Philippe Geuzaine (Cenaero): « faciliter l’accès à la simulation pour les PME »

Pratique
Par · 14/01/2013

“Depuis près de deux ans, Cenaero s’est restructuré en 10 équipes davantage orientées métier (turbomachines, mécanique, composites, énergie, biomédical…)”, déclare Philippe Geuzaine, directeur général de Cenaero depuis l’automne dernier [la nouvelle structure a fait l’objet d’un article antérieur]. 

“Notre but, ce faisant, est de mieux répondre aux besoins du marché, de nous positionner au plus près des besoins, de développer une vocation d’artisan qui procure des “solutions à façon” selon les besoins spécifiques.”

L’une des priorités stratégiques futures sera la mise à disposition d’expertise et de ressources aux PME locales.

“Nous voulons favoriser l’accès aux techniques et technologies de simulation tant aux grandes entreprises qu’aux plus petites structures. La mise à disposition d’expertises à de plus petites sociétés est un axe fort de notre stratégie. Un axe qui doit d’ailleurs encore progresser. Une quinzaine de PME, tout au plus, font aujourd’hui appel au Cenaero. Nous pouvons aller plus loin. Pour cela, nous allons notamment travailler avec les pôles de compétitivité et organiser des journées de sensibilisation afin de mieux informer et de déboucher sur le montage de projets, en collaboration avec des PME.”

Vers de nouveaux secteurs

Ce fut déjà le cas, en 2012, dans le secteur de la gestion énergétique des bâtiments, via, notamment, une adaptation et simplification des techniques de simulation existantes (CFD- Computational Fluid Dynamics) pour les rendre techniquement et financièrement abordables par le secteur du bâtiment et des bureaux d’étude.

C’est ainsi, par exemple, que les principes, techniques et méthodes de simulation numérique peuvent être exploités par des entreprises (petites ou grandes) pour étudier les procédés de désenfumage afin d’optimiser la construction d’un bâtiment “fire-friendly”, pour étudier les effets de la ventilation mécanique de salles et espaces de travail ou encore pour évaluer le confort de bâtiments.

Philippe Geuzaine: “La nouvelle structure permet à Cenaero d’opérer comme un artisan et de développer des “solutions à façon” selon les besoins spécifiques des divers pans de marché.”

La même philosophie sera appliquée à destination du secteur biomédical, activité naissante pour Cenaero. Cette nouvelle orientation peut, a priori, paraître étonnante venant d’un centre de recherche spécialisé, au départ, dans les simulations numériques à destination de l’aéronautique. Mais, comme c’est le cas en matière de gestion énergétique, il s’agit pour Cenaero d’essaimer et d’adapter techniques et méthodes.

C’est ainsi que son expertise, ses outils et ses capacités de calcul trouvent déjà leur application pour de la simulation numérique et de la caractérisation de stents (“structure tressée et donc complexe”) pour la société Cardiatis, implantée dans le parc d’activités Crealys, aux Isnes près de Gembloux, ou pour de la simulation de proton- et argonthérapie (pour IBA, à Louvain-la-Neuve).

Autre secteur nouveau visé par Cenaero: l’agro-alimentaire. Là encore, la conception et gestion énergétique des bâtiments sera l’un des angles d’attaque. Par exemple, via des solutions permettant de simuler la ventilation des locaux agricoles, les schémas de propagation d’odeurs…

Dans chaque cas (aéronautique avec SkyWin, gestion énergétique avec GreenWin, agrolimentaire avec Walagrim), les pôles de compétitivité wallons interviennent en support pour faciliter l’identification des cibles intéressées, sensibiliser les PME et acteurs locaux et organiser rencontres et séances d’information.

Festin teraflop

Autre “instrument” mis à disposition des PME régionales: la puissance de calcul du supercalculateur de Cenaero, qui, à court terme, bénéficiera d’une extension massive puisque le système actuel de 40 téraflops (Zénobe) se muera, sans doute dès le printemps, en un système “Tier-1” de l’ordre des 200 Téraflops. Voir l’article que nous consacrions à cette extension

La portion de système que les entreprises, grandes ou petites, pourront solliciter sera certes minoritaire par rapport aux nombre de processeurs réservés au Cenaero et au monde académique, mais la faculté d’exploiter la puissance de calcul de quelques centaines de processeurs, en mode mutualisé, devrait satisfaire nombre de besoins. Et ce, compte tenu du fait que les applications, développements et projets initiés par les PME ont rarement besoin d’une puissance de calcul mettant en oeuvre de grandes quantités de processeurs. A titre de comparaison, Cenaero ne sollicite actuellement que des lots de 512 ou 1.024 processeurs sur le système actuel. alors qu’il en compte 3.000.