Les fondateurs du nouveau “lieu-totem” et futur hub/quartier numérique – baptisé du doux nom 4.0 de “PoD” pour “Place of Digital” – en ont dévoilé la stratégie et les ambitions ce mardi.
Qui sont ces fondateurs? Des “animateurs” et accompagnateurs économiques (Agoria, UWE, InvestBW…), des entreprises – déjà anciennes comme IBA ou en phase de croissance telles qu’EuraNova ou N-Side, des acteurs de l’investissement (W.IN.G, InvestBW, beAngels) et de l’enseignement (UCLouvain, IAD – Institut des arts de diffusion).
A l’image de la stratégie BW2030 (que nous avons récemment eu l’occasion d’évoquer) et dont il est l’une des composantes, le “PoD” vise avant tout la croissance des acteurs économiques (en particulier celle des sociétés dont l’ADN est le numérique), leur montée en compétences et en stature, la mise en oeuvre de conditions écosystémiques pouvant permettre à ce territoire provincial de gérer efficacement ses perspectives de préservation et de prolongation de sa bonne santé économique. Potentiel d’innovation numérique en tête.
Le PoD se propose d’opérer dans une triple optique : “inspirer, échanger, former”structurera en trois axes d’activités: aide et stimulation de la croissance, formations, nouveaux lieux et contextes de travail.
Les “parrains” du PoD. De g. à dr.: Fernand Dimidschstein (BxVentures), Pierre Rion (W.IN.G, EuraNova), Xavier Bocquet (InvestBW), Pierre Mottet (UWE), Clarisse Ramakers (Agoria).
Monter en compétences et savoir-faire
L’axe formations – formation de base, continue, hyper-spécialisée – constitue un volet majeur de la feuille de route du PoD.
C’est que les besoins sont variables, selon les entreprises, les projets, la situation de carrière… Le PoD veut être le levier par lequel un maillage plus logique et complémentaire s’organise entre acteurs déjà présents sur le territoire – université, écoles supérieures – et d’autres opérateurs qu’il s’agit encore, pour certains, d’attirer “afin de construire le chemin le plus cohérent possible entre formation initiale et formation pointue”, soulignait Xavier Bocquet, président du conseil d’administration du PoD et pa railleurs directeur général d’InvestBW.
Plusieurs acteurs de la formation (continue, qualifiante…) ont depuis quelque temps déjà manifesté leur intérêt à venir ouvrir une antenne en Brabant wallon. On peut ainsi citer Technofutur TIC ou, plus récemment, son homologue cinacien Technobel.
D’autres, situés à d’autres échelons du spectre de la formation au numérique, sont ou seront démarchés. En ce compris, plusieurs “écoles du code”. Du genre Le Wagon ou BeCode. Avec, dit-on du côté du PoD, un intérêt déjà bien palpable.
Echanges et dynamisation mutuels
L’écosystème et la dynamique d’échanges de compétences, d’expériences, de mise en commun d’intérêts transversaux, que le PoD désire favoriser et concrétiser – en alliant entreprises de diverses tailles et orientations, investisseurs, organismes de formation et acteurs publics – sont envisagés selon un schéma en quelque sorte bidirectionnel.
D’une part, les start-ups doivent y trouver un cadre d’échanges et de progression nourri à la fois par la quête de complémentarités entre elles et par des apports de sociétés déjà bien ancrées dans leur histoire (exemple typique: IBA). D’autre part, ces entreprises plus “traditionnelles” doivent pouvoir s’abreuver des compétences et du potentiel d’innovation numérique des “pure players”. “Le territoire du Brabant wallon”, soulignait Pierre Mottet, membre du conseil d’administration de l’UWE, “compte déjà d’importants acteurs industriels, souvent à l’avant-garde du développement technologique. Il y a déjà un écosystème préexistant. Mais ils ont besoin d’aller plus loin, en partageant par exemple des compétences avec des sociétés telles que N-Side, Aerospace, Telemis…”
Le PoD, un “levier” différent?
On le verra, la structure opérationnelle PoD se veut la “porte d’entrée” (virtuelle) vers cet écosystème hybride que le Brabant wallon appelle de ses voeux. Le sas également vers ce qui pourrait devenir à terme un véritable “quartier numérique” ancré à Louvain-la-Neuve, rayonnant à travers la province.
Ce maillage vise, on l’a vu, la croissance, la montée en compétences, l’élargissement ou la consolidation de l’assise concurrentielle, voire stratégique, des entreprises numériques.
L’une des manières d’y arriver, en plus des formations, de l’organisation de conférences, ateliers et sessions d’échanges, sera d’offrir à des start-ups un lieu d’hébergement. Ce sera l’une des composantes du futur lieu-totem que nous évoquons plus loin dans l’article.
De ce point de vue, le PoD, en jouant aussi les hébergeurs, ne risque-t-il pas de concurrencer les CEI et autres lieux de coworking déjà existants?
“Nous travaillerons en bonne intelligence avec les CEI”, promet Fernand Dimidschstein, co-fondateur et administrateur délégué du PoD. “Nous ne voulons pas attirer vers le site du PoD des start-ups pour le plaisir de les voir s’y implanter. Ce que nous voulons surtout accueillir, ce sont des business models. Nous voulons accueillir des gens qui ont des projets. A la manière de ce que BeCentral a réalisé. La première attente des locataires du PoD est la formation.”
