Fin décembre, Proximus annonçait avoir passé un accord avec la jeune société brabançonne Opinum (voir son portrait en fin d’article) afin d’en faire son partenaire “analyse de consommation énergétique”.
L’accord passé avec Proximus signifie que l’opérateur télécom aura recours à OpiSense, le logiciel d’Opinum, afin d’assurer un suivi plus précis, dynamique et… révélateur des consommations de ses quelque 14.000 compteurs énergétiques installés à la fois dans ses bâtiments (bureaux, boutiques Proximus, locaux gérés par ConnectImmo, la société immobilière qui gère les aspects commerciaux, financiers, légaux et techniques du portefeuille immobilier de l’opérateur) et sur les sites de ses équipements d’infrastructure (centraux, antennes GSM, répartiteurs, etc.). La toute grande majorité des points de relève concerne d’ailleurs des équipements d’infrastructure.
Ça va servir à quoi?
Le logiciel OpiSense s’alimente en données pour analyser les consommations énergétiques (gaz, électricité) mais aussi les consommations d’eau relevées par des compteurs.
La source de ces données est soit une base de données ou un fichier reprenant les consommations facturées, soit – dans un scénario plus actuel – des compteurs connectés, des capteurs et des équipements divers. Le logiciel les agrège et les analyse pour en extraire des tendances, autoriser (dans le cas de capteurs ou “objets” communicants) un suivi quasi-temps réel et générer des conseils de consommation. Relire, à ce sujet, l’article publié à l’occasion de la réorientation stratégique d’Opinum.
Dans le cas de Proximus, l’analyse se fera dans un premier au départ des informations fournies puisées dans les factures ou fichiers de facturation de ses fournisseurs, représentatives de ce qu’affichent les compteurs existants (eau, gaz, électricité).
“Pour Proximus”, explique Loïc Bar, co-directeur général d’Opinum, “le but est pour l’instant de procéder au diagnostic énergétique de l’existant, de la situation actuelle, et de pouvoir déterminer sur quels bâtiments ou équipements faire porter l’effort d’une optimisation énergétique. L’analyse se fera par exemple par comparaison de la consommation au mètre carré. Cela permettra d’identifier les bâtiments prioritaires nécessitant une optimisation.”
La phase actuellement en cours n’est en effet qu’une première étape, à divers points de vue. Tout d’abord, pour ce qui est de l’ampleur et de la précision des mesures. Ainsi pour la Tour Proximus, quartier général de l’opérateur à Bruxelles, il n’existe encore que trois points de mesure (les chiffres globaux de consommation d’eau, de gaz et d’électricité). A terme, on imagine que Proximus équipera ses bureaux de capteurs, afin d’affiner la surveillance de consommation et de pouvoir réellement l’optimiser.
Loïc Bar (Opinum): “Il était très important pour nous de décrocher une convention avec Proximus ne serait-ce que parce que c’est la société belge qui compte le plus de points connectés au réseau de distribution électrique.”
Si l’on comprend l’intérêt potentiel, en termes économiques, qu’il y a pour Proximus à “cartographier” les consommations de ses immeubles et bureaux, qu’en est-il de ses équipements d’infrastructure, du genre répartiteurs, centraux téléphoniques, antennes GSM?
“Le premier but, pour Proximus, est de pouvoir objectiver les consommations de ces équipements et de les comparer aux factures qu’il reçoit”, explique Loïc Bar. “Nous allons par ailleurs développer OpiSense afin d’en faire une sorte d’assistant virtuel apte à détecter des anomalies dans les consommations et le montant des factures.”
A terme, on peut imaginer que Proximus poussera l’analyse plus loin. “Il s’agirait alors d’effectuer une surveillance de l’infrastructure en tant que telle, afin de détecter des problèmes et anomalies au niveau de la fréquence ou de la tension d’un équipement pouvant potentiellement indiquer une panne future. Tout dérèglement est par ailleurs source d’augmentation sensible de la consommation. Il ne faut par exemple pas perdre de vue qu’une antenne GSM est un gros consommateur d’énergie, pratiquement autant qu’un petit commerce…”
En la matière, il reste pas mal de travail, à commencer par la connexion des compteurs, voire le déploiement de capteurs. Là encore, toute décision ne sera prise qu’après évaluation de la situation actuelle. “Nous ne savons pas encore, dans l’état actuel des choses, les sites où nous connecterons les compteurs ou d’autres dispositifs de mesure”, indique Frédéric Lhostte, directeur Advanced Telecom Services chez Proximus, responsable à ce titre des activités IoT et big data de l’opérateur.
Phase 2 dès avril ?
Nous le signalions plus haut, pour la surveillance et l’analyse de consommations de ces équipements et sites d’infrastructure, Opinum va devoir personnaliser quelque peu sa solution OpiSense. La solution qui en émergera prendra sans doute une dimension Internet des Objets que les deux sociétés exploiteront conjointement dans le cadre d’une nouvelle offre commerciale.
Dans un premier temps – que Frédéric Lhostte situe potentiellement en mars ou avril -, Proximus “revendra” la solution OpiSense (en fera en tout cas la promotion) auprès de ses clients professionnels. Le but sera, sur base des chiffres facturés que leur fournit Engie ou leur fournisseur énergétique, de leur permettre d’analyser leur consommation énergétique et de détecter potentiellement un besoin et des possibilités d’optimisation.
Dans un deuxième temps, Proximus passera la vitesse supérieure et pourrait proposer des solutions “packagées”: logiciel d’analyse, connectique (solution LoRa, par exemple), capteurs (ces derniers étant vendus et installés par ses propres équipes ou par des partenaires spécialisés en IoT énergétique – “nous n’avons pas pour ambition de tout vouloir faire nous-même”).
Clientèle démarchée: les clients professionnels: entreprises, gestionnaires de patrimoine… “En priorité, ceux qui doivent gérer plusieurs bâtiments.” Proximus s’adressera-t-il aussi au secteur public? “Nous n’avons pas encore pousser la segmentation de notre stratégie commerciale aussi loin”, déclare Frédéric Lhostte mais l’hypothèse d’un démarchage de clients publics n’est nullement niée…
Qui est Opinum?
Opinum voyait le jour en 2014 à la suite d’une fusion intervenue entre The Smart Company, start-up fondée par Loïc Bar et positionnée à l’origine sur le terrain de la gestion et de l’optimisation de la consommation énergétique photovoltaïque, et Decision Experts, société spécialisée dans l’analytique marketing, dans une orientation qui jusque là avait davantage visé le secteur pharmaceutique.
Suite à cette opération de fusion-acquisition, la décision avait été prise de recentrer les activités vers la surveillance et l’optimisation des consommations de toute nature (électricité, gaz, mazout, eau) pour les parcs immobiliers du secteur tertiaire.
Opinum emploie actuellement 16 personnes (deux recrutements sont en cours). La société a effectué une nouvelle levée de fonds en octobre (un million d’euros) et prépare une entrée à l’international qui passera d’abord par la France, les Pays-Bas et le Royaume-Uni mais avec aussi des perspectives de contrats dans des territoires nettement plus lointains (Afrique du Sud, Hong Kong) où la start-up peut compter sur des prescripteurs/ambassadeurs tels que Microsoft. [ Retour au texte ]
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