Voilà, c’est fait. Depuis le 17 avril 2018, une commune wallonne sur deux dispose d’au moins un Espace Public Numérique. En tout, le dispositif des EPN de Wallonie compte 174 structures réparties sur l’ensemble du territoire, selon une typologie “quatre quarts”: service communal (26%), bibliothèques (24%), associations (25%), et action sociale (CPAS 13% et service PCS – plan de cohésion sociale – 11%).
Cette photographie des “métiers” des EPN a son importance. Ce 8 juin, à l’occasion de la 13ème journée des EPN, Eric Blanchart et Justine Parlagreco de Technofutur TIC ont présenté les grandes lignes du traditionnel (et annuel) rapport d’évaluation. “Trop souvent”, insiste Eric Blanchart, chargé de mission EPN de Wallonie, “le politique, l’administration et parfois même les partenaires pensent que les EPN sont une structure homogène, qu’ils font tous la même chose, qu’ils ont tous le même public. En réalité, il y a bien des spécificités.” Au niveau des publics, notamment…
Les seniors, public numéro 1
Justine Parlagreco, assistante de projet Mission EPN de Wallonie: “53% des EPN ont les seniors comme premier public. Viennent ensuite les demandeurs d’emploi et les adolescents. 25% des EPN s’adressent en priorité aux demandeurs d’emploi, puis aux personnes émanant du CPAS et aux femmes isolées. 17% des EPN ont les jeunes (8-25 ans) comme premier public.
Localisation des EPN par province
Brabant Wallon 18
Liège 34
Namur 27
Hainaut 53
Luxembourg 24
Type d’EPN
Fixes 149
Mixte 3
Mobiles 4
Fréquentation 2017
32.000 visiteurs uniques
250.000 accès
Typologie
service comunal (26%)
asbl (25%)
service PCS (11%)
CPAS (13%)
bibliothèque (24%)
Les principaux domaines d’action sont:
– les médias sociaux (61%)
– la recherche d’emploi (58%)
– la retouche d’images et de photo (52%)
– l’éducation aux médias (45%)
– l’éducation, la pédagogie et l’enseignement (38%)
– l’alphabétisation et la médiation numérique (33).
A noter le faible déploiement d’activités orientées impression 3D (5%), réalité virtuelle (3%) ou vidéo Web (10%) avec, en parallèle, une percée des animations liées au code et à la programmation (27%) et aux jeux vidéos (15%).”
DigComp comme étalon de mesure de l’inclusion numérique
Il fut un temps où les EPN avaient «l’exclusivité» de la lutte contre la fracture numérique. Pierre Lelong, manager Formations Entreprise & Enseignement: “Voici 10 ans, on parlait de favoriser l’accès et les usages. On parlait de fracture numérique du premier et du deuxième degré. Aujourd’hui, on parle d’inclusion et de médiation numérique avec une foule de nouvelles structures impliquées comme les espaces de co-working, les écoles numériques et des labs en tous genres – Fablabs, CreaLabs, InnoLabs, LearningLabs…
Leur point commun, c’est ce qu’on appelle la littératie numérique. A savoir, pour reprendre la définition de l’OCDE, l’aptitude à comprendre et à utiliser le numérique dans la vie courante, à la maison, au travail et dans les collectivités, en vue d’étendre ses compétences et ses capacités.
Pierre Lelong (Technofutur TIC): “La mission des EPN pourrait trouver un cadre dans le référentiel européen DigComp pour proposer une certification de base servant d’indicateur quantitatif de la progression de l’inclusion numérique.”
Tout le monde ou presque est connecté, et le numérique est familier au plus grand nombre. Mais la vitesse à laquelle il évolue remet en permanence sur la table la question des compétences et de la culture liée au numérique.
C’est tout l’enjeu du travail, de la mission des EPN qui pourrait trouver un cadre dans le référentiel européen DigComp. En Belgique francophone, il est porté par l’Agence du Numérique (AdN) et par le Forem. Cet outil pourrait être utilisé par le dispositif des EPN pour proposer une certification de base servant d’indicateur quantitatif de la progression de l’inclusion numérique.”
La médiation numérique, une légitimité partagée
La clé est donc la compréhension et la maîtrise des technologies numériques, de leurs enjeux et de leurs usages. Il s’agit de développer la culture numérique de tous, pour pouvoir agir dans la société numérique. “Cette médiation numérique procède par un accompagnement qualifié de proximité des individus et des groupes (habitants, associations, élèves, étudiants, parents) dans des situations de formation tout au long de la vie, facilitant à la fois l’appropriation des techniques d’usage des outils numériques et la dissémination de connaissance ainsi acquises.
La proposition de tracer des perspectives à cinq ou dix ans pour un dispositif qui est (sous-)financé, alimenté au compte-goutte, appel à projets par appel à projets, peut laisser perplexe.
