Le programme d’accompagnement d’entrepreneurs et de porteurs de projet NEC (Namur Entrepreneurship Center) du BEP, le Bureau économique de la province de Namur, aura connu une importante évolution à l’occasion de la crise du coronavirus.
Mesures de confinement et de sécurité sanitaire obligent, le virtuel et l’“e-learning”, pour l’offre de conseils et la formation des porteurs de projets, sont devenus la règle. Et le BEP compte bien en faire la méthode par défaut à l’avenir, que l’on en revienne ou non à la situation ex-ante.
Certes, il a fallu transposer, adapter et rendre “consommables” en ligne les sessions d’accompagnement existantes – dans des matières telles que l’identification d’un marché, les clés de la recherche des premiers clients, la constitution d’une équipe, le marketing, la gestion financière, la comm’, la veille stratégique, les implications de l’internationalisation… – mais l’exercice auquel se sont ainsi livrés les conseillers du BEP a révélé quelques avantages de l’accompagnement “dématérialisé”. Des avantages qui continueront, à leur avis, d’être pertinents lors de l’“après-Covid” et le retour à la “normale” (quel qu’en soit le visage).
Parmi ces avantages, le fait que “cela procure davantage de flexibilité”, explique Laurence Gourgue, responsable du département Développement économique au BEP. “Les entrepreneurs et porteurs de projet ne sont plus obligés de se déplacer pour assister aux sessions de formation et d’accompagnement, chose qui pouvait leur poser des problèmes pratiques. L’e-learning leur permet en outre d’évoluer à leur propre rythme et permet de mieux organiser leur agenda.
Lors des sessions classiques, en présentiel, on constate en effet que tous les participants n’avancent pas au même rythme, notamment en raison de backgrounds différents. Avec l’apprentissage numérisé, à distance, chacun peut visionner le même module une dizaine de fois s’il le faut…”
Les candidats-entrepreneurs sont certes davantage laissés à eux-mêmes mais ne sont pas pour autant entièrement abandonnés à leur sort. Confrontés à l’une ou l’autre difficulté ou question suscitée par les contenus de la formation en-ligne, il leur est toujours possible d’entrer en contact direct avec un collaborateur du BEP, moyennant envoi d’un petit courriel.
Des contenus aménagés
Le programme d’accompagnement traditionnel du NEC, structuré en une dizaine d’ateliers présentiels, a donc été “converti” en modules virtuels. “Le programme a pour but d’aider et de guider le futur créateur d’entreprise à valider son idée, à la structurer, à tester sa motivation, à réfléchir au potentiel de marché de son idée, à valider les premiers chiffres, à réfléchir aussi à son propre profil d’entrepreneur.”
La parcours virtuel a été structuré en cinq étapes: devenir entrepreneur, c’est quoi? ; quel marché pour mon projet? ; quel business model? ; comment devenir l’entrepreneur idéal, ai-je les compétences nécessaires, comment constituer mon équipe? ; comment passer du papier à la réalité.
On n’ira pas jusqu’à dire que les contenus des modules sont “ludiques” mais un travail sur la forme et la présentation a été réalisé pour les rendre agréables, voire attractifs. Partenaire sollicité par le BEP? La société bruxelloise BePlus Learning, spécialisée en pédagogie et gestion de formations.
Contraindre les candidats-entrepreneurs à se coltiner de barbantes enfilades de diapos n’aurait comme effet que de les décourager rapidement. Les modules imaginés marient donc slides, capsules vidéo (ne dépassant pas trois minutes), portions en mode “canevas”, quizz, petits défis, et exercices pratiques (en mode graphique – où il s’agit par exemple de déplacer et de positionner des éléments de réponse à l’écran).
Pour que ces exercices (par exemple, l’énumération de son registre de compétences) ne restent pas lettre morte, l’apprenant est invité à procéder à une capture d’écran de son “canevas”. Deux objectifs à ce stade: sauvegarder en-ligne une trace de son auto-apprentissage et constituer un dossier qui sera envoyé, en fin de formation, au BEP pour analyse, feedback et passage à l’étape suivante (par exemple, un accompagnement personnalisé ou une réorientation vers une autre structure).
Toujours dans le but de rendre l’auto-formation motivante, les modules sont émaillés de diapos ou de petits messages d’encouragement.
Deux étapes-pilote
Sur papier, le scénario d’e-learning imaginé par le BEP (avec l’aide de BePlus) pouvait sembler au point. Encore fallait-il vérifier qu’il répondait réellement aux besoins et attentes des candidats entrepreneurs, quel que soit leur profil, leur domaine d’activité ou quels que soient leur niveau de compétences ou leur familiarité avec des outils virtuels.
