Fin novembre, pendant une semaine, l’“Opération WallCode” a permis à un peu plus de 3.500 élèves du primaire et du secondaire, venus essentiellement de Wallonie, (voir note de bas de page) de faire connaissance, de manière plus ou moins ludique, avec les rudiments de la programmation et de la logique algorithmique.
Pour la plupart, et en particulier pour les élèves du primaire, c’était là un premier contact avec ce monde
apparemment si rébarbatif. Seules quelques classes qui ont participé aux activités organisées par le Pass faisaient sans doute exception dans la mesure où elles avaient déjà participé auparavant à l’une ou l’autre activité planifiée par l’Heure du Code.
Un tremplin?
Dans les commentaires d’après-événement qu’ont émis les organisateurs de WallCode, on trouve notamment celui-ci: “le véritable enjeu n’est pas technologique, c’est le changement de posture de l’enseignant, la promotion des pédagogies actives, l’apprentissage par projet/problème.” La semaine WallCode avait en effet pour objectif d’éveiller de l’intérêt, de faire tomber certains a priori, tant du côté des plus jeunes que de leurs enseignants.
Un regret sans doute (faute de temps et de moyens?): rien de spécifique, en termes de sensibilisation ou de formation, n’avait été organisé pour les professeurs, alors qu’il s’agit là d’un axe essentiel qui faisait d’ailleurs partie des intentions premières.
Par ailleurs, la séance de pré-briefing qui avait été prévue en amont a, de ce point de vue-là, été un flop. Seulement… deux professeurs s’y sont pointés. “Un problème d’organisation de notre côté sans doute”, reconnaît Céline Colas, présidente de Kodo Wallonie et co-organisatrice des ateliers et clubs de programmation CoderDojo. “La communication en amont n’a pas été suffisamment large. Nous sommes trop restés dans le cadre dans nos réseaux respectifs.”
Toutefois, lors des activités proprement dites, le simple fait que les enseignants se soient retrouvés impliqués, en accompagnant leurs jeunes têtes blondes, peut servir de détonateur, espère Céline Colas. “Le but était avant tout de donner aux enseignants les outils leur permettant de pousser plus loin l’initiative. Nous n’avons certes pas eu le temps de rentrer dans les détails mais ils ont vu comment nous utilisions nous-mêmes les différents outils. Il y a aussi eu des échanges entre les animateurs et les professeurs. Et, par ailleurs, les outils peuvent être utilisés à d’autres choses que l’initiation à la programmation…”
“Aller plus loin”
L’évaluation des activités de la semaine WallCode est encore en cours mais, selon les premiers commentaires recueillis, les participants – en ce compris du côté des enseignants – semblent désireux d’“aller plus loin.” Et cela implique notamment une formation pour les enseignants et l’inclusion de la programmation dans le parcours de formation. Reste à trouver les moyens…
Céline Colas: « Lecteur privé est un interlocuteur intéressant pour un soutien dans la mesure où il comprend le problème et les besoins.”
Dans quelle mesure le Pacte d’Excellence pourra-t-il apporter une réponse? Quelles seront les ressources que mettra à disposition le gouvernement de la Communauté française et/ou son homologue wallon? Et à quel terme? Impossible, à ce stade, de le déterminer.
Les acteurs de terrain attendront-ils?
Du côté de l’asbl Kodo Wallonie, on semble bien décidé à ne pas baisser les bras. “Si cela ne se fait pas officiellement, nous essaierons de pallier aux besoins en trouvant les moyens qu’il faut”, déclare Céline Colas. Les pays anglo-saxons, la France, la Flandre ont pris de l’avance en matière d’initiation précoce à la programmation mais ont aussi trouvé des organismes prêts à se retrousser les manches, tant dans l’environnement scolaire qu’en dehors. Semer la petite graine du numérique, c’est aussi une question de volonté…
Même si des organismes tels que Kodo Wallonie veulent prendre les choses en mains, on en revient toujours à la même question fondamentale des moyens. Où les trouver?
Quelques pistes sont à l’étude. Par exemple auprès de programmes existants, comme au Pass, ou à un niveau nettement plus global, comme l’initiative Code Week, indépendante mais soutenue par l’Union européenne.
Sans oublier le privé. “C’est un interlocuteur intéressant pour un soutien dans la mesure où il comprend le problème et les besoins”, estime Céline Colas.
CoderDojo cherchent soutiens…
C’est notamment dans la recherche de soutiens privés que s’est lancée l’initiative CoderDojo Wallonie (en Flandre, l’un de ses grands sponsors n’est autre que Telenet). “Nous sommes en recherche perpétuelle d’un soutien privé.” Le support public, lui, fait totalement défaut – hormis, et c’est appréciable, la prise en charge des frais de locaux mis à disposition dans le cadre des EPN (espaces publics numériques).
Céline Colas: “être enfin reconnu pour ce que nous faisons et ne pas uniquement pallier ce que le public ne fait pas.”
