Cette année, 31 projets ont tenté leur chance au concours des meilleures solutions e-Health organisé par Agoria. Dix d’entre eux émanaient d’acteurs de l’e-santé côté francophone. Au final, 16 projets ont retenus pour la dernière ligne droite de la compétition qui aura son apogée ce 2 juin.
Parmi les nominés, on relève 3 projets francophones. Deux concourraient dans la catégorie “meilleur retour sur investissement”. A savoir, le projet “Paramètres vitaux au chevet du patient” du Grand Hôpital de Charleroi et le projet répondant au doux nom de Napoli (Natural Processing of Oncological Language Interface) développé à l’Institut Jules Bordet de Bruxelles.
Le troisième projet nominé évolue, quant à lui, dans la catégorie “projet e-santé mobile”. Il s’agit d’une appli dont nous vous avons déjà parlé à plusieurs reprises dans nos pages – la dernière fois remontant à cette semaine, puisqu’il s’agit de l’appli de Dossier santé personnel Andaman7 de la start-up liégeoise A7 Software. Relire notre article sur la dernière version et celui qui présentait la solution en détail lors de sa première sortie sur le marché.
Penchons-nous dès lors sur les deux autres projets.
Le passé avait du bon…
Le projet “Paramètres vitaux au chevet du patient”, opérationnel depuis mars de cette année, prend la forme d’une application mobile développée à destination des médecins et qui leur permet en quelque sorte d’opérer un petit retour vers le passé.
En effet, les traditionnelles courbes de santé qui étaient jadis affichées au pied du lit du patient ont disparu depuis quelque temps à la fois pour des raisons de confidentialité et… parce que l’informatisation est passée par là. Désormais, toutes ces informations sont directement versées dans un fichier centralisé (unique ou non).
Lors de ses tournées et visites en chambre, le médecin doit donc disposer d’un dispositif d’accès à ces données centralisées. Au Grand Hôpital de Charleroi (GHdC), les responsables tant informatiques que médicaux estimaient que “toutes les solutions jusqu’ici apportées avaient leurs inconvénients: le puissant ordinateur avec son dossier complet est dans un bureau éloigné, le client léger dans le couloir ou dans la chambre est trop peu confidentiel, le chariot mobile est trop lourd et doit être rechargé constamment… Il était dès lors nécessaire de prévoir une nouvelle application qui soit utilisable sur les appareils personnels des prestataires de soin”, explique Laurent Dumont, responsable IT Applications au GHdC.
Le développement de l’appli mobile “Paramètres vitaux au chevet du patient” a dès lors été initié. Partenaire: Afelio (groupe NRB).
Elle est utilisable sur tablette ou smartphone Android et iOS. Sa principale fonction: la lecture d’un QR code ou d’un code-barres qui identifie le patient afin de pouvoir consulter les courbes de ses paramètres vitaux.
L’appli est destinée à permettre aux médecins de consulter une “information précise et ciblée”, dimensionnée en fonction des contraintes (dimension, notamment) de la tablette ou du smartphone – “deux dispositifs qui peuvent difficilement exploiter le dossier patient bien trop riche pour être présentable, indistinctement, sur n’importe quel support.”
L’application prend également en compte divers éléments contextuels qui influencent la collecte des données: “certains paramètres vitaux doivent être corrélés et présentés ensemble afin de pouvoir être interprétés correctement par le prestataire de soins. Par exemple, la pression diastolique et la pression systolique.
Par ailleurs, l’application mobile gère également la densité des données. Un même paramètre vital peut être pris plus ou moins fréquemment au regard de l’itinéraire de soins d’un même patient au cours du même séjour. C’est ainsi, par exemple, que la prise du pouls au service des soins intensifs et en chirurgie est effectuée à des rythmes différents…”
D’un point de vue plus technique, afin de ne pas tomber dans le piège d’un développement et d’un support dédoublés (une application par environnement), Afelio s’est tourné vers l’outil Xamarin, un framework de développement d’applications mobiles “qui se base sur un code unique pour la logique métier (intégration des Web Services, algorithmes et règles) et qui permet de personnaliser, si nécessaire, l’interface utilisateur en fonction de l’environnement.”
Structurer le non-structuré
Le projet Napoli (Natural Processing of Oncological Language Interface) de l’Institut Bordet est porté par le service oncologie et concerne une solution d’extraction d’informations au départ de documents libellés en texte libre afin de les injecter de manière pertinente, sous forme de codes standard, dans différentes bases de données, utilisées ou destinées à divers acteurs: médecins, chercheurs, organismes publics (en charge de gérer le financement des hôpitaux).
A noter que la solution opère uniquement sur des documents électroniques et non sur des documents manuscrits ou scannés.
Jusqu’à présent, comme c’est en souvent le cas dans les hôpitaux, la transposition des notes et rapports rédigés au fil d’un trajet de soins en classifications médicales standardisées se faisait encore manuellement, avec réencodage systématique dans des bases de données spécifiques (voir encadré ci-contre).
Le projet Napoli vise à automatiser au maximum la récupération (extraction) de l’information pertinente. Il a vu le jour en 2012 sur base d’un financement européen (Eureka) et est aujourd’hui financé en propre par l’Institut Bordet.
Pour les développements, l’équipe IT interne de l’hôpital a fait appel à deux partenaires: Xerox, qui a implémenté une solution d’analyse linguistique et, plus récemment, la société Early Tracks de Louvain-la-Neuve, pour de l’analyse sémantique et extraction d’antécédents médicaux.
Un premier volet du projet est entré en phase opérationnelle. Il concerne l’alimentation de la base de données de la fondation d’utilité publique du Registre du Cancer, à laquelle des chercheurs mais aussi les autorités fédérales ont recours.
Un deuxième volet (les antécédents médicaux) est encore en phase de test.
Gradation de techniques
La solution Napoli combine en fait plusieurs techniques d’extraction, selon le degré de complexité ou de difficulté des documents de départ. Pour des recherches et extractions au départ de fragments de phrases “simples”, libellées de manière classique, voire même stéréotypée (les médecins emploient généralement les mêmes termes pour décrire des symptômes ou situations), c’est une technique développée en interne qui est utilisée. Elle consiste en une version inversée du concept de “textes à trous” (qui permettent de compléter plus rapidement un texte, par exemple pour les protocoles opératoires).
La solution d’analyse linguistique de Xerox entre en jeu pour des textes ou passages plus complexes pour générer un “arbre de phrases”, ensuite traduites en classification médicale codifiée. Les techniques d’analyse sémantique d’Early Tracks interviennent, elles, sur le volet antécédents.
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