Le projet déposé par le collectif Jules Lesmart, basé pour une bonne partie sur l’expertise et les outils de la société D2D3, spécialisée en solutions cartographiques, visait à développer une solution (web ou appli) permettant à une commune mais potentiellement aussi à un autre niveau de pouvoir (province, région…) de faire se matérialiser sur une carte l’ensemble des projets de rénovation de bâtiments, effectués, en cours ou planifiés, par des particuliers, des entreprises, voire les pouvoirs publics eux-mêmes. Objectif: mesurer et documenter l’impact environnemental, les progrès accomplis, voire les étapes franchies dans le cadre d’une stratégie 2030 ou Fit for 55…
Par application de filtres et de couches successives de données, il deviendrait ainsi possible de visualiser le type de projets en cours, le type d’acteurs qui en est à l’origine, de technologies ou matériaux utilisés, la nature du financement, etc. etc.
L’intention est triple: procurer à la commune un outil de gestion et d’évaluation de sa propre stratégie, permettre aux citoyens ou aux entreprises de mieux comprendre à la fois les enjeux locaux et la manière dont ils peuvent y contribuer, et procurer aux instances régionales un tableau de bord pouvant les aider dans leurs propres décisions et initiatives, en décidant de priorités par exemple.
Voilà pour le “pitch” de départ. Qu’en est-il ressorti?
En s’appuyant sur des jeux de données disponibles via le Geoportail de Wallonie ou provenant de RenoWatt, l’équipe de Jules Lesmart/D2D3 a produit un site Internet où l’on peut trouver différents types d’informations, visant plusieurs finalités et plusieurs publics.
Premier niveau d’information, on y trouvera (c’est du moins l’objectif final – moyennant levée d’obstacles actuels – voir plus loin) des fiches signalétiques correspondant aux habitations, aux chiffres de consommation énergétique concernant le territoire d’une commune (non seulement l’habitat mais aussi des données d’empreinte énergétique liées à la mobilité par exemple. Parmi les chiffres qui seront agrégés, ceux concernant des projets de rénovation – installation de chaudières à biomasse, de doubles châssis, isolation de la toiture…
Deuxième type et niveau d’information: “une cartographique dynamique”, explique Olivier Lefèvre, coordinateur du collectif Jules Lesmart, “représentant graphiquement les projets ou des actions d’optimisation, avec fiche descriptive, avec codage couleurs pour visualiser les types de financement (subside…) et de programme d’aide qui sous-tendent potentiellement les différents projets. On pourra également identifier ou rechercher des prestataires (certificateurs PEB, responsables énergie des communes, guichets énergie…).”
“Le but est de servir de source d’inspiration pour l’aménagement du territoire ou pour encourager particuliers et entreprises à se lancer dans des projets.”
Sur base des informations reprises sur le site, notamment celles fournies par RenoWatt, “il deviendra possible de pointer des ressources et projets potentiels, hydroélectriques ou autres, l’opportunité d’installer une centrale… Le but est de servir de source d’inspiration pour l’aménagement du territoire ou pour encourager particuliers et entreprises à se lancer dans des projets.
Troisième niveau – et destinataire – de l’information du site Go for 2030: le citoyen. Mais là, il faudra susciter sa participation et sa co-construction des informations signalées sur le site. A eux, de charger des informations sur les travaux qu’ils entreprennent ou envisager d’entamer.
La collecte de ce genre d’informations pourrait se faire par voie de formulaire en-ligne.
Exemple de tableau comparatif que l’on peut trouver dans un PAEDC.
La commune, raisonne Olivier Lefèvre, a une certaine visibilité sur les mesures qu’elle prend ou compte prendre pour l’optimisation énergétique des bâtiments et infrastructures qui relèvent de sa compétence. Par contre, d’autres éléments, implantés sur son territoire, relèvent potentiellement d’autres niveaux de pouvoir. Et le gros de l’empreinte environnementale est le fait du citoyen. “Or, actuellement, il manque encore cette vision sur les intentions des citoyens.” Quels travaux projettent-ils de faire? Comment évaluer leur impact sur l’empreinte énergétique globale d’un territoire donné?
Les communes sont désormais tenues de mettre en oeuvre un PAEDC communal (Plan d’Action en faveur de l’Energie Durable et du Climat). Un document qui vise à “définir une vision à long terme du territoire ainsi que des objectifs d’efficacité énergétique et de production renouvelable spécifiques à chaque secteur”. Des synthèses et rapports réguliers doivent servir à mesurer les progrès réalisés.
Sans une vision précise de ce que les actions individuelles des habitants et résidents pourront produire en termes de réduction d’empreinte climatique ou environnementale, il n’est pas possible à une commune d’évaluer et de rendre compte des progrès réalisés sur son territoire.
L’idée (l’espoir) des initiateurs du projet Go for 2030 est donc de faire entrer le citoyen dans la boucle. De lui faire comprendre qu’en agissant de son côté et en fournissant ses données, il contribue à l’effort global. “Ces informations participativ es alimenteront le rapport de suivi que la commune est tenue de produire tous les deux ans.”
Il pourrait aussi y avoir un effet d’entraînement, inspirant d’autres particuliers ou d’autres sociétés à les imiter.
Des obstacles encore nombreux
L’une des difficultés est la visibilité sur les différents types d’aide potentielles associées à des travaux de rénovation, d’optimisation énergétique… Autre difficulté – bien connue: la nécessité de disposer de jeux d’open data en format exploitable. Une fois encore, à l’occasion de ce projet GeoChallenge, force a été de constater que les fichiers de données manquent encore. Qu’ils existent – parfois – sous forme exploitable dans certaines communes. Mais que les formats et les structures de fichiers (Excel, par exemple) varient. “Nombre de PAEDC existent sous forme de PDF”… autrement dit inexploitables comme tels…
Qu’il n’y a pas encore de centralisation, ou d’agrégation des fichiers locaux disponibles sur une même plate-forme. Que les cadastres de bâtiments publics ou de scores énergétiques font encore défaut.
Pour les besoins du projet-pilote Go for 2030, l’équipe a utilisé les données de la commune de Wasseige. Pour étendre la perspective, il faudrait encore aller sonner à la porte (figurativement parlant) de chaque commune…
Le collectif Jules Lesmart, qui espère bien poursuivre le développement du projet, en comptant sur l’implication de la Région, dit vouloir se mettre en quête de partenaires pouvant l’aider à collecter les informations et les jeux de données nécessaires.
“La structure de base de la plate-forme a été développée. Elle pourrait être utilisée par toute commune ou par une instance provinciale, voire régionale – avec insertion de filtres pour pouvoir redescendre vers le niveau communal”, déclare Olivier Lefèvre.
“L’idéal serait qu’elle s’insère au niveau le plus élevé possible et alimente la base de données open data de la Région. Il faudrait faire en sorte qu’elle soit alimentée structurellement.”
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