CommuniThings, start-up bruxelloise (mais ayant un pied à terre à Mont-Saint-Guibert, histoire de se plier à l’une des conditions de son premier investisseur… Wallimage), a choisi comme terrain de jeu le domaine des objets connectés (Internet des Objets) mis – notamment – au service de la mobilité urbaine. Autres applications et projets: suivi de la qualité de l’air, du niveau des eaux…
Sa solution phare vise la gestion “intelligente”, optimisée du parking en zone urbaine, qu’il se fasse sur voirie ou dans le cadre de parkings couverts, privés ou publics. Le but? Améliorer les possibilités de parking, fluidifier les stationnements, favoriser les rotations afin de redonner un coup de pouce aux commerces locaux.
Pour le parking en voirie, notamment, la solution mise en oeuvre repose sur des capteurs intégrés au revêtement de la rue, une application mobile, déclinée en 3 versions (consommateur/citoyen, commerçant, gestionnaire de parking) et une signalétique qui réserve un certain nombre de places, en rue, aux utilisateurs de l’appli CommuniThings.
Parking-flash
Les capteurs détectent la présence d’un véhicule sur l’emplacement, en surveillent la durée de stationnement et communiquent les données via radiofréquences longue distance (technologie LoRa). Le service chargé de la surveillance de l’utilisation de ces places a accès aux données pour vérifier que les délais sont respectés.
En cas de dépassement, les agents habilités peuvent verbaliser (A noter que, jusqu’ici, la société traite directement avec les autorités municipales qui, elles, sous-traitent éventuellement la gestion de leurs places de parking. Il n’y a pas de “stewards” dédiés à CommuniThings; la solution s’intègre avec le système de suivi de contraventions générique de la ville ou de la commune).
“Le fait de pouvoir visionner en temps réel, via la plate-forme, les véhicules qui risquent d’être bientôt en infraction permet à ces agents ou stewards d’adapter leurs tournées. Selon les indications qu’ils auront reçu des autorités de la ville, ils peuvent fort bien choisir de ne pas verbaliser s’il reste encore des places disponibles à suffisance…”, indique David Gillot, Chief Technology & Innovation Officer de CommuniThings.
L’appli permet en outre aux commerçants de proximité d’offrir des minutes gratuites supplémentaires aux clients et de “recharger” en quelque sorte leur compte parking.
Le client/conducteur peut lui aussi surveiller l’épuisement de son temps de parking gratuit.
Un déploiement a récemment été effectué à Mons. Voir en fin d’article.
Parking prédictif
Le dossier d’innovation technologique qu’a déposé la société auprès d’Innoviris et qui a donc été sélectionné porte sur l’enrichissement de la solution existante. Pour deux raisons essentielles: d’une part, ajouter une couche de fonctionnalités; d’autre part, la rendre plus attractive et accélérer la courbe d’adoption par le marché.
Pendant deux ans (mais avec de premiers livrables devant être concrétisés à plus court terme), la société s’attachera à développer des processus d’exploitation de données de mobilité venant de différentes sources (open data, capteurs intégrés aux smartphones – qui permettent de “comprendre” les déplacements de leurs utilisateurs -, données d’opérateurs telco, d’autres détenteurs de bases de données…) et à partir desquelles, sur base de techniques d’apprentissage automatique (machine learning), d’algorithmes à développer et d’analyse prédictive, il sera possible d’induire l’état réel ou prévisible de la circulation et/ou de la saturation de certains quartiers, rues…
“Sur base des données, le but est d’inférer un ensemble de mouvements, pouvoir prédire pour un automobiliste à quel endroit il a intérêt à chercher un parking avant même qu’il n’arrive à son endroit de destination. Si une zone risque d’être trop chargée et lui faire perdre du temps, il deviendra alors possible de lui conseiller de se garder éventuellement plus en amont.”
L’analyse des données de smartphones permet non seulement de déterminer la masse de personnes se dirigeant dans telle ou telle direction, leur vitesse de déplacement mais aussi, par zone, d’identifier des problèmes de saturation de parking (exemple minimaliste: un signal qui fait plusieurs fois le tour d’un quartier…). L’analyse historique des tendances, par tranches horaires par exemple, permet aussi d’affiner l’analyse et la prédiction…
CommuniThings bénéficiera d’un financement de 500.000 euros de la Région bruxelloise pour ce projet de recherche et d’innovation qu’elle finance en partie elle-même.
A noter que la start-up envisage une nouvelle levée de fonds afin d’accélérer la phase de commercialisation de sa solution existante (en ce compris à l’international, ce qui requérera notamment la mise sur pied d’un réseau de partenaires indirects).
A priori, David Gillot se dit intéressé par tout futur investisseur potentiel (privé ou public). Toutefois, il affiche une certaine préférence pour “un partenaire qui nous ouvre des portes, qui nous permette de nouer des contacts et relations avec des opérateurs de parking…”
Premiers pays visés: les Pays-Bas (où la société compte déjà des clients) mais surtout la France.
L’expérience montoise
Une centaine de places “brandées” CommuniThings ont été aménagées à Mons (Grand-Rue et dans une rue proche de l’Hôtel de Ville). Durée du projet-pilote: deux mois.
Le principe: parking gratuit pendant 30 minutes, pour des achats rapides. Si le temps est écoulé et si un commerçant-partenaire n’octroie pas de rallonge (via scan d’un code QR dans le magasin), les contrôleurs/agents peuvent entre en jeu pour “verbaliser”.
“On a d’ores et déjà pu noter un effet positif sur la rotation des véhicules au centre ville, dans le quartier commerçant concerné”, indique David Gillot.
“Avant le déploiement de notre solution, le taux moyen de “rotation” de véhicules était de 2,7 voitures par pour. Il est désormais de 14.”
Autrement dit, plus de mouvements et de passages de clients potentiels; plus de business pour les commerçants. Même si cela rapporte éventuellement moins à la ville, en termes de paiement de parkings, le commerce en profite. C’est en tout cas le raisonnement suivi et défendu. “Notre solution s’avère en outre clairement moins coûteuse à déployer que la solution alternative qui consisterait pour une ville à créer des parkings additionnels…”, ajoute David Gillot. [ Retour au texte ]
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