Fin mars, début avril, IPSOS a procédé à un sondage auprès de lecteurs francophones visant à évaluer l’attractivité du livre numérique, les budgets consacrés à ce nouveau support et à identifier les canaux auxquels les lecteurs s’adressent pour se les procurer.
Méthodologie
L’enquête, on-line, a été réalisée pour le compte de l’ADEB (Association des éditeurs belges) et du PILEn (partenariat interprofessionnel du livre et de l’édition numérique).
1.130 personnes ont été contactées, parmi lesquels l’enquête a identifié et retenu 700 lecteurs. L’un des critères pour être retenu dans l’échantillon était en effet d’avoir lu ou de lire au moins un livre par an.
Sur ces 700 personnes, 161 sont des lecteurs bruxellois (francophones) et 539 des lecteurs wallons.
4 lecteurs sur 10
Source: Ipsos
Voici quelques-uns des constats les plus significatifs issus de l’enquête:
- 18% des livres sont achetés en format numérique
- 2% des lecteurs sont passés au “tout-numérique”
- 40% des lecteurs interrogés disent avoir lu, l’année dernière, à la fois des livres numériques et papier. Toutefois, l’imprimé demeure largement le favori avec 58% des répondants qui se contentent encore du bon vieux papier.
- les lecteurs de livres numériques se situent surtout en région bruxelloise et “sont issus d’un niveau socio-culturel moyen ou élevé”, signale Ipsos
- budget mensuel moyen que les lecteurs de livres numériques consacrent à leur achat: 11,40 euros. Contre 24,60 euros pour les lecteurs de livres imprimés.
- principaux canaux de distribution des livres numériques: des sites tels qu’Amazon ou Google books (48%), suivis par les bibliothèques (18%), les sites Web de grandes surfaces telles Fnac (15%), les sites Internet de librairies pure play en-ligne (11%) et les sites Web de librairies traditionnelles (9%).
On constate toutefois que les acheteurs ont tendance à acheter davantage de livres lorsqu’ils passent par les sites de bibliothèques, de librairies en-ligne ou de librairies traditionnelles que lorsqu’ils se tournent vers les Amazon et consorts.
Un livre n’est pas l’autre
Types de livres les plus lus sous forme numérique, mais toujours largement derrière les formes papier:
Type de livre | Lecture sous forme imprimée (en pourcentage) | Lecture sous forme numérique (en pourcentage) | Lecture sous forme papier & numérique (en pourcentage) |
Sciences techniques & médicales | 64 | 16 | 20 |
Gestion, économie | 69 | 13 | 18 |
Dictionnaires | 73 | 9 | 18 |
Tourisme | 74 | 10 | 17 |
Pratiques | 75 | 6 | 19 |
Beaux-Arts | 78 | 7 | 15 |
Histoire, actualité | 78 | 10 | 12 |
Jeunesse | 82 | 7 | 11 |
Littérature générale | 83 | 4 | 12 |
Scolaires | 86 | 4 | 11 |
BD, manga, comics | 90 | 2 | 8 |
Il est intéressant de comparer ces chiffres avec le classement des catégories de livres les plus lues, sous forme imprimée ou électronique. On constate ainsi que la pénétration du livre numérique (somme toute encore faible) ne touche pas vraiment les catégories les plus demandées. En effet, le top trois des lectures est le suivant:
- littérature générale: 68% des réponses
- livres pratiques (cuisine, jardinage, déco, bricolage…): 58%
- BD (y compris les catégories comics et manga): 49%.
A quel support les lecteurs confient-ils leurs lectures numériques?
- ordinateur: 71%, qui reste donc et de loin le média préféré (malheureusement l’étude ne dit pas s’il s’agit d’un ordinateur fixe de type desktop ou d’un ordinateur mobile). Ce score influence en outre la forme sous laquelle les lecteurs feuillettent leurs livres virtuels: dans 67% des cas, le format est celui du PDF, contre seulement 17% pour l’e-pub et 13% pour les applis. A noter toutefois, l’imprécision de l’étude à cet égard dans la mesure où 21% des personnes interrogées disent ne pas savoir quel est le format de livraison.
- tablette: 29%
- smart phone: 18%
- liseuse: 12%
- autres (MP4…): 4%
Pas de retour en arrière?
Aux yeux de Thibault Léonard, fondateur de Primento, société namuroise positionnée sur le créneau de l’édition numérique (voir son portrait), ces chiffres confirment que les Belges ont entamé leur virage vers la lecture numérique.
“Cette enquête prouve que l’e-book a réussi son introduction, il rentre maintenant dans sa phase de croissance.”
Alors que le marché global du livre, en région francophone du pays, est en tassement (recul de 1,5% en 2012), notamment en raison de la crise, la part du numérique est en augmentation de 7,8% (selon des chiffres de l’ADEB).
Thibault Léonard (Primento): “Les chiffres confirment que le numérique devient crucial pour les éditeurs. Face au changement d’habitude des lecteurs, les éditeurs doivent s’adapter.”
La tendance serait même plus marquée chez nous (en région francophone du pays) que chez nos voisins français. Du moins si l’on s’en réfère à ce chiffre de 4 lecteurs sur 10 qui disent avoir lu, dans le courant de l’année 2012, à la fois des livres papier et des versions électroniques.
A titre de comparaison, Primento rappelle les chiffres de l’enquête de Médiamétrie, en France, qui estimait que 20% des Français avaient jusqu’ici lu un livre numérique. “La conclusion de cette étude n’a rien de surprenant quand on constate l’engouement des lecteurs belges pour le numérique”, déclare Thibault Léonard. “Fin 2012, 60% des ménages belges possédaient une tablette et la frénésie continue puisque 1 Belge sur 6 compte en acheter une en 2013. Ce qui est plus surprenant, c’est la vitesse de ce changement et l’engouement du public pour la lecture numérique, quel que soit son âge.”
Et de conclure: “Les chiffres de l’Association des Editeurs confirment que le numérique devient crucial pour les éditeurs. Face au changement d’habitude des lecteurs, les éditeurs doivent s’adapter.”
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