La navette autonome Navya, utilisée dans le test-pilote de Han-sur-Lesse. Source: VIAS.
Un projet de navette autonome pour desservir le parc scientifique et le parc d’entreprises situés le long de la Nationale 4. Voilà la teneur du projet, baptisé ShutLLN, qu’a présenté, avec succès, la commune d’Ottignies-Louvain-la-Neuve dans le cadre de l’appel à projets Smart Territoire de la Région wallonne.
Ces derniers temps, les navettes autonomes suscitent un réel engouement. Plusieurs projets-pilote sont à l’étude, notamment à Bruxelles sous l’égide de la STIB. En Wallonie, les TEC avaient déjà participé, l’année dernière, à deux petits projets – à Han-sur-Lesse et à Waterloo – qui avaient toutefois un cadre à la fois restreint et spécifique. A savoir, le transport de touristes sur une distance assez courte (quelques petites centaines de mètres), sur un parcours court et ne présentant pas de difficultés particulières (entre le site touristique et un parking P+R).
Effectués en collaboration avec l’Institut VIAS (ex-IBSR), leur but était essentiellement “d’étudier la manière dont la législation doit évoluer et d’évaluer les risques humains, les mesures d’accompagnement à mettre en oeuvre”, souligne Simon Collet, directeur opérationnel Exploitation des TEC pour la Province de Namur.
Usage professionnel
La commune d’Ottignies-Louvain-la-Neuve, pour sa part, voudrait étudier concrètement les implications (avantages et obstacles) d’un service de transport autonomisé dans un périmètre plus large, impliquant des situations plus complexes (carrefours, différents types de voiries, coexistence avec le trafic habituel…) et visant des publics plus disparates.
Source: commune d’Ottignies-Louvain-la-Neuve
“Nous avons imaginé quatre ou cinq parcours potentiels, présentant des degrés de difficultés différents, et avec un nombre variable d’arrêts potentiels”, indique Benoît Van Calbergh, responsable du service cartographie-mobilité de la commune d’Ottignies-Louvain-la-Neuve.
Exemples de parcours possibles? Un transport autonome entre la gare et le centre CBTC (China Belgian Technology Center), trajet qui présente le plus de difficultés compte tenu des croisements et de l’importance des axes concernés (boulevard Baudouin 1er, Nationale 4). Un autre parcours suivrait un trajet plus sécurisé à destination du site d’AGC (entre la Nationale 4 et la E411). Autre destination possible, le centre sportif du Blocry…
Un projet qui a aussi une dimension économico-stratégique: “Le projet ShutLLN s’inscrit dans une perspective d’acquisition de maîtrise et de compétence, dans un bassin économique de plus en plus orienté vers une économie de la connaissance.”
“Le choix dépendra de l’analyse en cours. Le constat qui sera éventuellement posé lors de la phase-pilote pourrait être que la technologie n’est pas prête pour tel ou tel type de parcours et de circonstances…”
A cet égard, la phase-pilote devra également déterminer dans quelle mesure où il est possible de flexibiliser le parcours de la navette. Autrement dit, d’en modifier le trajet en fonction de la demande – par exemple en recalculant, algorithmes à l’appui, le parcours pour grouper des passagers.
Les composantes du projet
Autre particularité du projet: la navette autonome opèrera en parallèle avec un service de transport à la demande (des mini-bus des TEC), desservant une plus grande variété de destinations et de points d’activités et pouvant être plus flexibles par rapport à des demandes spécifiques. Avec nécessité pour le système de supervision qui sera déployé de gérer et de coordonner les déplacements des deux modes de transport. Le “bus à la demande” devrait par exemple suppléer la navette en cas de panne ou de problème…
Sur quels jeux de données le projet pourra-t-il se baser? La commune met sur la table deux jeux de géodonnées. D’une part, la cartographie de l’ensemble du réseau des axes de voirie, “topologiquement validé, dissociant les niveaux de circulation aérien, souterrain, piétonnier…”. De l’autre, les résultats d’un exercice de modélisation 3D des abords immédiats des voiries. Exercice réalisé spécifiquement par le département Cartographie pour les besoins du projet ShutLLN et qui documente par exemple la présence d’arbres, d’obstacles, les spécificités de terrain… “Ces jeux de données pourront être croisés avec d’autres jeux, pouvant par exemple être fournis par la Région, notamment le département Planification de la mobilité de la DGO2 qui est partenaire au projet.”
