Paiements électroniques dans les commerces belges: certains font (encore) de la résistance

Pratique
Par · 01/04/2022

À partir du 1er juillet, tous les commerçants doivent proposer une forme de paiement électronique.

La société yproise CCV, fournisseur de services de paiement électronique, a commandité une enquête, réalisée par Ipsos et Profacts auprès des commerçants et de consommateurs belges afin de déterminer dans quelle mesure ils se sont déjà préparés à la mise en oeuvre de cette obligation. Voir détails sur la méthodologie en fin d’article.

Au moment où l’enquête a été réalisée (en début d’année), quelque 21% des commerçants interrogés n’avaient encore implémenté et n’offrait donc à leur clientèle aucun système de paiement électronique, que ce soit par carte ou via appli. Avec toutefois des différentes assez sensibles selon les différentes régions de Belgique. Ainsi la Wallonie, dans son ensemble, semble être en retard par rapport au taux d’adoption en Flandre (26% de commerçants n’avaient pas encore embrayé sur cette obligation pourtant légale, contre 18% en Flandre). 

Si l’on jette un coup d’oeil au niveau sous-régional, c’est en province de Liège que les réticences sont encore les plus marquées, avec 33% de commerçants n’ayant pas encore mis en oeuvre de solution de paiement électronique. Côté flamand, le moins bon élève est la province de Limbourg, où 24% des commerçants n’acceptent encore que des paiements en espèces. Le “meilleur de classe” est la Flandre orientale (seulement 18% de réfractaires).

Par catégorie d’acteurs, sans surprise, ce sont “les entreprises individuelles (29 %) qui sont les moins susceptibles d’offrir le paiement électronique”. Mais les petits commerces de détail ne font guère mieux, en ce compris de ceux qui ont lancé leurs activités depuis moins de deux ans, puisque le pourcentage dans cette catégorie ne dépasse pas 36%. 

Pour ceux qui proposent déjà du paiement électronique, la majorité passe assez naturellement via le terminal de paiement avec carte: 91% acceptent les cartes de débit, 81% déclarent également accepter les cartes de crédit bancaires. A noter toutefois que les paiements par le biais d’applis sur smartphone sont déjà plutôt populaire: 42% de l’ensemble des commerçants interrogés supportent ce genre de paiement. Et 31% des commerçants qui s’ouvrent au paiement électronique disent qu’ils privilégieraient ce mode de paiement par rapport à l’offre d’un paiement par carte.

Les raisons

Pourquoi ce “retard à l’allumage” pour l’acceptation de modes de paiement électronique? La raison la plus souvent évoquée (27% des réponses) est l’absence de demande expresse de la part des clients. Ce qui n’est d’ailleurs pas totalement confirmé par les auteurs de l’étude qui ont également sondé les consommateurs. Deux sur trois estiment que l’absence de possibilité de paiement électronique est perçu comme un désavantage…

 

 

 

 

Sylvie Vanthomme (CCV): “Jusqu’à 50 % des consommateurs qui n’ont pas d’argent en poche se rendent immédiatement dans un autre magasin lorsqu’ils constatent qu’ils ne peuvent pas payer par voie électronique. Seuls 39% reviennent plus tard après avoir retiré de l’argent.”

 

 

 

 

 

Après cette prétendue absence de demande suit de près l’argument du coût de la solution (coût d’achat des terminaux et location du service). Mais souvent, révèle l’enquête, ce n’est là qu’un ressenti: les commerçants n’ont pas d’idée précise du coût réel. “61% déclarent ne pas savoir combien coûte un terminal de paiement. 64% des répondants disent n’en avoir aucune idée ou estiment que les frais mensuels sont en moyenne de 144 euros. Ce qui est une grave surestimation du coût mensuel réel. Pour le segment des PME, CCV prévoit par exemple un coût mensuel moyen de 42 euros, soit l’équivalent d’environ 400 transactions de débit.”

Et 13% des commerçants interrogés évoquent leur souhait de “garder certaines sources de revenus hors livres.”

Et, sans doute une autre raison de l’absence de support de paiements électroniques, le fait qu’une minorité non négligeable des commerçants belges ne savent pas encore que l’obligation légale est à notre porte: “28 % des commerçants qui n’acceptent pas encore les paiements électroniques ne sont pas encore au courant”.

L’obligation demeure souvent l’ultime “déclencheur”…

Méthodologie de l’enquête

Nombre de commerçants et sociétés interrogés: 600
Répartition: sociétés unipersonnelles: 25% ; TPE (2 à ç Personnes): 37% ; PME (10-49 personnes): 22% : plus de 50 personnes: 17%
Répartition par secteur:
– commerce de détail: 52%
– services: 32%
– loisirs et récréatif: 10%
– alimentation: 9%.
Répartition par région: Flandre: 52% ; Bruxelles: 10% ; Wallonie: 31%.