Elle est donc au service de l’inclusion numérique et favorise les coopérations utiles aux réalisations et aux innovations en faveur du bien commun”. C’est fort de cette légitimité que Pierre Lelong invite les EPN à clarifier leurs domaines d’actions prioritaires et à mettre en avant des éléments de mise en œuvre commune et d’ouverture aux autres partenaires.
Face aux échéances électorales, alors que les 300.000 euros de l’appel à projets 2017 n’ont toujours pas été évacués, la proposition de tracer des perspectives à 5 ou 10 ans pour un dispositif qui est par ailleurs (sous-)financé, alimenté au compte-goutte, appel à projets par appel à projets, peut laisser perplexe. C’est sans doute pourtant la seule voie à suivre pour positionner les Espaces Publics Numériques comme référent et maître à penser en matière de citoyenneté numérique.
Le citoyen, la banque et les EPN
D’autant que le cabinet Jeholet (ministre de l’économie et du numérique) confirme vouloir soutenir et mettre en évidence le réseau, quitte à ce que cela soit pour l’instant sur base «bénévole». Arnaud Lombardo, conseiller du numérique: “Lorsqu’on est arrivé au pouvoir, on s’est demandé comment positionner la Région wallonne en matière de transition numérique. La révolution digitale, cela passe par le territoire connecté, par l’éducation aux médias, mais aussi par l’accompagnement des citoyens. On a réfléchi à notre première action en se disant que les opérations bancaires en-ligne en étaient un des aspects les plus tangibles pour tout un chacun.
En ruralité mais aussi dans les quartiers défavorisés, les agences bancaires ferment les unes après les autres. Pour une certaine partie de la population, pour ceux qui sont moins connectés ou effrayés par l’aspect sécurité, le digital banking pose problème.”
D’où l’idée d’un atelier banque en-ligne, que le cabinet et l’AdN ont mis sur la table de la Fédération belge du secteur financier. “D’emblée, Febelfin s’est montrée très favorable à l’idée. Pour l’opérationnaliser, le choix du réseau des EPN s’est immédiatement imposé à nous. Ce sont eux qui sont les plus proches du citoyen en matière d’inclusion numérique.”
Ann Callier, “Digital Business Ambassador” à l’AdN, précise: “Dans le courant de ce mois de juin, le ministre Jeholet va inviter une quinzaine de communes-test à participer à l’action. Celles qui se montreront intéressées recevront un kit de communication pour inviter le public ciblé. La séance se veut très pratique. Une introduction par l’EPN-hôte, suivie d’ateliers pratiques et personnalisés gérés par du personnel détaché par les banques partenaires.”
Roadshow bancaire
Elles sont au nombre de six: Fortis, Belfius, CBC, ING, CPH Banque & Crelan. Le but: sortir de la formation totalement autonome et capable d’effectuer des opérations bancaires de base en-ligne, comme par exemple effectuer un virement ou consulter ses comptes.
Ann Callier: “Le roadshow débutera en septembre pour se terminer en décembre. Après évaluation, l’expérience devrait être reconduite de façon plus large car nous savons que la demande pour ce type d’animation est très importante.”
Question d’un participant à cette 13ème journée des EPN: “Les EPN seront-ils rémunérés pour faire le travail des banques?”
Réponse du conseiller du ministre: “Je vois la transformation digitale comme inéluctable. On peut dire aux citoyens qui s’en plaignent qu’on va faire rouvrir des banques dans leur quartier mais on sait que cela ne marchera pas. On peut aussi leur dire que les pouvoirs publics, conscients de l’importance des services bancaires, vont mettre en place des outils pour les accompagner. Si on fait bien notre job, si en sortant de là une grande majorité des personnes qui ont participé à ces ateliers disent merci, dorénavant ce n’est plus un problème que ma banque ait disparu parce que je sais faire des opérations en ligne, parce que j’ai appris à utiliser l’outil numérique, alors je pense qu’on pourra tous être satisfaits.
A terme, je pense que les communes vont devoir de plus en plus développer ce genre d’initiatives. On parle ici des outils bancaires. Demain, ce sera une demande de permis de bâtir ou d’une carte de riverain. Les EPN ont un rôle essentiel à jouer à ce niveau en matière d’inclusion numérique.” Dont acte.
ENCADRE
Localisation des EPN par province
Brabant Wallon 18
Liège 34
Namur 27
Hainaut 53
Luxembourg 24
Type d’EPN
Fixes 149
Mixte 3
Mobiles 4
Fréquentation 2017
32.000 visiteurs uniques
250.000 accès
Typologie
service comunal (26%)
asbl (25%)
service PCS (11%)
CPAS (13%)
bibliothèque (24%)
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