Quand il s’agit de la “transformation numérique” des pouvoirs locaux (administrations communales, services afférents), d’adoption de solutions numériques et d’“acculturation” à l’utilisation efficace et novatrice des gisements de données, la tâche de conviction et d’on-boarding, comme disent les Anglo-Saxons, semble un petit supplice digne de Sisyphe.
En dépit de campagnes de sensibilisation, de projets-pilote lancés (parfois d’ailleurs avec bonheur mais se limitant encore trop aux seuls “convaincus”), les villes et communes se sentent encore démunies, impuissantes, face à l’appropriation de nouveaux outils et processus, ne sachant trop comment s’y prendre ou ce qu’elles peuvent espérer en retirer.
“Nous nous sommes donc penché à nouveau sur la méthode. L’évangélisation ne suffit pas. Il s’agit d’accélérer réellement l’acquisition de compétences des villes et communes dans le champ de l’open data. De mettre réellement le pied à l’étrier des villes et communes”, nous déclarait, en septembre dernier, Nicolas Installé, directeur de FuturoCité, l’un des deux centres de référence wallons en matière de Smart City/Smart Region.
La nouvelle “méthode” imaginée prend la forme du programme en 5 étapes “Ouvrir la ville”, dont nous vous parlions ici.
“Parce que les administrations locales, souvent, ne savent pas comment s’y prendre ou par quoi commencer, nous avons choisi de partir du concret, en identifiant tout d’abord avec chaque ville ou commune intéressée les thématiques qui sont réellement prioritaires pour chacune d’elles et, après avoir identifier les données nécessaires – qu’elles soient déjà existantes ou soient plus aisément accessibles, choisir un projet”.
Le programme de formations et d’accompagnement concret s’inscrit dans un temps relativement long – de quatre à cinq mois.
Aujourd’hui, ce programme “Ouvrir ma ville” en est arrivé au stade 3 de son périple. A savoir, celui des formations à l’open data, toujours sous une angle d’attaque tangible, basé sur des sujets concrets, intéressant directement les participants.
Ces formations ont trait à la recherche et identification des jeux de données pertinents, à la manière d’en assurer la qualité, à apprendre à les publier correctement sur le portail open data ODWB (Open Data Wallonie-Bruxelles).
16 participants
16 administrations ont “mordu à l’hameçon” (voir encadré ci-dessous) et bénéficient donc non seulement d’un accompagnement mais effectueront tout le “trajet” – en ce compris la participation au hackathon “Hack Your City” qui se déroulera du 3 au 5 février 2021.
Dans l’intervalle, entre la fin de leurs sessions de formation et le concours de développement de prototypes, les villes et communes participantes devront avoir choisi, “nettoyé” les jeux de données qu’ils désirent “ouvrir” et publier sur le portail.
Dans le même temps, elles devront avoir imaginé un projet, un “défi”, sur lequel plancheront les équipes de développeurs, designers et autres concepteurs de modèles qui se constitueront pour le hackathon (qui, signalons-le au passage, se déroulera de manière entièrement virtuelle).
Contrairement aux éditions antérieures (hackathon “Citizens of Wallonia”), ces équipes sauront donc, à l’avance, sur quel projet elles devront travailler et, autre nouveauté, seront composées exclusivement d’étudiants (venant de différentes filières).
Le premier partenaire ayant fait cause commune avec FuturoCité pour ce scénario avait été l’Université de Namur. Entre-temps, appel a également été fait à des personnes ayant suivi des formations Numeria (dans les différents centres de compétences wallons – Technofutur TIC, TechnoCité…) ou encore ayant été formées dans le cadre dus activités de BeCode.
“Pour les administrations locales, la nouvelle formule présente plusieurs avantages”, estime Nicolas Installé. “Le hackathon sera l’occasion pour elles de découvrir ce qu’il est possible d’accomplir avec les jeux de données qu’elles mettent à disposition. Ce sera d’ailleurs aussi une sorte de stress test pour leurs jeux de données. Seront-ils réellement et aisément exploitables? Sont-ils pertinents pour le but visé? Est-ce que la qualité des données sera suffisante? Etc…
C’est aussi l’occasion pour elles de présenter un projet concret et d’obtenir un retour immédiat.”
Sur base des résultats, aussi précoces soient-ils, générés lors du hackathon, les administrations concernées pourront alors passer à la cinquième et dernière étape du programme Ouvrir ma ville. A savoir, celle de la mise en oeuvre réelle du projet sur leur territoire. “Ce sera aussi le moment de déterminer si le projet est réplicable, mutualisable avec d’autres entités, si la solution développée peut par exemple être intégrée avec ou dans une autre solution, comme par exemple la plate-forme Wallonie en Poche…”
Petite typologie des 17 administrations participantes
Parmi les 17 administrations participant au programme Ouvrir ma Ville, on dénombre 13 villes ou communes, trois intercommunales (BEP pour Namur, IDEA et Igretec en Hainaut) et un service du SPW (le département Economie, Emploi, Recherche).
Parmi les pouvoirs locaux participants, on relève les noms de grandes villes, comme Charleroi, Mons, Liège, Mouscron, mais aussi d’entités plus modestes – Chimay, Hannut, Walhain, Fernelmont ou Braine-l’Alleud.
Trois thématiques sont représentées: mobilité, participation citoyenne, ville résiliante.
Voici comment la Ville de Charleroi explique sa participation au programme Ouvrir ma ville et au hackathon:
“L’objectif, à terme, est de mettre à disposition des citoyens et des autres acteurs du territoire des données produites ou collectées par l’Administration. Il s’agira de données d’intérêt général (non personnelles) visant à s’informer, à communiquer des statistiques (pour les recherches ou études de marché) ou encore à produire des applications innovantes. […] Liste des voiries, circuits balisés, données démographiques, cartographies des sépultures, vélos disponibles, recensement des arbres sont autant de données qui pourraient être rendues publiques et facilement exportées par les citoyens.”
Le projet imaginé pour les besoins du hackathon concerne une solution de recensement participatif, en mode cartographie dynamique, des commerces, associations et services proposés sur son territoire. “Nous ne disposons pas d’une liste centralisée reprenant les commerces, associations et services proposés sur le territoire de la ville. Différentes listes existent mais elles sont difficilement accessibles par les utilisateurs (disponibles sur certains sites méconnus ou sous forme de listes non exploitables, manque de visibilité, absence de mise à jour…). Le citoyen ne sait pas où trouver ces listes en ligne et n’a pas accès aux informations utiles telles que les heures d’ouverture, les personnes de contacts, la géolocalisation du service, l’accès au service si c’est une aide sociale, etc.”.
Le projet de “carte dynamique” veut y porter remède…
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