La nature de ces autres jeux de données, intéressants ou nécessaires pour la mise en oeuvre du projet ShutLLN, devra être déterminée par le consultant externe auquel la commune compte faire appel (voir ci-dessous).
Les partenaires
Les TEC figurent parmi les partenaires du projet. Ils interviennent en tant qu’expert et conseiller en mobilité et prennent à leur compte environ un tiers du budget total (en ce compris sous forme de mise à disposition de mini-bus et de chauffeurs).
“Depuis environ deux ans, nous nous intéressons aux technologies des engins autonomes et d’aide à la conduite”, explique Simon Collet. “Le stade actuel est encore celui de l’expérimentation. Le but est de déterminer le type d’environnement dans lequel ce genre de transport pourrait opérer, quelles adaptations de la législation seraient nécessaires, quelles modifications cela impliquera pour le comportement humain – celui des chauffeurs ou opérateurs, notamment -, comment la technologie va influencer les systèmes de transport, le métier, les procédures organisationnelles, par exemple via un nouveau volet de système de surveillance à distance…”
Les TEC, acteur ou observateur des transports autonomes?
Jusqu’où les TEC s’impliquent-ils dans le phénomène “engins autonomes”? “Nous sommes un petit opérateur. Nous ne nous investissons dès lors pas dans de la prospective et de la R&D. Nous n’avons d’ailleurs pas mandat du gouvernement pour le faire. Mais nous procédons par contre à de la veille active, chose nécessaire, tant d’un point de vue technologique que pour étudier l’impact sur les systèmes de transport.”
Dans le cadre du projet ShutLLN, les TEC sont donc intervenus en conseils. “Notamment pour définir un itinéraire qui soit suffisamment ambitieux pour être représentatif et significatif, pour apporter des conseils sur la manière d’opérer le service à la demande, pour veiller à ce que les algorithmes à concevoir prennent en compte les aléas – conditions météorologiques, marquage au sol, repères 3D dans l’environnement immédiat…”
Le CBTC, qui sera à court terme l’un des pôles d’activités majeurs du parc d’entreprises de Louvain-la-Neuve, est lui aussi partenaire du projet: “Si le projet franchit sa phase préliminaire, le CBTC s’est engagé à mettre à disposition le véhicule autonome”, déclare Benoît Van Calbergh [Ndlr: location ou achat? la décision n’a pas encore été prise à ce stade].
Mais il ne faudrait pas craindre, affirme-t-il, qu’en coulisses, ce soit une technologie et des algorithmes made in China qui se retrouvent à la manoeuvre. “Il y aura, en tout cas dans un premier temps, mise en concurrence à la faveur d’un marché public. Par ailleurs, le volet véhicule est clairement scindé du volet gestion de données et solution Tour de contrôle, qui est totalement indépendant et fera l’objet d’un marché distinct.”
En pécuniaire et en nature
“Les apports des partenaires se feront soit sous forme financière, soit sous forme de valorisation”, commente encore Benoît Van Calbergh. “Cette valorisation peut prendre la forme d’une mise à disposition de ressources humaines en sous-traitance, d’un soutien à la communication, d’un financement du mini-bus circulant à la demande ou la mise à disposition de chauffeurs pour la navette autonome…” (Explication pour ce dernier élément: la présence d’un officiant humain demeure obligatoire pour intervenir en cas de souci… Et cela peut survenir par exemple, lors d’un arrêt de la navette qui, “hésitant” sur la situation, se met en pause par mesure de sécurité. Exemples? Un panneau illisible, une voiture mal garée sur la bande latérale et empiétant sur la bande de circulation, un obstacle inconnu…)
Les partenaires interviendront non seulement pour la phase-pilote (de 12 à 18 mois) mais seront surtout nécessaires pour la phase suivante, celui du déploiement réel. “Nous pourrons faire rouler les véhicules pendant 9 ou 12 mois selon l’apport financier et le subside de la Région mais ce que nous envisageons, c’est un nouveau type de transport, pérenne, financé par le privé. Avec certes une intervention de la commune mais ce n’est pas son core business de gérer du transport…”, souligne Benoît Van Calbergh.
Prochaines étapes…
La première étape pour la concrétisation du projet consistera à lancer un marché public en vue de désigner un consultant pouvant aider les responsables communaux à élaborer le cahier des charges définitif.
Le marché public sera lancé à l’automne.
Lancement de la phase de test: début 2020. Clôture: juin 2021.
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