Dans ce troisième article dédié au Baromètre 2021 de la maturité numérique des citoyens wallons, nous passons en revue certains des constats et éléments majeurs qui se dégagent de l’étude. A savoir: taux d’équipement ; modes de communication ; télétravail ; procédures administratives ; commerce électronique…
Nos béquilles numériques
Progression (encore et toujours) du côté du taux de pénétration du smartphone: désormais 85% des citoyens wallons en ont un (ce qui représente une progression de 10 points en l’espace de deux ans).
Le “téléphone intelligent” (disons plutôt connecté et multi-tâches) écrase désormais son prédécesseur – le simple GSM – dans toutes les catégories d’âge, à l’exception des plus de 75 ans qui font de la résistance… A noter toutefois que 35% de ce dernier groupe d’âge est bel et bien pourvu d’un smartphone.
Par ailleurs, 49% des répondants disent posséder à la fois un ordinateur, une tablette et un smartphone.
Petit coup d’œil vers les équipements informatiques: sans surprise, l’ordinateur fixe ne reprend pas du poil de la bête, sa part de marché continuant de s’effriter. Les ordinateurs portables progressent légèrement, que ce soit en taux de pénétration global ou de nombre de dispositifs par ménage (la moyenne est désormais de 1,51 par foyer). L’utilisation de la tablette, elle, semble plafonner.
Les ménages totalement vierges en “terminaux” (ordinateur, portable, tablette ou smartphone) sont sensiblement moins nombreux qu’il y a deux ans. On n’en dénombre plus que 4% (selon l’échantillon de population ayant contribué à l’élaboration du Baromètre), contre 10% en 2019.
Le confinement et les modifications d’habitudes qu’il a induites (que ce soit dans le privé ou dans la sphère professionnelle) ont poussé 18% des ménages wallons à s’équiper en outils numériques. Les motivations telles qu’annoncées? En majorité pour le travail (42% des réponses ou les études (57%) tandis que 12% disent l’avoir fait “pour garder le contact”.
A notre ici que ce “passage à l’acte” n’a pas nécessairement impliqué un achat et l’ouverture de la bourse. En effet, 29% des réponses correspondent à un équipement reçu de l’employeur. A ranger dès lors au rayon (télé)travail.
Pour 9% des ménages comptant des enfants et des personnes actives, l’équipement est jugé insuffisant pour supporter à la fois télétravail et études et les besoins de plate-forme de communication que cela suppose.
La fréquentation d’Internet – quelle que soit la motivation – s’est faite quotidienne pour 90% des personnes interrogées – un clair changement d’habitude pour de très nombreuses catégories de citoyens. “Il est remarquable de constater”, souligne le rapport de l’AdN, “que la progression dans l’usage d’Internet s’est produite dans toutes les classes d’âge et dans tous les niveaux d’éducation, avec bien sûr une évolution un peu plus sensible dans les populations qui étaient moins utilisatrices, en l’occurrence les personnes plus âgées et celles avec un plus faible niveau d’éducation.”
Voir ci-dessous le tableau synoptique épinglant les 14 types d’usage qui ont le plus progressé (au-delà des 25% de progression).
Source: AdN / Digital Wallonia
Des communications toujours moins “conventionnelles”
En l’espace de deux ans, Internet (et les différentes infrastructures, solutions ou applications qui en font leur fond de commerce) a séduit un nombre sensiblement accru de citoyens wallons en termes de support de téléphonie ou de visioconférence.
La progression est de 30% pour la téléphonie (passant par des solutions telles que Skype, Google Talk, Messenger…) et un bond en avant de 52% pour la visio – sans doute dû pour une bonne part à l’effet confinement.
Un phénomène similaire est à l’oeuvre du côté des pratiques bancaires puisque 59% des citoyens interrogés (contre 54% en 2019) disent avoir procédé à des virements bancaires via un canal numérique ces deux dernières années et, dans 64% des cas, l’un des médias utilisés est celui du smartphone (contre seulement 43% en 2019).
Utilisation professionnelle ou éducative
Sans doute (à nouveau) sous l’influence du confinement, on relève une progression assez sensible de l’utilisation d’applications bureautiques en-ligne (+8%) en l’espace de deux ans – de quoi concerner désormais un tiers des répondants.
Confier ses données au cloud semble également être perçu plus favorablement qu’il y a deux ans puisque 24% des personnes interrogées disent le faire (ou l’avoir fait).
Les nouvelles habitudes tiendront-elles la distance dans l’“après-Covid”? “43% seulement des personnes qui ont augmenté leurs usages du numérique à cause de la crise sanitaire envisagent de continuer à utiliser aussi intensivement ces outils.”
Les cours en distanciel (forcément, direz-vous) ont eux aussi connu une progression mais nettement moins forte qu’on aurait pu s’y attendre. En 2019, 22% des personnes interrogées répondaient affirmativement à la question. En 2021, le pourcentage n’est encore que de 28%.
Télétravail. Autorisé et/ou choisi?
55% des employeurs wallons disent désormais l’“autoriser” – alors que le pourcentage n’était encore que de 38% en 2019. L’enquête de l’AdN n’a pas poussé l’analyse jusqu’à demander combien de jours de télétravail étaient autorisés par semaine – les contraintes sanitaires rendant cette perspective d’analyse non pertinente. Par contre, il sera utile de se pencher sur cette question dans la période d’après-Covid…
Question par contre pertinente et, dans une certaine mesure, révélatrice. Ce télétravail imposé par les circonstances a-t-il été adopté?
