Le portail cartographique de la Wallonie a récemment fait peau neuve. Désormais baptisé Géoportail, son développement (confié à NSI) a notamment été motivé par les exigences posées par la directive européenne Inspire (infrastructure d’informations géographiques en Europe).
Résultat? Un site qui multipliera les visions que l’on peut avoir du territoire wallon et qui permettra une découverte de plus en plus fouillée, au fil du temps, des multiples dimensions (économiques, environnementales, géologiques…).
Le contenu en sera exploitable à la fois par le grand public et par le monde professionnel. Sans oublier des acteurs publics (communes, provinces…). “Le Géoportail vise essentiellement les utilisateurs d’outils géomatiques”, déclare Xavier Demaret, directeur du département de géomatique du SPW. Ce qui couvre pas mal de scénarios, compte tenu du fait que les données géographiques, visualisables et exploitables en-ligne, via des sites et applications en tous genres, se font de plus en plus nombreuses.
“Le citoyen pourra par exemple consulter diverses cartes, repérer d’éventuelles industries polluantes qui se trouveraient à proximité d’un terrain qu’il envisage d’acquérir pour y faire construire. Les entreprises pourront utiliser le Géoportail pour leurs propres projets. Par exemple dans le cadre d’études d’incidence. Les clients professionnels pourront également procéder par géocodage, introduisant des adresses qui leur permettront par exemple de visualiser et d’organiser les tournées de leurs commerciaux…”
Grâce à l’application de cartographie WalOnMap (développée sur base d’une API fournie par ESRI), le visiteur peut “jouer” avec ces cartes, comparer les vues, croiser les informations qu’elles révèlent. A terme, le portail permettra d’effectuer des simulations, de procéder à des sélections, par exemple pour sélectionner des sites d’implantation répondant à un certain nombre de critères.
“On pourra l’utiliser en géomarketing, dans l’introduction des dossiers, dans les débats sur les enjeux environnementaux, pour objectiver les risques de nuisance ou de pollution”, déclarait notamment le ministre Philippe Henry, chargé de l’environnement et de l’aménagement du territoire, lors de l’inauguration officielle du Géoportail lors du Salon des Mandataires 2013. Objectif: “stimuler la création d’applications orientées métier.”
Une mine d’informations
Le portail a pour mission de donner accès à une grande variété de cartes dédiées à des thématiques ou “visions” différentes du territoire: vues aériennes, relief, plans de secteur, aménagement du territoire, environnement, zones protégées, sites Seveso, réseaux de transport, mobilité, cartes anciennes, plans topographiques, réseau hydrographique, cartes géologiques, lieux d’implantation des antennes GSM, sites naturels remarquables, itinéraires de promenades, qualité des eaux, cartographie du bruit… Pour ce faire, le département géomatique du SPW a collecté et continue de collecter à diverses sources (officielles et validées) toute une série de données et informations qui viennent alimenter une seule et même base de données. Certaines négociations sont encore en cours pour enrichir la base de données.
Une trentaine de thématiques ont été intégrées à ce jour: ortho-imagerie, données de relief, plans topographiques venus de l’IGN, cartographie wallonne PIC, sites Seveso, plan de secteur, données Natura 2000, découpage cadastral…. “De 30 à 35” autres sont en préparation et “le contenu se complétera de plus en plus au cours des mois et années à venir”, promettait Xavier Demarets lors du lancement du site.
Parmi les thématiques prioritaires qui seront rajoutées à court terme: les ressources naturelles, les données environnementales (sol, sous-sol, hydrographie…), une cartographie du bruit, des données plus précises pour les plans de secteur (patrimoine classé…). Ces dernières faisant toutefois encore l’objet de négociation avec les sources…
Autre évolution prévue au programme: une optimisation du site pour en autoriser l’utilisation sur tablettes numériques. De telle sorte que les agents de terrain du SPW, notamment, puissent utiliser les données. Un développement pour smartphone n’est pas exclu mais n’est par contre pas à l’ordre du jour. Faute de moyens humains, dans l’état actuel des choses.
