SiCarré (Si2), acronyme de Sciences Informatiques pour le Secondaire Inférieur, est une initiative qui rassemble des représentants des Hautes Ecoles et des universités francophones et qui est animée et coordonnée par Olivier Goletti, assistant de recherche à l’ICTeam (Institute of Information and Communication Technologies, Electronics and Applied Mathematics) de l’UCLouvain.
L’initiative a vu le jour en 2017, sur sollicitation du “terrain”, désireux de mieux formaliser et de dynamiser la promotion du numérique et des sciences informatiques dans le secondaire (inférieur). Objectifs: “renseigner et former les enseignants à l’enseignement des sciences informatiques, répertorier des ressources utiles, favoriser la transmission de la littératie numérique et l’appropriation d’une culture du numérique”.
Autrement dit, convaincre – par l’exemple et la pratique – “qu’une éducation aux sciences informatiques devrait être offerte à toutes et tous dès l’école secondaire, pour permettre aux étudiants de comprendre et de mieux appréhender le monde dans lequel ils vivent.”
Cette mission de sensibilisation, de formation et d’apports de compétences a été validée (budget pour un ETP à l’appui) par les ministres Marcourt et Schyns, et court jusqu’à fin 2019,
Trois axes d’activités
Pour évoluer vers une appropriation d’une culture du numérique et d’une perception utile des ressorts de l’informatique, il faut bien entendu commencer par en convaincre et par “ensemencer” les enseignants.
SiCarré structure ses activités en trois axes:
- évangélisation, lobbying, création la visibilité à l’occasion d’événements ou encore via la diffusion du référentiel de compétences concocté pour définir le cadre de ce que devrait être une “formation de base solide en sciences informatiques” – plus de détails sur la teneur de ce référentiel, ci-dessous
- formation continue des enseignants
- co-création d’une séquence de cours.
Au rayon formation continue, les sessions portent sur une introduction à la programmation ou encore sur la découverte du robot Thymio. Dans l’état actuel des choses, on ne peut pas encore parler de réelle formation, par manque de participants…
“Les enseignants qui se manifestent sont ceux qui sont déjà motivés, ou ceux qui ont de la place dans leurs activités complémentaires”, indique Olivier Goletti. “Ce que l’on constate toutefois, c’est que, dans le cadre de ces activités complémentaires, on se limite encore bien souvent à des formations à la bureautique et non à la compréhension des machines.” Le rôle de SiCarré est donc de dépoussiérer le contenu proposé.
Inclure la culture du numérique dans la culture générale des étudiants, pour leur permettre de comprendre et de mieux appréhender le monde dans lequel ils vivent. Développer la créativité au travers d’un nouveau mode d’expression qu’est le numérique.
Pourquoi ce manque d’attrait, jusqu’ici, pour les sessions proposés par SiCarré? Olivier Goletti pointe plusieurs raisons. A commencer par une visibilité encore très modeste de SiCarré. Mais aussi “par méconnaissance ou par peur. Les professeurs ne savent pas de quoi on parle. Il y a aussi le fait que la formation n’est pas obligatoire dans le curriculum. Et il y a aussi un problème plus structurel de la formation continue. SiCarré intervient le mercredi après-midi, le samedi ou les jours fériés… parce qu’il est difficile de trouver un créneau dans les curriculum.”
Cette année, une première session de cours pour enseignants a été organisée avec plusieurs enseignants du Lycée Martin V d’Ottignies-Louvain-la-Neuve – voir l’article que nous consacrons à leur initiative au sein du Lycée. L’ambition est maintenant de renouveler l’expérience, pendant l’année académique 2018-2019, en élargissant le spectre à une dizaine d’écoles du secondaire inférieur.
Méthode douce
Au programme des sessions qu’organise SiCarré pour les enseignants: découverte de ce qu’est un ordinateur, un algorithme, écriture de programme, travail avec Scratch… D’abord en “débranché” (sans ordinateur), ensuite seulement derrière un clavier ou écran.
L’approche se veut douce, naturelle et ludique. Pour la phase “débranchée”, “on illustre par exemple les limites de l’“intelligence” d’un ordinateur en procédant au décompte de mots dans un texte… en polonais. Cela permet d’illustrer ce que “sait” un ordinateur et quand l’usage requiert du sens.
Olivier Goletti: “Le contenu a été co-construit avec les enseignants, testé en classe. Les enseignants ont travaillé de manière informelle pour préparer et structurer leurs notes de cours. Aucun des enseignants n’avait, au départ, de bases informatiques.”
On poursuit avec de l’écriture d’algorithmes pour résoudre un problème simple – préparer une tartine au beurre et à la confiture – pour faire comprendre que ce qui compte, c’est la manière dont les instructions sont écrites. C’est là par exemple que l’on s’aperçoit que les professeurs de français sont plus sensibles à l’écriture d’instructions précises et non ambiguës!
Dernière étape en débranché: le principe des structures de contrôle, en guidant une personne sur une grille à la découverte d’un trésor.
Suit alors la phase de travail sur ordinateur, pour résoudre un puzzle, via la rédaction d’un jeu d’instructions. Les enseignants se forment et, dans la foulée, se servent de leurs compétences toute fraîches pour donner cours.
Ainsi au Lycée Martin V, dès le deuxième semestre, les enseignants et leurs élèves sont passés à l’utilisation de Scratch, dans le cadre des cours de sciences, pour illustrer par exemple la masse volumique. “Cela implique la maîtrise des principes de boucles et de commandes. Et cela est transposable à tous les domaines qui sont plus ou moins formalisables – qu’il s’agisse des sciences ou de l’apprentissage du néerlandais”, souligne Olivier Goletti
Signalons pour terminer que SiCarré est par ailleurs l’un des cinq partenaires impliqués dans l’initiative Class’Code qui vise à sensibiliser et former les enseignants à la maîtrise de la “pensée informatique” en vue de la transmettre à leurs élèves. Au programme: découverte de la programmation, de la robotique, de la connectique, de la gestion de projet informatique.
Autres partenaires: le Pass, Kodo Wallonie, Technofutur TIC et Technobel.
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Référentiel de compétences
Ce document reprend pour l’instant simplement une liste des objectifs. Il sera à terme étoffé de plus de contextes et d’exemples d’activités.
Le référentiel vise à définir le cadre d’une sorte de “culture générale de l’IT” que chaque citoyen devrait s’approprier. Il est structuré en 5 axes de découverte et d’apprentissage:
- représentation des données
- programmation
- algorithmique
- compréhension du fonctionnement des “machines” (ordinateurs, mobiles, robots…)
- réseaux
Divers documents (compétences visées par les sciences informatiques, méthode pour intégrer les sciences informatiques dans sa pratique d’enseignement etc.) peuvent être téléchargés au départ du site Internet de SiCarré.
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