En 2016, Ipsos Healthcare a réalisé une étude auprès de quelque 18.000 adultes dans 23 pays au sujet de l’utilisation qu’ils font des dispositifs (grand public) de santé connectée (capteurs de paramètres médicaux, montres ou bracelets connectés…) et de leurs attentes pour l’avenir.
Premier constat: parmi les pays où le taux d’adoption de ces objets connectés santé/fitness est le plus élevé, on trouve la Chine, l’Inde, la Corée, le Brésil, les Etats-Unis ou encore la Suède.
La moyenne mondiale [pour ces 23 pays] est de 12% d’adoption, un chiffre encore modeste. La Belgique se situe très exactement dans cette moyenne puisqu’elle affiche, elle aussi, 12% au compteur. Loin devant la France, soit dit en passant, où le taux d’adoption ne serait encore que de 7%.
Preuve que l’engouement pour ces dispositifs connectés ne va pas sans déception, l’étude d’Ipsos a également constaté que le taux d’abandon rapide de ces objets était particulièrement élevé dans les pays où l’on dénombre justement le plus d’adoptants précoces. Les “abandonnistes” sont 17% en Inde et 18% au Brésil! “Souvent”, explique Yves Morvan, directeur de clientèle chez Ipsos Healthcare, “le rejet se fait pour cause de déception. Par exemple face à des dispositifs que se révèlent non fiables, comme le bracelet Jawbone.”
L’étude s’est par ailleurs penchée sur les attentes des consommateurs par rapport aux fonctionnalités de ces dispositifs connectés. Deux critères se détachent du lot. Sans grande surprise. A savoir: une précision dans les mesures et la facilité d’utilisation.
Ils dépassent de très loin le souhait de pouvoir partager les informations avec les professionnels de la santé, qui ne recueille, en moyenne, que 40 à 45% des suffrages. C’est en tout cas nettement plus que le partage avec avec des aidants, les membres de la famille ou des amis, un potentiel qui arrive en fin de classement. Mais cela n’en reste pas moins une indicateur précieuse et somme toute étonnante pour les fabricants de ces engins ainsi que pour le monde médical. Tout comme d’ailleurs le succès assez mitigé des fonctions d’envoi d’alertes, de notifications et de “pense-bête”.
Il semble donc que les dispositifs de santé connectée ne soient pas encore réellement entrés dans les habitudes et/ou doivent encore faire des progrès en termes d’utilité et de pertinence.
Encore loin de la maturité
Le problème vient sans doute en bonne partie du positionnement qu’en font les concepteurs. Dans de nombreux cas, ce sont des dispositifs “fun” ou orientés “fitness”. Et même lorsque la finalité première est sensée être la santé, ils ne sont pas forcément utilisés dans cette optique. Question de maturité encore faible – tant du côté des fabricants que des utilisateurs.
Les personnes interrogées par Ipsos (pour rappel, 18.000 adultes dans 23 pays), 70% utilisent ce genre de dispositifs avant tout pour… surveiller ou augmenter leur niveau d’exercice, 36% pour perdre du poids, 35% afin d’obtenir (à titre et à finalité strictement personnels) des données sur leur santé.
L’utilité, en termes de gestion de santé, de ces dispositifs n’est toutefois pas totalement nulle. Ils semblent en effet avoir des effets indirects qui peuvent contribuer à une gestion plus efficace de sa santé. Environ 70% de ces “individus connectés” procèdent en effet à des recherches d’informations sur la Toile. Au risque d’y trouver tout et son contraire. Et ils ont aussi l’esprit nettement plus contestataire puisque, sur base des infos (collectées au quotidien et/ou recherchées sur Internet), 65% d’entre eux ont tendance à remettre en question l’ais du médecin. Pas sûr que les professionnels de la santé apprécient mais, sans doute, devront-ils s’y habituer, surtout à une époque où, pour diverses raisons (parfois purement économiques), on pousse le patient à devenir acteur de sa prise en charge santé.
Techno freak mais pas health freak…
L’étude d’Ipsos révèle par ailleurs des perceptions et attentes très diverses selon le profil de l’utilisateur. Ainsi le “gadget freak” n’est pas le plus fan de ces dispositifs et ne semble as donner plus d’importance à une fonctionnalité ou à une autre. Qu’il s’agisse de précision des mesures, de possibilité de partager les relevés, de combiner plusieurs fonctions ou de pouvoir connecter le dispositif à plusieurs supports pour consultation (smartphone, portail en-ligne…), il est partant mais pas hyper-demandeur.
Par contre, une personne plus âgée, même peu fan de technologie, marque clairement des préférences pour la facilité d’utilisation, la précision des mesures et, dans une moindre mesure, la possibilité de suivre les informations santé selon une ligne de temps.
De manière étonnante, il en attend nettement moins une possibilité de partager les données avec des professionnels de la santé. En la matière, il se fait dépasser par l’utilisateur lambda, qu’il soit “techno tourist” ou “passive enthousiast”.
Autre éclairage intéressant dégagé lors de l’enquête d’Ipsos: la façon dont les médecins considèrent ces dispositifs: 60% d’entre eux se disent “inquiets de la manière dont les données sont traitées et sécurisées.” Ce qui ne veut pas dire qu’ils soient opposés au concept de collecte par le patient. En tout cas, 30% considèrent que les données générées par les patients peuvent constituer une source admissible pour remplacer des processus plus formels de relève de paramètres médicaux…
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