Au début du mois de février, NRB annonçait, via son groupe Xperthis dédié au secteur des soins de santé, le rachat de deux sociétés wallonnes actives dans le secteur des solutions IT pour le domaine de la santé. A savoir: MIMS, basée à Tinlot, en région liégeoise, et Ciges, établie dans le Hainaut (Gosselies). Relire notre article.
Ce faisant, Xperthis absorbe deux sociétés qui étaient ses principales concurrentes – sur le terrain du DMI/DPI (dossier patient informatisé) – dans le sud du pays: MIMS, bien présente en Wallonie, et Ciges, avec ses clients bruxellois.
Comment se présente le scénario d’intégration?
Les différents protagonistes (NRB, MIMS, Ciges) parlent de “rapprochement naturel”. D’opportunité que chacun aurait saisie. Le fait est que les deux sociétés rachetées et intégrées au groupe Xperthis y ont vu une porte de sortie, une manière de se donner les moyens d’assurer développements et gestion efficace des projets. “Nous avions des projets de développement pour l’avenir mais il était devenu difficile, pour nous, de les financer”, explique par exemple Rudy Simons, directeur de Ciges. “Nos effectifs – 23 personnes pour l’axe médical – suffisaient à peine pour assumer les contrats en cours. Et engager coûte cher. Il faut en outre trouver sans cesse de nouveaux projets [pour assurer la viabilité de la société]. Travailler sans cesse à de nouvelles versions, investir constamment dans de nouveaux modules et produits.” Sans investissement, on ne tient pas longtemps. Mais comment investir quand on ne peut pas s’appuyer sur une part de marché suffisante? “Ajoutez-y que le marché belge se rétrécit, qu’il faut dès lors se tourner vers l’étranger…” L’équation était devenue très difficile à résoudre.
“Grâce aux moyens qui sont ceux d’Xperthis, nous pourrons investir dans de nouveaux produits et dans la continuité. Au sein de NRB et du groupe Xperthis, nous disposons d’une masse de compétences dans lesquelles puiser- spécialistes du monde médical, gestionnaires de produits, développeurs…”
Compléter le catalogue
En 2011, en rachetant et fusionnant les sociétés Partezis, Polymedis et Xtenso pour donner naissance à Xperthis, l’intention de NRB était de faire entrer en jeu non seulement un fournisseur de logiciels et applications médicales mais d’en faire un prestataire apte à proposer des solutions et services d’infrastructure. Et ce, dans le cadre de sa stratégie globale qui est de faire du groupe un acteur de premier plan – et pas seulement “un acteur parmi d’autres” – dans une série de marchés porteurs, en ce compris le secteur public et l’une de ses composantes qu’est le secteur hospitalier. Lire notre interview d’Ulrich PenzKofer, CEO de NRB: Six mois pour définir un plan stratégique clair pour Xperthis.
Dès 2011 – et c’est toujours le cas -, le défi consistait pour Xperthis à créer une harmonie, une cohérence et une complémentarité, à la fois entre les produits en portefeuille, venus d’horizons distincts, et avec les solutions de back-office et d’infrastructure sous-jacente- dont certaines sont proposées par NRB elle-même.
Côté portefeuille de produits, on peut parler soit de disparité, soit de richesse. Selon l’angle de vue qu’on adopte.
Une petite liste non exhaustive? ERP, BI (business intelligence), solutions de DPI (dossier patient informatisé); logiciels de facturation (dès 2011, Xperthis s’est retrouvé propriétaire de 4 solutions dans ce domaine spécifique, opérant dans divers environnements- Java, Uniface…); applications de gestion des lits, logiciels de gestion de pharmacie…
En matière de DPI, la fusion d’origine avait amené dans la corbeille de mariage 3 solutions différentes qui entreprirent un trajet d’intégration/fusion pour donner naissance à une offre “New Care” couvrant une multitude d’étapes dans le trajet de soins: gestion patient, agenda, DPI, planification, consultation de résultats médicaux…
Ra-tio-na-li-ser
La priorité fut donc donnée à une rationalisation du portefeuille.
Un premier exercice – long et parfois périlleux – de choix et d’harmonisation des produits a été engagé pour fusionner les catalogues Polymedis, Partezis et Xtenso en un tout cohérent. L’exercice n’est d’ailleurs pas encore terminé.
Viennent s’y ajouter les solutions MIMS et Ciges. Ce qui augure d’un deuxième exercice d’analyse d’opportunités et de choix fonctionnels et technologiques.
Parle-t-on d’intégration pure et simple, de redéveloppement d’applications, d’évolution fonctionnelle? Rien n’est encore tout-à-fait décidé. Nous y revenons plus en détail dans cet autre article.
