Regain de vente d’e-books en Belgique (francophone)

Pratique
Par · 04/03/2015

A l’occasion de la Foire du Livre 2015 qui vient de s’achever, l’éditeur belge Primento, spécialisé dans la distribution de livres numériques, sort les résultats d’une nouvelle étude qui semble devoir confirmer le décollage des “e-books” dans notre pays. Certes, le retard sur certains autres pays ne sera pas résorbé de si tôt mais un regain se confirme. En 2014, les éditeurs belges (francophones) qui ont inclus des livres numériques dans leur catalogue ont vu leurs ventes sur le marché national progresser de 194%, selon les chiffres publiés par Primento. A noter ici que l’analyse a bien entendu été faite sur base de la clientèle de Primento mais, souligne Thibault Léonard, son directeur, “Primento étant le premier et principal distributeur numérique en Belgique, ces chiffres sont représentatifs des tendances sur le marché belge.” Du moins côté francophone. “Nous n’avons pas de client flamand, mais le marché flamand répond à des logiques différentes puisque les marchés du livre numérique sont délimités par la langue et pas par les frontières démographiques des pays. Nous n’avons pas suffisamment de connaissances du marché flamand pour en juger la situation.”

La France reste la première “destination”

Revenons aux résultats de l’enquête, côté francophone. Généralement, le marché qui réserve l’accueil le plus favorable aux éditeurs belges est, très logiquement, celui de la France. Et cela reste le cas mais, outre-Quiévrain, la progression des ventes, en 2014, a été quasi moitié moindre qu’en Belgique (+ 103%).

Quid de l’évolution de ventes d’e-books français (d’éditeurs français, donc) en Belgique? “Les tendances qu’on observe pour les éditeurs français distribués en Belgique ne sont pas différentes de celles observées pour les éditeurs belges”, estime Thibault Léonard.

Thibault Léonard (Primento): “Alors qu’il y a un an les éditeurs non-actifs en numérique étaient majoritaires, c’est la situation inverse qui prévaut actuellement.”

Un mouvement de rattrapage semble également être à l’oeuvre du côté des éditeurs. “Ces 12 derniers mois, les éditeurs belges ont rattrapé leur retard sur leurs homologues français”, déclare Thibault Léonard. “Alors qu’il y a un an les éditeurs non-actifs en numérique étaient majoritaires, c’est la situation inverse qui prévaut actuellement.”

Selon lui, “les acteurs qui ont une proposition complète – à savoir, support de lecture et large offre de livres – dominent le marché. Progressivement, cela sous-entend que les ventes sur les supports dédiés à la lecture, que ce soit directement (liseuses) ou indirectement (tablettes, smartphones, etc.) – gagnent en parts de marché.”

Le directeur de Primento attribue partiellement ce phénomène de rattrapage à la politique menée par les pouvoirs publics “qui ont vivement soutenu les éditeurs dans leurs investissements.”

Ce soutien a pris la forme d’incitants définis par la Fédération Wallonie Bruxelles via le Fonds d’Aide à l’Edition (FAE). Il s’agit notamment de subventions octroyées pour supporter l’expertise technique nécessitée par la publication numérique (rétroconversion d’ouvrages papier ou publication numérique native; de subventions pour l’exploitation numérique de contenus éditoriaux; et de Des subventions pour des développements numériques (plate-forme, cross-média…). Pour plus d’informations, consultez le site de la Fédération.

Bataille de plates-formes

Les ventes d’e-books réalisées par Primento semblent en outre changer de plate-forme relais. En 2014, la plate-forme la plus utilisée, en Belgique, fut Amazon (avec plus de 50% du volume vendu, contre 21,7% un an plus tôt). Elle détrône ce faisant l’iBookstore d’Apple qui est passé de 55,6% des ventes en 2013 à moitié moins – en pourcentage – en 2014. Google Play, pour sa part, progresse légèrement: 15,8% en 2013, 18% en 2014.

A noter qu’on ne trouve pas le même genre d’e-books sur ces différentes plates-formes. En quoi les catalogues diffèrent-ils? Et dans quelle mesure le type de contenus, de lectorat mais aussi de terminal utilisé pour la lecture influencent-ils ou expliquent-ils les chiffres annoncés? “Les livres qui cartonnent sur Amazon ne connaissent pas nécessairement beaucoup de succès sur l’Apple Store et sur Google. Globalement, on constate que la littérature de genre et la littérature en général fonctionnent proportionnellement mieux sur Amazon que sur Google et Apple. De même, les livres pratiques ou professionnels sont plus vendus via Google et Apple. Cela peut s’expliquer par le fait que la liseuse est plus associée à la “plaisir” (littérature de manière générale) tandis que les lecteurs ont plus tendance à lire des livres pratiques et professionnels sur leur tablette.”