La subvention accordée par le cabinet du ministre Marcourt pour l’organisation de la semaine WallCode fait donc encore figure d’exception. Un cabinet poussé dans le dos, soulignons-le, par quelques convaincus, du côté notamment de l’Agence du Numérique…
L’absence d’implication du secteur public n’a pas empêché les deux premiers clubs CoderDojo wallons, à Liège et à Mons, de prendre un départ jugé intéressant. Une vingtaine de bénévoles s’y sont engagés depuis un an.
A Liège, premier à sortir des starting blocks, les organisateurs ont accueillis deux groupes, représentant en 2016 un total d’une septantaine de participants (tranche d’âge: 7-17 ans).
“Notre espoir est d’ouvrir l’activité à des enfants plus éloignés des technologies. Jusqu’à présent, les participants étaient déjà assez bien plongés dans le numérique, souvent parce que leurs parents sont eux-mêmes informaticiens ou ont des professions de plus haut niveau. A l’avenir, le but sera aussi de viser une population plus défavorisée.”
Partenaire principal du CoderDojo liégeois: LeanSquare. “Nous commençons à démarcher d’autres partenaires liégeois potentiels”, ajoute Céline Colas. Essentiellement du côté des acteurs technologiques mais la tâche ne s’annonce pas facile. “Même si l’expérience est déjà assez bien connue et a fait ses preuves, il y a toujours une réticence à miser sur une asbl.”
Kodo Wallonie doit donc aussi compter sur les parents, sur de petits donateurs. Tout est le bienvenu: matériels, logiciels, mise à disposition d’un local ou d’une tranche horaire épisodique par une école…
Les communes sont aussi sollicitées, notamment celles dont relèvent les EPN. “Le prêt d’un local, ce n’est pas grand-chose et c’est quasiment gratuit pour elles. Mais cela peut être déterminant. C’est ainsi, par exemple, que j’ai pu faire une démarche au profit d’une école démunie en termes numériques.” Et d’ajouter: “je ne demande pas grand-chose. Juste qu’on m’ouvre une porte et qu’on me fasse confiance…”
A Mons, le CoderDojo est né d’une volonté d’anciens stagiaires du MIC (Microsoft Innovation Center) désireux d’allumer la mèche auprès d’une population plus jeune. Le MIC a embrayé, apportant locaux, matériels, logistique…
Céline Colas (Kodo Wallonie): “Notre espoir est que le public, en particulier la Communauté française, s’aperçoive enfin de notre utilité, en ce compris en extra-scolaire, et d’être enfin reconnu pour ce que nous faisons. Cela nous permettrait de ne pas devoir perpétuer la situation actuelle, où nous pallions à ce que le public ne fait pas.”
D’autres CoderDojo sont annoncés ou en phase de démarrage. Une antenne, animée par une dizaine de mentors, est ainsi en cours de création à Louvain-la-Neuve. Elle sera hébergée dans l’espace de Coworking.
A Charleroi, le lancement a connu quelques ratés. Contrairement à l’approche classique qui passe par une volonté émanant des acteurs locaux, l’idée d’y implanter un programme était venue “d’en haut” (d’acteurs proches des autorités régionales). Si le lieu est connu (l’espace de coworking Switch), l’équipe, elle, a eu du mal à se constituer. L’espoir est d’y parvenir dans le courant de ce premier semestre 2017.
Et en 2017?
Chose d’ores et déjà acquise: il y aura bel et bien une édition 2017 de la semaine WallCode.
Cette année, elle se déroulera à la même époque que la Code Week européenne (mi-octobre), “ce qui devrait nous donner davantage de visibilité” – et attirer davantage de supports pour mettre en oeuvre l’initiative locale. “Notre but est de toucher, cette année, un maximum d’écoles et d’acteurs et ce, de manière plus efficace. Notamment en nous y prenant plus tôt qu’en 2016.”
Des contacts ont en outre été noués avec le monde universitaire afin de créer des formations en programmation pour les enseignants.
Kodo Wallonie, Le Pass, CoderDojo (Liège, Mons et Waterloo), Interface3 Namur, CLL, Devoxx, ICTeam-UCL, HeCh (Haute Ecole Charlemagne), Henallux, Technobel, MIC Mons, Class Boost…
Plus de 3.500 élèves du primaire et du secondaire ont participé aux activités organisées par les différents acteurs. Le primaire fut légèrement majoritaire, avec 1.719 inscrits.
Le Pass, à lui seul, a accueilli 998 élèves.
A ce chiffre sont encore venus s’ajouter, mais sans qu’un décompte précis soit possible, les actions, non encadrées par WallCode, que des professeurs ont menées de leurs côtés, avec leurs propres moyens.
Les activités
Les élèves ont eu l’occasion de participer à divers ateliers (durée moyenne: une heure ou deux) leur permettant de “jouer” à programmer des robots (Thymio…), d’utiliser les outils d’initiation que l’on trouve en-ligne sur le site Heure du Code), ou des outils plus sophistiqués tels que Scratch ou Blockly pour l’apprentissage de la programmation. [ Retour au texte ]
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