Xavier Demarets (SPW): “Les clients professionnels pourront également procéder par géocodage, introduisant des adresses qui leur permettront par exemple de visualiser et d’organiser les tournées de leurs commerciaux…”
Le portail a en outre été conçu dans une optique d’enrichissement permanent. A terme, entreprises et pouvoirs locaux pourront ainsi y ajouter certaines données. Les premiers à pouvoir bénéficier de cette ouverture seront les pouvoirs locaux. La Ville de Liège devrait servir de projet-pilote, ainsi que quelques autres communes de tailles diverses. “Les pouvoirs locaux pourront ainsi documenter et faire connaître leurs données propres. Une commune pourrait par exemple ajouter ses plans locaux de mobilité, cartographier ses équipements, tels que la localisation des bulles à verre, de telle sorte à optimiser les tournées de ramassage”, explique Xavier Demarets. “On peut même imaginer que ces bulles à verre soient équipées d’un système qui génère automatiquement une alerte lorsqu’elles sont pleines et flexibiliser ainsi les tournées…”
Accès gratuit ou données payantes?
Tous les outils développés pour l’instant, pour les besoins du Géoportail, sont libres d’accès, quel que soit le profil de l’utilisateur (seules quelques données non encore validées exigent un mot de passe et sont donc réservées à certaines catégories de personnes, internes au SPW).
Un filtrage d’accès a été prévu afin de permettre à certains profils d’utilisateurs (agents du SPW, équipes projet…) d’avoir accès à des contenus plus spécifiques.
Par contre, il faudra décider des conditions d’accès aux données venant de tiers, qu’il s’agisse d’organismes officiels ou d’entreprises. Certaines sources pourraient imposer de payer pour obtenir l’accès à certaines données. Surtout s’il s’agit d’entreprises privées.
On touche ici au sujet sensible et encore mal balisé des “open data”. “Un choix politique devra être fait en Wallonie, cette année, pour ce qui est de la diffusion des données géographiques”, souligne Xavier Demarets. “Notre point de vue est que la “libération” des données serait bénéfique pour la société, pour tout le monde. Des expériences menées à l’étranger, notamment en Catalogne, démontrent un retour sur investissement appréciable, qui se mesure notamment en gain de temps pour les agents communaux.”
Chez nous, la réflexion suit son cours. Tous les acteurs concernés (entreprises, pouvoirs locaux, SPW…) devraient se réunir autour d’une même table en juin de cette année, avec éventuellement une discussion au gouvernement à la rentrée de septembre.
Que les données soient largement mises à disposition est une chose. Une autre est de déterminer qui pourra le faire, à quelles conditions (simple consultation, exploitation…) et à quel tarif. Xavier Demarets évoque à cet égard quelques règles de base: “si le but final de la mise à disposition est un usage public, relevant des services de base des communes, provinces ou OIP par exemple, la gratuité est de mise. De même, nous adoptons une attitude souple pour des demandes émanant d’étudiants ou de chercheurs.” Du moins en ce qui concerne les données dont le SPW est propriétaire. Idem pour les données venant de l’IGN dont l’utilisation aurait un but public.
Par contre, les données Navteq par exemple (atlas des rues) ne sont pas distribuées. L’accès se fait en simple consultation et visualisation, sans possibilité de copie ou de transfert. Même lorsque le demandeur est un organisme public.
“Si la demande d’accès émane d’une entreprise, d’un bureau d’études, tel celui d’Elia par exemple, pour une étude d’incidence demandée par un promoteur, ces requérants obtiennent les données pour les besoins de l’étude et uniquement pour la durée de cette dernière. Nous repoussons par contre pour l’instant des demandes à finalité de prospection commerciale.”
Les choses pourraient être appelées à évoluer, sous l’impulsion des dispositions de la directive Inspire qui prévoit non seulement des droits d’accès et de visualisation mais aussi de téléchargements. La position adoptée à l’avenir en Wallonie dépendra des décisions que doit encore prendre le pouvoir politique. “Il est nécessaire de lever toute ambiguïté”, souligne Xavier Demarets.
Découvrez-nous sur Facebook
Suivez-nous sur Twitter
Retrouvez-nous sur LinkedIn
Régional-IT est affilié au portail d’infos Tribu Médias.