“Démocratie participative”, retour à une implication plus quotidienne du citoyen lambda dans la vie de sa commune, pour lui demander son avis, son approbation ou son refus de tel ou tel projet, pour l’inviter à signaler l’un ou l’autre problème…
Voter tous les quatre ou cinq ans est bien entendu trop peu. Organiser régulièrement des journées de “votation” à la suisse serait perçu comme une contrainte, un matraquage, une aberration peut-être. Alors on se tourne vers les outils numériques pour des consultations et une implication plus régulières, plus systématiques (mais sur base volontaire) et instantanées.
Oui mais lesquels?
Lors de ses différentes enquêtes, sondages et sessions d’information ou de formation, ou au détour de conversations individuelles, le Smart City Institute a fait un constat général: les responsables communaux ou municipaux ne savent pas exactement à quel Saint Outil Numérique se vouer et ne connaissent d’ailleurs pas souvent les moyens qui sont ainsi à leur portée.
D’où l’idée de concocter un petit guide pratique, intitulé “Comment rendre le citoyen acteur de son territoire”, qui sera distribué (et téléchargeable) à partir de ce 25 septembre 2018, à l’occasion du salon Smart City Wallonia.
Participation aux multiples visages
“Il y a un clair besoin des communes en matière de participation citoyenne”, constate Carina Basile, directrice opérationnelle du Smart City Institute. “Les communes souhaitent replacer le citoyen au centre. Un fossé existe avec le citoyen et elles ne savent pas trop comment le combler…”
Cette participation peut prendre diverses formes et viser diverses finalités. Depuis l’éveil de l’intérêt, la recherche de cohésion sociale, la quête d’un “esprit” ou d’une “culture” davantage commune, l’implication de chacun(e) dans la préservation de l’environnement urbain, la conscientisation active face aux enjeux jusqu’à la contribution directe à la prise de décision, aux choix municipaux…
“Ce guide n’est en rien une panacée. Le but est de fournir aux communes un outil qui permet de comprendre ce qu’on entend par “participation citoyenne”, comment elle peut s’envisager, quels sont les outils à éventuellement mettre en oeuvre.”
Que trouvera-t-on dans ce guide? Des (bonnes) pratiques participatives, des explications sur le cadre légal d’utilisation des différents outils énumérés et illustrés, des exemples concrets d’implémentation de ces outils et pratiques participatives, leurs avantages, les freins qui entravent leur utilisation ou déploiement, quelques éléments à envisager pour la mise en oeuvre…
Les exemples concrets d’implémentation ont sciemment été choisis à l’étranger, pour ne pas tomber dans l’écueil d’un inventaire belge ou wallon qui serait incomplet ou qui aiguillonnerait certaines sensibilités.
Les villes et communes étrangères prises en exemple sont, pour une bonne part, de grandes villes mais “les outils restent réplicables, utilisables” à la dimension de villes et communes plus modestes ou rurales, souligne Carina Basile.
Huit outils
Sans vouloir être exhaustif, le Smart City Institute a choisi, pour les besoins de son nouveau guide, de passer en revue huit outils numériques qui favorisent et rendent possible la participation citoyenne. A savoir:
Un exemple d’analyse des avantages et inconvénients de tel ou tel outil?
Le Smart City Institute explique les différences qui existent entre plates-formes d’information, de consultation, et de participation et co-création (projets citoyen). Avec leurs avantages, obstacles, limites…
Une plate-forme de consultation a notamment pour avantage de “permettre d’exposer l’engagement de la ville, de communiquer à propos des projets, d’associer le citoyen au projet.”
Mais il y a aussi des limites. Ainsi ce qui peut être perçu – et exploité – comme un avantage pour la ville sera peut-être aussi un inconvénient, côté citoyen. Ainsi l’absence d’obligation pour la ville de s’engager par rapport aux résultats obtenus…
Inconvénient ou risque: la frustration du citoyen si le projet n’est pas suivi…
“Le but de notre guide est de donner aux villes et communes un outil de compréhension.”
– open data
– plates-formes en-ligne de participation citoyenne (pour information, consultation et/ou co-création)
– crowdsourcing
– living labs
– gamification et jeux sérieux
– hackathons
– crowdfunding (financement de projets par des “budgets citoyen”)
– budget participatif (pourcentage du budget communal alloué à des projets portés et gérés par un groupement de citoyens).
