Voici un an, deux pharmaciens liégeois – Nicolas Putois et François-Régis Goffin – imaginaient une appli mobile permettant aux patients d’envoyer leur ordonnance dématérialisée directement à leur pharmacie, via smartphone, afin de “faire gagner du temps au pharmacien et lui permettre de préparer les conseils qu’il pourrait donner au client lorsqu’il vient chercher les médicaments.”
Le principe: le patient prend un cliché de l’ordonnance papier, l’envoie via courriel. Le document atterrit dans le serveur central d’EasyPharm où le pharmacien peut le consulter via mot de passe.
Un an plus tard, quelque 230 pharmacies et 2.100 personnes sont devenues utilisatrices. Au total, l’appli a été téléchargée environ 4.000 fois.
La moitié des pharmaciens utilisateurs ont recours à l’appli, d’autres exploitent prioritairement les fonctionnalités de la plate-forme “multi-services pharma” qui a entre-temps été développée. Ils peuvent y publier des articles liés à leur métier, relayer des articles scientifiques venant de laboratoires. Mais ils y trouvent aussi d’autres services:
- une connexion au site de contingentement – en clair, possibilité pour les pharmaciens de passer directement commande de médicaments qui sont annoncés comme étant en “rupture de stocks” auprès des grossistes, pour des raisons de limitation artificielle pour cause de quotas dépassés; les fabricants étant légalement astreints (loi de la disponibilité continue oblige) de fournir immédiatement le médicament à la demande du pharmacien, cette connexion permet de parer aux “ruptures de stocks”
- un lien vers le site des pharmacies de garde
- la publication de coupons que pourront faire valoir les clients en pharmacie.
A l’avenir, les deux initiateurs d’EasyPharm veulent encore accentuer l’offre de multi-services: “nous voulons concentrer, dans cette plate-forme, un maximum de services dont ont besoin les pharmaciens.” C’est ainsi qu’une offre de formations continues, en mode e-learning, pourrait y faire son apparition pour les pharmaciens. Sur des thèmes potentiellement très diversifiés: diabète, polymédication de la personne âgée…
D’autres services devraient progressivement y être ajoutés, par le biais de partenariats.
Une philosophie inchangée
Contrairement à d’autres offres et d’autres prestataires, l’intention des initiateurs d’EasyPharm n’est pas d’utiliser les processus en-ligne pour délester une partie du conseil et de l’assistance au patient qu’ils prodiguent traditionnellement en officile. “Bien au contraire”, insiste Nicolas Putois.
Nicolas Putois: “Pas question d’utiliser l’app comme un moyen de se transformer en drive-in”.
“Dès le départ, la seule intention a été de faire gagner du temps aux deux parties, en permettant au patient d’envoyer son ordonnance afin que le pharmacien ait le temps de se charger de la préparation ou afin de commander un médicament qui n’est pas en stock et éviter dès lors de se déplacer pour rien. Le temps gagné permet au pharmacien de se concentrer davantage sur le conseil” – en officine. “Pas question d’utiliser l’app comme un moyen de se transformer en drive-in”. Et, ajoute-t-il, le fait de gagner du temps permet aussi de fidéliser le client “qui est assuré de pouvoir obtenir ce dont il a besoin.”
A signaler toutefois que le conseil passe aussi, malgré tout, par la voie électronique. La fonction de messagerie, prévue dès le départ, relaie deux types de contenus: des pré-commandes de médicaments (à venir chercher à la pharmacie) mais aussi des demandes de renseignements (comment prendre tel médicament, etc.).
C’est pour mieux scinder les deux types de contenus et, ici encore, gagner du temps en termes de traitement, que l’idée de plate-forme multi-services a fait son apparition.
Etendre la portée de l’appli
EasyPharm est aujourd’hui à la recherche d’un délégué commercial pouvant démarcher activement le marché flamand où une première officine a récemment adopté la solution.
Une première pharmacie luxembourgeoise (située en face de la gare de Luxembourg) a également été “recrutée” via NextPharm, fournisseur informatique dont qu’elle est cliente tout comme l’officine de Nicolas Putois et François-Régis Goffin. Cela a eu un autre effet: une intégration de l’appli EasyPharm avec la solution de gestion NextPharm…
Complémentaire par rapport à l’e-prescription
Alors que les premiers tests d’ordonnance électronique sont en cours, quel avenir pour une appli du genre EasyPharm? “Elle gardera tout son intérêt et sera un outil complémentaire”, affirme Nicolas Putois.
En effet, si le médecin enverra directement la prescription vers le serveur de la plate-forme fédérale eHealth, où le pharmacien, lors du passage du client, pourra aller la “pécher”, la prescription papier n’en disparaîtra pas pour autant. Du moins pas dans l’immédiat.
D’une part, “parce que tous les médecins ne sont pas encore informatisés et que l’ordonnance papier ne disparaîtra donc que progressivement.”
D’autre part, parce qu’il faut toujours que le patient puisse présenter une ordonnance en pharmacie – et on n’en est pas encore à une situation où cette ordonnance du médecin serait directement transférée, lors de sa visite chez le médecin, de l’ordinateur de ce dernier vers le smartphone du patient, par exemple…
Seule différence avec la situation antérieure: un code-barres apposé sur l’ordonnance qui sera lu automatiquement en pharmacie, renvoyant à la prescription virtuelle enregistrée sur le serveur Recip-e de la plate-forme eHealth. Outre le pharmacien, ce même code-barres permettra également au patient d’accéder à ses ordonnances sur le même serveur.
A noter que le scénario final que choisiront les autorités fédérales de santé n’est pas encore tout à fait arrêté. Ce code-barres pourrait donc ne pas être la solution finale choisie pour l’identification des ordonnances.
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