Les plates-formes de participation citoyenne risquent-elles de devenir des leviers d’appropriation politique partisane? La chose est évidemment toujours possible. Nous n’en ferons pas ici le procès, la chose dépendant de la manière dont les solutions sont mises en oeuvre.
Nous abordons toutefois, rapidement et partiellement, la question parce que l’argument a surgi au gré d’entretiens avec différents interlocuteurs lors de notre petit tour de table.
L’approche choisie, en termes de structure et de “périmètre” pour leurs plates-formes respectives, par Fluicity et CitizenLab apparaît, aux yeux de certains, comme le reflet d’une perception un rien différente de la manière dont leur solution est utilisable par les communes pour favoriser la participation citoyenne.
Pas d’appropriation politique partisane
Parmi les raisons ont poussé BDO, le bureau d’études BDO qui a imaginé la campagne “Devenez acteur de votre ville” à La Louvière à retenir Fluicity, il y a cette perception que cette solution donne moins lieu à une “appropriation politique partisane”.
“D’un point de vue technicité, il n’y a pas de différences particulières entre Fluicity et CitizenLab”, explique Thomas Gayzal, manager secteur public chez BDO.
“Ce qui nous a plu chez le premier, c’est ce côté tiers de confiance. Nous voulions éviter qu’un mandataire ou une ville ne s’approprie la plate-forme. Que l’on ait l’impression qu’il s’agisse de l’outil d’une majorité ou d’un élu. Lorsque l’on arrive sur Fluicity, on n’arrive pas sur le site de la ville de La Louvière. On s’est rendu compte que pas mal d’initiatives politiques qui prenaient un peu cette couleur de participation citoyenne n’étaient en fait que des démarches purement partisanes. On a voulu éviter ce genre de critique.”
Eviter le temps mort de la participation
Nicolas de Briey, co-fondateur de Fluicity: “On investit énormément en R&D, avec une équipe d’une dizaine de personnes. Nous sommes pour l’instant la seule plate-forme à proposer une application téléchargeable en plus d’un site Web. Cela permet d’avoir de meilleurs résultats en termes de rétention et d’engagement citoyen.
Par ailleurs, nous ne proposons pas un site dédié mais un espace où tous les projets coexistent. Ils sont accessibles à toute personne enregistrée. Notre stratégie est de mutualiser la participation pour éviter les temps morts. Un utilisateur peut avoir plusieurs niveaux de participation. Par exemple, l’un d’eux habite à Wavre et suit le projet en cours mené par sa ville. Il est également enregistré dans l’initiative Enragez-vous du Centre Culturel du Brabant wallon et par la Région wallonne pour le plan environnement santé.
Tout cela sur le même outil. Cela permet au citoyen de ne pas se perdre en devant taper une adresse pour chaque initiative qui l’intéresse ou pour laquelle on le sollicite. D’autant que cela ne va aller qu’en s’accentuant. On va d’ailleurs sortir très prochainement une fonction de navigation cartographique permettant de passer très facilement d’un espace à l’autre.”
Chez CitizenLab, on réfute l’argument de Fluicity: “Contrairement à ce qu’ils proposent, nous resterons sur l’option d’une application par commune. On ne voit pas bien l’avantage pour le citoyen d’être ou de pouvoir être impliqué dans tous les projets que nous développons pour nos clients.
Pour nous, chaque commanditaire, chaque commune doit avoir un espace propre qui ne soit pas du CitizenLab branding. Cela reste bien la plate-forme d’une commune. C’est elle qui est à la manœuvre. Nous n’intervenons qu’en soutien…”
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