Pourquoi avoir sélectionné ces 8 instruments? “Il s’agit des pratiques les plus courantes que nous avons identifiées dans nos observations, en ce compris à l’étranger. Celles aussi qui nous parlaient le plus, même s’il y en a d’autres…”
Pour chaque outil, un ou plusieurs projets de ville étrangère sont pris en exemple, détaillés et commentés. En matière d’open data, l’exemple pris est celui de la ville d’Issy-les-Moulineaux, près de Paris (moins de 70.000 habitants) mais aussi celui de Rennes (200.000 habitants), “de la taille de Liège ou de Charleroi à peu de choses près.”
Pour les plates-formes de consultation ou de participation (co-création), les exemples cités ont été puisés au Canada (New Westminster), au Royaume-Uni (Glasgow, Ryde, Milton Keynes) ou encore au Portugal (Cascais).
Carina Basile (Smart City Institute): “Donner aux communes quelques exemples et recommandations, souligner les choses auxquelles elles doivent être attentives si elles veulent déployer tel ou tel outil, les freins, les avantages, nos recommandations toute personnelles…”
On trouve aussi des exemples de villes nettement plus importantes: Washington pour les hackathons, Paris et Boston pour le crowdsourcing, Milan et Rotterdam pour le crowdfunding, Londres et Stockholm pour la gamification, Mexico pour les living labs (mais aussi la ville beaucoup plus modeste d’Agueda – 50.000 habitants – au Portugal)….
Pour chaque “outil”, les auteurs y donnent également quelques recommandations de mise en oeuvre ou de conduite des projets, des étapes-clé – “mais une fois encore, ce n’est qu’une vision de la manière dont on peut implémenter ce genre de chose…”, souligne Carina Basile. Pas forcément la vérité ultime mais une aide, une guidance.
“Nous listons et expliquons, à chaque fois, dix étapes-clé. Le processus de déploiement n’est pas forcément linéaire, il peut être itératif mais c’est utile d’avoir ces étapes-clé bien présentes à l’esprit et essayer de ne pas oublier l’objectif final.”
A l’heure où le “monde moderne” et ses contraintes, où l’effervescence du quotidien, ont éloigné le citoyen de son entourage et de son environnement de vie, le concept de “participation citoyenne” est censé être rendu possible par le recours à des outils numériques. Après tout, on “aime” bien un(e) total(e) inconnu(e) qui a posté un truc chouette sur tel ou tel réseau social. Alors pourquoi ne pourrait-on pas se prononcer sur un projet ou un édile local?
L’appétit vient en participant
Une question qu’on peut se poser, c’est la raison du choix de tel ou tel outil de (promotion de la) participation citoyenne plutôt qu’un autre, les raisons qui poussent une entité à commencer plutôt par l’un d’entre eux et si, au fil du temps, les villes et communes amplifient, diversifient leurs usages.
“En analysant les bonnes pratiques, on constate que lorsqu’une ville s’initie et se lance dans une démarche participative, dans un projet de participation citoyenne, en général, l’ouverture se fait vers d’autres pratiques. Faire appel à l’intelligence collective débouche sur d’autres choses. C’est une suite logique… Elles découvrent qu’il y a d’autres façons de travailler, qu’il y a des personnes qui sont riches [en apport] à l’extérieur et elles ont dès lors envie de les impliquer.”
Autre constat glané au fil des analyses et sondages: l’évaluation des projets déployés est encore souvent aux abonnées absentes. Or, vérifier quel a été l’impact, le taux d’adhésion, le taux de réussite d’un projet participatif semble être une démarche logique et nécessaire, notamment pour ne pas frustrer le citoyen ou le décourager de prolonger son implication. “On ne rencontre toutefois pas encore beaucoup de villes ou communes qui ont mis en oeuvre une méthode d’évaluation”, regrette Carina Basile.
“La ville canadienne de Gatineau [quatrième ville en importance de la province de Québec], toutefois, a pris conscience de cette nécessité de mieux évaluer les pratiques de participation. Et la décision qui a été prise fut d’organiser des formations continues pour les employés de la Ville pour qu’ils comprennent et maîtrisent mieux le processus de consultation citoyenne et qu’ils puissent davantage encourager les citoyens à s’engager…”
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