La libéralisation du marché de l’énergie ont suscité l’apparition et la convoitise de nombreux acteurs, de toutes tailles, qui ont des besoins fonctionnels et opérationnels sensiblement différents de ceux des acteurs en place. Les besoins de ces derniers, eux aussi, évoluent. A la fois pour répondre aux nouvelles contraintes du marché et pour mettre en oeuvre une nouvelle stratégie commerciale. C’est notamment le cas chez Lampiris qui s’est engagé dans une politique de diversification de ses activités.
Le tout impose de faire évoluer les outils de gestion, tant pour les besoins fonctionnels internes que pour mieux gérer les services aux clients.
“Si l’on ne prend que l’axe production d’énergie, on constate une multiplication énorme, à la fois des sources d’énergie (solaire, éolien, cogénération, biomasse…) et des acteurs dans chacune d’elles”, déclare Vincent Keunen, directeur de la société S23Y, qu’il vient de porter sur les fonts baptismaux en collaboration avec Lampiris. Lire notre article. “Lampiris, par exemple, s’appuie sur pas moins de 1.300 producteurs d’énergie. Les besoins en logiciels vont forcément évoluer: gestion des fournisseurs, switching, gestion de clientèle…”
“Enabling Community Trading”
C’est dans ce contexte que Lampiris a décidé de jouer la carte de l’open source pour proposer une plate-forme informatique pouvant gérer efficacement et répondre aux besoins du nouvel écosystème en cours de formation.
Dès le début 2010, l’équipe de développeurs de Lampiris, aidée par son prestataire Manex (société créée et gérée à l’époque par Vincent Keunen), jette les bases de ce qui allait devenir la solution “StarfishRespect”. Un logiciel intégré, en mode ERP, qui comporte une série de modules: facturation, gestion marketing, de campagne e-mail, module pour clearinghouse, CRM, gestion de tickets, applis pour tablettes et smartphones (iOS et Android)…
Le nom Respect est en fait un acronyme qui se veut représentatif de l’esprit sensé animer le projet. “Resp” est l’abréviation de “Renewable Energy Software Platform”.
La fin du nom – “ect” – signifie pour sa part “Enabling Community Trading”.
“Nous voulons jouer une double carte. D’une part, être un opérateur rentable et matérialiser des objectifs plus sociaux et durables, basés sur notre philosophie d’énergie 100% verte. D’autre part, permettre à plus d’acteurs de venir sur le marché. L’open source leur permet de le faire à moindre coût, permet d’innover davantage, de gagner du temps et d’évoluer plus vite vers de nouveaux modèles.”
C’est ainsi que le projet StarfishRespect a vu le jour: une plate-forme dont les parties constitutives sont conçues soit par Lampiris et S23Y (et mise à la disposition de la communauté), soit par les contributeurs de la communauté (développeurs de métier, acteurs-partenaires du secteur de l’énergie, consommateurs…). Une communauté que l’opérateur énergétique et S23Y espèrent internationale.
L’open source, instrument potentiel pour bâtir un écosystème le plus large possible.
L’espoir (l’ambition aussi)? Exploiter ce levier de l’open source pour faire naître un écosystème de développement qui ait des accents fédérateurs. Histoire de “motiver les gens à s’y connecter”, d’exploiter des solutions partielles qui existent déjà et de mettre un minimum de cohérence dans une galaxie énergétique qui se ramifie sans cesse et inspire de multiples initiatives (gestion de consommation, capteurs, compteurs intelligents, télécontrôle de systèmes…).
Les développements du projet StarfishRespect se font graduellement, selon le principe itératif de la méthode Scrum. Premiers volets d’ores et déjà finalisés: les modules vente, processus d’inscription, gestion financière (facturation, paiement, tarification, promos, interface vers les solutions comptables), gestion des tickets et d’incidents, marketing (site Internet et blog – basés sur Drupal, outils de gestion de réseaux sociaux, mailing de masse…), interface self-service…
L’eau du moulin
Développer en open source permet aussi de réduire sensiblement le poids financier du projet. “Lampiris utilise beaucoup d’open source pour ses développements, là où ses concurrents préfèrent se tourner vers des solutions commerciales telles SAP, Oracle ou Microsoft.
Vincent Keunen: “Quand on joue la carte de l’ouverture, il faut être agile, aller là où le vent nous mène, être plus réactif que les autres acteurs.”
Son IT lui coûte ainsi nettement moins cher. Les économies se définissent en termes de coûts de licences, d’intégration, de tarifs appliqués par les consultants externes, sensiblement moins chers dans le monde de l’open source.”
Autre argument concurrentiel que Vincent Keunen met en avant: la rapidité d’évolution de la plate-forme. “Le cycle de développement est plus rapide. Le rythme des nouvelles versions est mensuel là où il est par exemple annuel chez SAP, avec de sérieux coûts de mise à niveau… Quand on joue la carte de l’ouverture”, explique-t-il, “il faut être agile, aller là où le vent nous mène, être plus réactif que les autres acteurs. Cela signifie aussi que le modèle économique pourra évoluer avec le temps.”
Multi-cibles
La plate-forme StarfishRespect a donc de grosses ambitions, voulant couvrir les besoins non seulement de Lampiris mais aussi de toute une série d’acteurs- depuis les fournisseurs et producteurs “classiques” jusqu’aux consommateurs. Vincent Keunen cite quelques exemples. “Les producteurs, tels par exemple les fabricants d’éoliennes, et ce, afin que les flux de données soient compatibles avec la plate-forme. Tous les acteurs concernés par de nouveaux métiers, ensuite. Par exemple, pour le stockage des nouvelles sources d’énergie. Dans ce registre, on a par exemple besoin de logiciels de contrôle des batteries, de gestion de la demande, des flux entre acteurs… Enfin, le grand public. Il faut des solutions de mesure de consommation, des applis, des outils de télécommande pour la gestion de la consommation…”
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