La réponse est résolument positive – du genre “télétravail systématique” – pour 50% des employés et personnes actives interrogé(e)s. A souligner ici que les ouvriers, évidemment, n’entrent pas en ligne de compte pour ce genre de question…
Le télétravail demeure considéré comme “incompatible avec le métier” par 37% des responsables interrogés.
Le télétravail partiel a été pratiqué par 45% des répondants.
Mais l’on rencontre donc malgré tout, du côté des 55% d’entreprises qui avaient autorisé le télétravail, 5% de personnes actives qui disent ne “jamais” avoir eu recours au travail à distance. Qui sont ces réfractaires? L’enquête de l’AdN n’a pas tenté d’établir leur profil. Une hypothèse (mais qui reste donc à vérifier) est que ces personnes correspondent à la catégorie “insoumis”. A moins qu’il ne s’agisse d’“éloignés”, en réelle rupture numérique pour cause de manque d’équipement, de connexion ou de compétences. Pour comprendre la signification de ces catégories (“insoumis”, “éloignés”, relire le premier article de cette petite série consacrée au Baromètre de l’AdN.
Services administratifs dématérialisés
Pas de changement (ou minime) dans les comportements des citoyens wallons lorsqu’il s’agit de consulter ou de recourir aux sites Internet des administrations – qu’elles soient locales (communales/municipales), provinciales, régionales ou nationales.
On ne relève aucune progression dans la consultation (globale) de sites Internet communaux mais, par contre, une légère progression du taux de fréquentation du site de la Fédération Wallonie-Bruxelles, passé de 22 à 28% – “ce qui témoigne probablement d’une recherche d’informations liées à l’enseignement et à la culture dans le cadre de la pandémie.”
Un exemple de cette faible progression: les déclarations en ligne ont progressé, en chiffres absolus, de 3%, passant de 29% en 2019 à 32% en 20210/2021.
On en dégage donc un sentiment mitigé… que l’AdN veut colorer d’un plus grand optimisme en soulignant qu’en termes relatifs, la progression a été de 10%).
Explication? Tout dépend du taux d’utilisation qui était atteint. Petite démonstration…
Si le taux de 2019 avait été, disons de 6% et que l’on avait progressé de 3%, on aurait pu parler d’une progression relative de 50%.
Ici, on partait de 29%. En termes relatifs, la progression est donc moindre mais encore assez marquée. On se console comme on peut (dans le cas présent)…
Voici le tableau chiffré de l’utilisation des applications administratives, avec évaluation en “progression relative”, tel que dressé par l’AdN.
Source: AdN / Digital Wallonia.
Commerce électronique
Ici encore, il faudra vérifier dans quelle mesure “l’effet Covid” sera durable ou ne sera qu’un “blip” sur les radars statistiques. Toujours est-il qu’au cours de ces deux dernières années, une progression non négligeable est au rendez-vous. Si 36% disent ne pas avoir modifié leurs habitudes d’achats en-ligne, 17% ont élargi le spectre des produits achetés et 22% disent même avoir “significativement augmenté leurs achats”. A noter qu’il est impossible (et que la tentative n’a pas été faite) de chiffrer cette notion d’augmentation “significative”. C’est du pur ressenti de la part des personnes interrogées. Mais il est frai, qu’en raison du confinement et de la fermeture prolongée des enseignes; commerces et services en tous genres, le citoyen n’a eu d’autre choix que d’appuyer sur la pédale de ses achats en-ligne…
Parmi ces nouveaux gloutons de la commande en-ligne, 5% (seulement, serait-on tenté de dire) se sont laissés tenter pour la première fois.
Source: AdN / Digital Wallonia.
Au total, 69% des Wallons disent avoir effectué un achat en-ligne au cours des deux dernières années, soit une progression de 8%. Les habitudes, en termes de contexte d’achat, évoluent également puisque 43% se sont tournés vers leur smartphone pour effectuer l’achat (+ 16%).
Petit constat anecdotique: les femmes semblent être plus favorables à des achats via smartphone que les hommes (83% contre 75%).
Usage des réseaux sociaux
Facebook demeure, de très loin, le réseau social le plus fréquenté et utilisé (score: 65% des citoyens sondés cochent cette case). Suivent à distance respectable: Instagram (25%), Snapchat (17%), deux réseaux qui progressent par ailleurs.
Nettement plus orienté professionnel, LinkedIn ne progresse quasiment pas, devant se contenter d’un maigre 9% des réponses. Ce qui est toutefois mieux (!) que Twitter avec ses 7%.
L’étude de l’AdN a poussé l’analyse des préférences de réseaux sociaux selon les catégories d’âge et le genre, mais aussi selon le niveau d’études. A cet égard, il relève “une préférence évidente pour Twitter, LinkedIn mais aussi Pinterest chez les personnes diplômées de l’enseignement supérieur ou universitaire, tandis qu’Instagram, Twitch, Snapchat et TikTok sont préférés par les personnes ayant un diplôme de l’enseignement secondaire inférieur.”
Perception des enjeux
Terminons par une nouveauté introduite pour l’édition 2021 du Baromètre de maturité numérique du citoyen: la perception qu’il a des enjeux du numérique en général (vie privée, intérêt de l’intelligence artificielle, fake news, dépendance vis-à-vis des dispositifs numériques, impact environnemental…).
Découvrez-nous sur Facebook
Suivez-nous sur Twitter
Retrouvez-nous sur LinkedIn
Régional-IT est affilié au portail d’infos Tribu Médias.