Depuis quelques mois, Infrabel dispose d’un référentiel graphique géoréférencé de l’ensemble du patrimoine ferroviaire du pays (voies ferrées, bâtiments, ouvrages d’art…). A l’époque où la SNCB a été scindée en trois unités, une première inventorisation de ce patrimoine avait été effectuée mais les technologies disponibles (ou utilisées) à l’époque avaient, dans une certaine mesure, réduit l’utilisabilité immédiate des données. En effet, les surfaces concernant les différents éléments du patrimoine avaient été calculées, sur base des plans papier existants, et stockées sur disquettes. “Pendant les années 80, il n’était pas possible de stocker des graphiques sur ce genre de média” [par manque de place], explique Nicolas Gatez, coordinateur GIS, chez Infrabel, responsable du projet numérisation du patrimoine.
L’outrage fait aux supports d’origine a été corrigé l’année dernière, à l’issue d’un projet de numérisation confié à Numen, spécialiste de la gestion documentaire.
Ce dernier a procédé à la vectorisation des plans d’origine et au géoréférencement d’images aériennes. “Les tracés (parcelles, bâtiments, chemins…) ont été redessinés un par un sous forme de vecteurs décalqués sur l’image”, explique Serge Micaelian, directeur des opérations chez Numen. “Les informations textuelles des plans d’origine ont pour leur part été réencodées. Les images des plans ont ensuite été “calées” sur les vues du terrain sur base de photographies aériennes à très haute résolution réalisées par l’IGN (Institut Géographique National), ce qui a permis de connaître précisément la localisation de chaque élément du plan.”
Le travail était d’importance: 4.000 plans patrimoniaux, 3.500 km de voies ferrées, des bâtiments et terrains répartis sur quelque 34 000 parcelles, 15.000 photos aériennes IGN. Soit un travail de numérisation, vectorisation et géoréférencement qui a exigé plus de 5.000 heures de travail par les équipes de Numen, qui travaillaient parfois en parallèle (“jusqu’à 7 personnes en période de pointe”).
Désormais, Infrabel dispose donc de la carte numérique continue de la totalité du réseau belge, documentée selon de multiples critères, en ce compris des informations de relief, de cadastre, de disposition des maisons voisinant aux éléments patrimoniaux d’Infrabel… “Nous pouvons superposer autant de couches d’informations que nécessaire, en ce compris par exemple celles concernant les infrastructures électriques, les conduites d’eau…”, souligne Nicolas Gatez. “Nous pouvons aisément identifier différents types d’informations patrimoniales: bâtiments, parcelles, données IGN… En fait, toutes les informations qui sont nécessaires pour se repérer sur le terrain et exploiter utilement les plans.”
Gain de temps
La finalité de l’exercice de numérisation est purement interne. A savoir, la gestion du patrimoine à moindre coût (gain de temps, essentiellement) par les équipes d’Infrabel.
“Nous avions besoin d’une solution informatique pour gérer notre patrimoine, notamment pour optimiser les ressources humaines. L’abandon des plans papier comporte en outre de nombreux avantages. Tels celui de pouvoir aisément procéder à des mises à jour si le cadastre change ou de procéder à des superpositions de cartes et d’informations, ce qui n’était pas possible avec des plans papier en raison de l’imprécision générée par la reproduction des distances et surfaces au millième”, explique Nicolas Gatez. [Ndlr: le format du plan papier était celui du A0, représentant une distance d’un kilomètre].
Les calculs, évaluations et interventions devraient ainsi être facilités à l’avenir. Exemple cité par Nicolas Gatez: le scénario d’une expropriation lorsque des terrains doivent être achetés pour construire un pont ou tunnel afin de supprimer un passage à niveau. “Auparavant, nous devions récupérer manuellement le numéro des parcelles, rechercher les informations dans la base de données du cadastre. Désormais, il suffit de superposer les deux cartes. Nous disposons automatiquement des références nécessaires pour interroger les données cadastrales.” De même, la récupération d’informations (échéances de contrats d’occupation, surfaces…) devient quasi automatique.
Usage privatif
Au-delà des équipes d’Infrabel, les plans numérisés et les informations qu’ils contiennent seront accessibles à un nombre très restreint de tiers. A savoir? “Le SPF Finances, qui y aura accès en guise de complément aux données cadastrales. Nos plans en amélioreront la précision dans la mesure où leur cadastre est souvent une grande page blanche quand il s’agit de biens du domaine public. Cela permettra aussi d’améliorer les limites des propriétés (plans de bornage). Le SPF aura par exemple besoin de ces informations précises pour séparer le patrimoine entre les différentes entités du groupe SNCB, en vue d’appliquer les éventuelles exonérations fiscales.”
Des conventions d’échanges de données seront également passées avec l’IGN et avec les Régions. “Ces dernières sont intéressées par les données topographiques et des informations sur la réalité physique du terrain.” A noter que les Régions pourront consulter et utiliser les données d’Infrabel pour leurs propres besoins mais ne pourront pas les diffuser. Ces cartes du patrimoine ferroviaire belge ne sont donc pas sensées se retrouver, par exemple, dans le nouveau Géoportail wallon. Du moins pas à court terme. La législation et de futures prises de position en matière d’open data feront peut-être évoluer les choses…
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