Les lieux et dates des quatre premiers ateliers Digital Commerce que la Région wallonne destine aux commerçants de proximité afin de les mettre sur le pas de tir du numérique sont connus. Pour rappel, ce nouveau programme de sensibilisation/formation à quelques bonnes pratiques numériques est co-organisé par l’AdN et le SNI (Syndicat Neutre des Indépendants). Relire notre article récent pour plus de détails.
On en connaît désormais les premières modalités. Les quatre premiers ateliers (sur un total à programmer de 30 sessions) se dérouleront:
– le 23 avril, à Tournai
– le 2 mai, à Jambes (près de Namur)
– le 7 mai à Braine-l’Alleud
– le 9 mai à Chatelet (près de Charleroi).
Les lieux exacts doivent encore être communiqués par le SNI. Une question de jours, nous promet-on…
Pour rappel, au total 30 ateliers sont programmés à travers toute la Wallonie de fin avril à la mi-juin et de septembre à la mi ou fin novembre. Budget débloqué pour les différents aspects du programme par la Région (événement de lancement, ateliers, suivi, plate-forme d’e-learning…): 300.000 euros.
Le contenu, comme prévu, s’articulera autour de cinq thèmes:
– réservation en-ligne et prise de rendez-vous automatisée
– gestion (des cartes) de fidélité
– paiements sans contact
– utilisation (professionnelle) des réseaux sociaux pour des actions de marketing
– gestion commerciale et gestion des stocks.
Anabelle Kinet (coach pour le programme Digital Commerce): “Le but premier des ateliers est de procurer aux commerçants de proximité les connaissances de base dont ils ont besoin pour identifier leurs réels besoins.”
Autre petite précision donnée, lors de la conférence de lancement, par Gérald Trokart, l’un des deux coachs désignés: pour rendre les choses plus concrètes et aider les participants à passer à l’action, ils s’en retourneront avec une petit clé USB qui comportera notamment une “to do list”. En l’occurrence, un pense-bête reprenant les choses élémentaires à prévoir pour s’engager efficacement en-ligne. “Des petites choses auxquelles les commerçants ne pensent pas forcément d’emblée, à savoir un logo, des photos de leur espace de vente, une visualisation de leur enseigne, de leurs produits…”
Basique de chez basique. Mais ce petit bout de métal n’est qu’un premier outil. L’essentiel pour les participants sera de prolonger la séance d’apprentissage (en deux heures et demi, impossible de faire le tour ne serait-ce que des cinq thèmes prévus). C’est à cela que servira la plate-forme d’e-learning (une version adaptée de la solution UpPoint) actuellement en préparation. Elle sera opérationnelle à partir du 23 avril, accessible via le site Digital Wallonia.
Ils y trouveront des tutoriels, des modules correspondant aux sujets abordés lors des ateliers, des exercices permettant d’évaluer leur propre “maturité” numérique… Pour chaque thème, les modules seront découpés en quelques séances de courte durée que les commerçants, une fois inscrits sur la plate-forme, pourront “consommer” à leur rythme.
On promet par ailleurs qu’en dehors des contenus proposés, la plate-forme permettra et invitera également aux échanges, au relais de questions encore sans réponse portant sur l’utilisation des outils liés au commerce numérique. C’est le SNI qui sera aux manettes pour le suivi. Selon le type de questions, il sollicitera les deux “coachs”, répondra lui-même à certaines questions – du moins celles qui ne concernent pas, de manière spécifique, tel ou tel type de matériel ou de logiciel – ou réorientera vers d’autres acteurs (par exemple pour des informations sur les chèques-entreprise).
Echo de la journée de lancement
Pour informer commerçants et “opérateurs encadrants” (Association Centre-Ville, ALE…) des objectifs et modalités de cette campagne Digital Commerce, l’AdN et le SNI avaient organisé une matinée d’information au cours de laquelle plusieurs associations centre-ville et commerçants sont venus témoigner des mesures qu’ils avaient déjà mises en place ou des projets qu’ils avaient lancé.
Voici un petit florilège de réflexions et conseils qui ont émaillés exposés et tables rondes.
