pour programmer un enchaînement de morceaux de musique qu’on veut écouter. Ou encore pour visionner les images de la caméra qui surveille la porte d’entrée.”
Cinq premiers utilisateurs-pilote
Soline est actuellement testée par cinq personnes en perte d’autonomie, atteints de tétraplégie, de maladies dégénératives ou de sclérose en plaques.
Si la première cible de Soline est tout particulier en perte d’autonomie, l’ambition est également d’attirer une clientèle davantage institutionnelle.
Le défi sera dès lors de convaincre, en plus des organismes de sécurité sociale, les ‘prescripteurs’ (familles et maisons de repos) de la valeur ajoutée de sa solution pour regagner une certaine autonomie.
“Des contacts ont été pris avec la plupart des services d’aide et d’accompagnement de la personne handicapée actifs en Wallonie, en leur proposant une démonstration. Cette stratégie indirecte porte ses fruits: les clients qui nous ont contactés l’ont fait suite aux conseils d’un tel service.
Les plus actifs sont le CRETH (Centre de Ressources et d’Evaluation des Technologies adaptées aux personnes Handicapées) et la Ligue de la Sclérose en Plaque. Un système Soline à commande vocale est d’ailleurs installé dans la salle de démonstration de la Ligue de la Sclérose en Plaques à Naninne.
Le service Solival, dépendant des Mutualités Chrétiennes, vient de décider d’en placer un dans sa nouvelle salle de démonstration en construction à Bouge. Des contacts avancés avec l’architecte de ce bâtiment ont déjà eu lieu en ce sens.”
Cette prospection sera étendue à d’autres organismes orientés vers l’aide aux personnes âgées, les sociétés de promotion immobilière, les maisons de repos… C’est par ailleurs sur recommandation d’un organisme français d’aide à la personne handicapée que Soline vient de remettre un devis pour une installation en France.
La sprl Home Based est actuellement financée à hauteur de 250.000 euros: 100.000 sous forme de prises de participation par des amis et membres de la famille (qui ont profité du nouveau mécanisme ‘tax shelter’) et le reste sous forme de prêts d’ING et de NamurInvest.
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