Les premiers “cobayes” furent des étudiants-entrepreneurs. “Une session de sélection de projets était prévue en début d’année par un incubateur étudiants. Leur comité de sélection a eu recours à l’outil en-ligne que nous avions développé afin de valider les hypothèses de sélection qu’ils avaient déjà formulées.”
Les étudiants, eux-mêmes, ont pu jauger l’outil et formuler quelques remarques et propositions. Exemples? Une intégration plus forte des sections “canevas” (pour éviter de devoir changer d’outil pour ce genre d’exercice), la nécessité d’agrémenter le parcours d’éléments d’encouragement (avec avatars) ou encore une meilleure évaluation du temps nécessaire pour terminer chaque module…
Un deuxième test grandeur nature a été réalisé, dans le cadre du programme NEC, avec des porteurs de projet plus âgés, déjà engagés dans la vie professionnelle ou en quête d’emploi ou de réorientation professionnelle. 46 personnes y ont participé. Dans l’ensemble, déclare Laurence Gourgue, “le design de l’outil les a convaincu ainsi que la flexibilité que procure le parcours en virtuel. Nous continuerons d’évaluer si des aménagements sont encore nécessaires.”
Rien qu’un début…
L’outil en tout cas a convaincu la Sowalfin, qui y voit une mise en pratique concrète du message qu’elle veut relayer. A savoir, encourager le partage et la mutualisation des outils de l’accompagnement des entreprises. Un référentiel de produits et d’outils est d’ailleurs en cours de création.
“Dans ce contexte, la numérisation accrue et l’adaptation des métiers de l’accompagnement, permettant aux entrepreneurs de faire preuve d’agilité dans la gestion de leurs activités, constitue une évolution intéressante”, déclare-t-on à la Sowalfin. “L’outil développé par le BEP pourrait inspirer ses homologues dans d’autres territoires en Wallonie… Toutes les bonnes expériences de terrain, au niveau des différentes agences de développement territorial, méritent d’être mises en avant, promues, partagées avec d’autres acteurs dans d’autres zones de la Région.”
Par ailleurs, l’expérience-pilote avec les étudiants-entrepreneurs a été jugée convaincante. A telle enseigne que les différents incubateurs-étudiants wallons (LinKube à Namur, Yncubator à Louvain-la-Neuve…) ont décidé d’inclure l’outil dans leur catalogue et de se mettre, eux aussi, au virtuel pour l’accompagnement des projets-étudiants…
Sowalfin: “Toutes les bonnes expériences de terrain, au niveau des différentes agences de développement territorial, méritent d’être mises en avant, promues, partagées avec d’autres acteurs dans d’autres zones de la Région.”
Quant au BEP, il a l’intention de poursuivre son exercice de numérisation de son catalogue d’accompagnement. Au-delà donc du seul programme NEC…
De nouveaux parcours virtuels viendront s’ajouter progressivement au catalogue. Dès cette année, le BEP s’attaquera à la numérisation du thème Intelligence stratégique. En 2021, ce sera le tour de l’accompagnement à l’internationalisation et à la stratégie commerciale. En 2022, on dématérialisera les ressources orientées modèles d’affaires et coaching de l’entrepreneur.
Pour ce faire, le BEP se fera épauler par deux sociétés: AC Media et Thinkific.
Un présentiel réduit mais toujours au programme
Si les modules de formation (initiale) en e-learning deviennent la norme, pour cette étape préalable d’accompagnement des néo-entrepreneurs, le présentiel demeurera l’un des outils de l’accompagnement global pratiqué par le BEP via son programme NEC – et au-delà.
“Les séances en présentiel seront réorientées vers la pratique concrète et l’échange entre participants, deux éléments essentiels permettant à l’entrepreneur de se tester et de partager son expérience avec des pairs.”
D’une part, les porteurs de projet qui le désirent pourront bénéficier d’un accompagnement individuel. De l’autre, des séances, certes de durée plus courte, continueront d’être organisées afin de permettre aux (futurs) entrepreneurs d’échanger idées et expériences. “Le réseautage se fera encore en présentiel, lors de sessions organisées sans doute en soirée, d’une durée d’une heure ou deux. Les ateliers en présentiel resteront de mise pour les besoins récurrents.” Lisez, pour les besoins communs à plusieurs ou à la totalité des candidats-entrepreneurs.
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