Jean-Luc Vasseur (Commerce Liégeois): “Le numérique, comme outil de redynamisation des commerces de proximité et des centres-villes, ne se conçoit pas comme une démarche isolée. Il faut attaquer de front la problématique commerces, culture et tourisme, développer une stratégie alliant visibilité des commerces de proximité, infrastructure WiFi, accessibilité pour les personnes à mobilité réduite, aide à la mobilité et au parking…”
Olivier Leclercq (échevin au commerce pour la ville de Hannut): “Il est important de construire une stratégie en impliquant tout le monde, afin de définir un cadre clair. L’accompagnement des commerçants du centre-ville est par ailleurs nécessaire, en plus de l’offre initiale d’une plate-forme
[Ndlr: à noter ici que la ville a opté pour la solution Joyn, en prenant en charge 100% des frais d’abonnements la première année, avant de réduire son intervention – 50% la deuxième année, aucune contribution financière de la Ville dès la troisième année. A ce jour, 48 commerces du centre-ville ont saisi l’opportunité “mais n’utilisent encore qu’environ 20% des fonctionnalités de la plate-forme. Son potentiel de prospection par exemple n’est pas encore sollicité…”].
La Ville ou l’Association Centre-Ville doit déployer un ensemble de services pour aider à préparer le terrain, avant que les commerçants ne passent à l’acte.”
Jean-Luc Vasseur (Commerce Liégeois) abonde dans son sens. L’expérience a en effet prouver que concocter des fiches signalétiques pour les quelque 4.400 commerçants du centre-ville et les “poster” sur la plate-forme ne suffisait pas à créer une dynamique [Ndlr: l’Association a choisi la solution NearShop ainsi que l’appli Wallonie en Poche]. Les commerçants ne prenaient pas le relais pour alimenter et mettre à jour leur espace en-ligne. L’Association a dès lors prévu des séances de formation régulières et a désigné une personne, chargée spécifiquement de relancer les commerçants, “afin d’activer une alimentation plus dynamique des présences en-ligne.”
A Hannut aussi, la Ville devra veiller à assurer un suivi et les nécessaires “piqûres de rappel”. “Il faut un accompagnement technologique important, répété, récurrent.”
Jean-Claude Bernard, président de Tournai Commerce, estime lui aussi qu’il faut “prévoir un accompagnement plus affiné, sur base d’une analyse supplémentaire.”
Jean-Luc Vasseur (Commerce Liégeois): “Les partenaires informatiques choisis doivent collaborer entre eux, autoriser le partage de données entre leurs plates-formes, pour éviter que chaque commerçant ne doivent réencoder plusieurs fois les mêmes informations.”
Olivier Leclercq (Hannut): “Une dimension nouvelle, qui représente un changement majeur, est le fait que le commerçant indépendant doit désormais être un commerçant-entrepreneur. Il est vital pour lui d’être un spécialiste sur son créneau, de faire face aux importants défis, numériques inclus. Il doit développer une série de services, en ce compris dans le registre logistique, dynamiser sa vitrine…”
Jean-Claude Bernard (Tournai Commerce): “Pour surmonte la dimension d’inconnu que recèle le numérique, rien de tel que de montrer des exemples d’autres commerçants qui se sont engagés dans cette évolution. Voir des commerçants qui ont mis le pied à l’étrier peut amener les autres à se dire que cela peut aussi être intéressant pour eux.”
Les commerçants et les réseaux sociaux
Charlotte Miotto (Menino, boutique de chaussures d’enfants, Namur): “J’utilise activement Facebook et j’ai également ajouté Instagram à la démarche. Les réseaux sociaux sont devenus ma troisième vitrine” [en plus de la boutique ”en dur” et de son site d’e-commerce qu’elle a choisi de développer avec la solution Shopify, ne pouvant, au départ, se payer les services d’une agence].
Même démarche du côté de Marie Lambert (L’Olifant, magasin de jouets, Liège). Elle utilise à la fois Facebook, Twitter, Instagram et Pinterest. “Cela fait partie de mon démarchage et le chiffre d’affaires s’en ressent.”
Pour tous les participants au panel, une présence en-ligne, via une e-boutique, appuyée par une utilisation des réseaux sociaux, vaut la peine qu’on y consacre du temps – même si cela peut être lourd. C’est (relativement) gratuit et cela apporte de la visibilité. Parfois, les gens découvrent soudain une enseigne qui existait pourtant parfois depuis des années, pas très loin de chez eux.
Mais attention de ne pas en espérer la lune à court terme. “Il faut un an ou deux afin de déterminer si un site d’e-commerce rapporte réellement, en ce compris en pratiquant le référencement naturel”, prévient Sébastien Molitor (M-Médicale, dispositifs médicaux et para-médicaux, Ciney).
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