Sur ce socle orienté vers les métiers de la santé viennent et viendront se greffer d’autres solutions et services. En ce compris des services d’hébergement sur les serveurs NRB. L’ERP (du SAP chez NRB) fut la première application à être proposée aux hôpitaux en mode hébergement, pour la gestion des données comptables, les applications de gestion d’achats, de contrats… Mais dès 2013, des contacts et négociations allaient bon train avec divers hôpitaux pour que d’autres systèmes viennent trouver asile dans les salles serveur de NRB. Arguments utilisés: économie d’échelle, sécurité, garantie de haute disponibilité…
Cette externalisation système implique évidemment la question – délicate – de la sécurité de données sensibles. Un hôpital peut-il confier à un tiers, en dehors de ses murs, l’hébergement et la gestion des données médicales? La loi belge permet une certaine latitude. Si les données ne peuvent quitter le sol belge, elles peuvent bel et bien “sortir des murs” de l’hôpital. La loi prévoit en effet que l’hôpital est “propriétaire” des données et doit les gérer mais ne précise pas que cela doit se faire “dans” l’hôpital. Moyennant des mécanismes hautement sécurisés et la constitution de clouds privés, rien n’empêche donc un prestataire externe d’en prendre la responsabilité.
Un acteur belge qui fait le poids
Pour Thierry Vermeeren, consultant et instigateur du réseau Patient numérique, l’annonce de cette acquisition est une bonne chose pour le secteur: “Ces 10 dernières années, on a constaté un émiettement du marché de l’informatique médicale avec de nombreuses petites sociétés qui, bien que procurant de bonnes solutions, notamment pour le monde hospitalier, opèrent de manière quasi artisanale. Mais si une professionnalisation était à l’oeuvre, elles restent de taille réduite et ne sont donc pas en mesure de fournir solutions et services en respect des canons méthodologiques que requiert l’IT.”
Le groupe Xperthis
Le groupe Xperthis, qui regroupe désormais les sociétés Xperthis, MIMS et Ciges, est détenu à hauteur de 55% par NRB, de 25% par NetConcept (le fonds d’investissement de Miguel Rys, qui était entré au capital de Xtenso en 2002) et de 20% par Partezis.
Dominique Bastille, directeur de MIMS, et Rudy Simons, ci-devant patron de Ciges, intègrent tous deux le comité de direction de Xperthis Group, aux côtés d’Ariane Magera, CEO de Xperthis.
Les deux sociétés rachetées, MIMS et Ciges, préservent pour l’instant leur totale autonomie. Voir ce qu’en dit Ulrich Penzkofer, CEO de NRB, dans l’interview qu’il nous a accordée.
Aujourd’hui, la groupe Xperthis emploie environ 160 personnes. En 2013, le chiffre d’affaires généré dans le secteur des soins de santé avait atteint 25,3 millions de dollars, ce qui place ce secteur en 3ème position dans le portefeuille de NRB, derrière le secteur public et social, et celui de la finance.
La constitution d’un important pôle d’informatique médicale sous la coupole du groupe Xperthis constitue dès lors à ses yeux un “mouvement très positif.” D’autant plus que le “groupe” Xperthis (voir encadré ci-contre) est lui-même logé dans le groupe NRB, avec les ressources et compétences que cela suppose notamment en termes d’infrastructure et d’intégration. “Cela a un sens tant d’un point de vue applications et matériels que du point de vue des besoins des hôpitaux qui, ces derniers temps, se sont complexifiés… On voit ainsi apparaître une chance d’avoir une offre complète – solution IT médicale, ERP, infrastructure – en Belgique. C’est une très bonne chose qu’une société belge se positionne ainsi. J’ose espérer que cela augure, d’ici deux ou trois ans, d’une solution forte nouvelle en Belgique.”
Exportable? “Il n’y a pas de raisons qu’elle ne le soit pas. MIMS avait déjà vendu ses solutions à l’étranger, notamment à l’hôpital Foch de Paris. Mais l’international impliquera bien entendu d’autres efforts, en ce compris en matière de marketing et de support commercial…”
Les hôpitaux et, en particulier, leurs responsables informatiques devraient donc être satisfaits. Sauf que… Ils attendent que la société leur procure un agenda précis sur le type de solution (intégrée et/ou remaniée) qu’elle leur procurera demain (à court, moyen et long terme). Pour l’instant, il est encore trop tôt pour déterminer quelles solutions seront préservées (voir notre autre article).
Thierry Vermeeren: “C’est une très bonne chose qu’une société belge se positionne ainsi. J’ose espérer que cela augure, d’ici deux ou trois ans, d’une solution forte, nouvelle, en Belgique.”
ables peuvent avoir certaines craintes ou en tout cas se poser certaines questions sur la nature de leurs relations futures avec un grand groupe. Dans quelle mesure leurs demandes seront-elles prises en compte? Ou, pour reprendre les mots de Thierry Vermeeren, “comment exister face à un opérateur dont la taille a soudain augmenté et préserver des relations à taille humaine? Pour que les processus, les relations client, la gestion projet soient professionnalisés, il est nécessaire de définir une méthodologie afin que le client s’y retrouve.”
Découvrez-nous sur Facebook
Suivez-nous sur Twitter
Retrouvez-nous sur LinkedIn
Régional-IT est affilié au portail d’infos Tribu Médias.