Une formation souvent très spécifique. Exemple? “Ce dont les data scientists de N-Side [spécialisée en analytique et big data] ont notamment besoin, c’est de formation dans des thématiques verticales – l’énergie, par exemple”. Cet apport de connaissances pointues, c’est le maillage avec des chercheurs universitaires ou des experts internationaux qui devra le concrétiser.
Pierre Rion (co-fondateur du PoD): “The PoD propose une dynamique complémentaire, centrée sur la croissance d’un écosystème existant d’entreprises du numérique, avec un effet d’entraînement pour tous les autres acteurs, en ce compris l’enseignement et les pouvoirs publics.”
En jouant – notamment – sur la spécificité et l’expertise de pointe, le PoD se défend donc d’être un “machin de plus”. Sa différenciation, il la définit, comme on l’a vu, par ce triple axiome “inspirer, échanger, former”. Et ce, en jouant sur un niveau supérieur de valeur ajoutée à instiller. Son apport à l’innovation des entreprises se fera notamment via du conseil sur de nouvelles stratégies potentielles de financement et se structurera autour de thématiques-clé en prise directe avec l’évolution technologique: blockchain, intelligence artificielle et bots, Internet des Objets, cybersécurité, cloud, apprentissage automatique (machine learning), Web3… Un groupe de travail sera constitué dans chacune de ces thématiques.
“Jusqu’ici, les entreprises numériques ne disposent pas, dans le Brabant wallon, d’un réel lieu où échanger. Ce que nous voulons mettre en oeuvre, c’est un modèle de coopération, selon une gouvernance bien définie. La cybersécurité, par exemple, est une préoccupation de tous les acteurs. Les sociétés pourront confronter la manière dont elles font face à cette problématique. Et elles pourront bénéficier de l’éclairage et des connaissances d’experts internationaux que nous inviterons.”
Le calendrier de formations et de conférences se construira à court terme. D’ici l’été, le PoD refera le tour de ses premiers partenaires-adhérents afin de déterminer quels sont leurs besoins ou attentes prioritaires.
Un projet immobilier en trois temps
Pour ses débuts, on ne peut réellement parler de “lieu-totem”. Les premières activités et le premier lieu d’hébergement auront en effet pour cadre le rez-de-chaussée des locaux actuels d’InvestBW, à Louvain-la-Neuve. Toutefois, le PoD s’est porté acquéreur d’un bâtiment arrivant en fin de bail d’ici un an, situé dans le parc scientifique néolouvaniste. Avec option pour procéder à des extensions, si besoin est, via les terrains adjacents.
C’est que pour déployer pleinement les différents espaces et activités du PoD, il faudra de l’espace. Des espaces sont ainsi imaginés pour l’accueil de start-ups et de start-up studios, d’accélérateurs, pour les formations, pour l’organisation d’ateliers et conférences, pour d’éventuels espaces de travail partagés. Sans oublier une section “labs” technologiques (notamment dans la sphère de l’immersion, du 3D, de la XR…).
Des contacts ont d’ores et déjà été établis avec divers acteurs extra-territoriaux afin qu’ils viennent s’implanter au PoD. Côté formations, on a déjà évoqué, à titre d’exemples (encore à confirmer), les noms du Wagon et de BeCode. Côté start-up studios, accélérateurs et autres organes d’accompagnement de jeunes pousses, les noms du flamand Cronos et du proche voisin The Maul (Mont-Saint-Guibert) sont évoqués. A noter que Cronos s’est d’ores et déjà dit intéressé à participer à la levée de fonds en préparation pour continuer à financer le PoD (voir ci-dessous). Et preuve de son intérêt pour une présence du côté wallon, la société s’est faite membre d’Agoria Wallonie…
Les centres de recherche ne sont pas oubliés: le Sirris, Multitel et le Cetic pourraient ainsi venir y occuper un espace, pour jouer la carte de la proximité. Un peu à la manière de ce qui se fait déjà à Charleroi du côté de l’A6K…
Le (futur) “lieu-totem” du numérique en Brabant wallon aura besoin d’un espace multi-finalités…
Un espace “lab technique”/espace de formation dédié à l’immersif et à la XR sera également réservé au coeur du bâtiment “totem”. Point de départ: la section AR/XR de l’Open Hub. Mais avec l’intention d’en faire potentiellement un centre de ressources orienté métavers. Au service des sociétés numériques mais aussi des secteurs plus traditionnels, tels que la grande distribution.
Côté espace immobilier disponible, le scénario devrait permettre au PoD de se développer au cours des prochaines années. Mais l’idée d’un déménagement vers un autre site dédié – idée déjà évoquée dans le cadre de la présentation de la stratégie BW2030 – continue d’être étudiée. Le déménagement serait d’ailleurs un quasi saut de puce puisqu’il s’agirait de passer du parc scientifique au centre-ville de Louvain-la-Neuve afin d’y construire un bâtiment apte à accueillir, sans gêne aux entournures, le “quartier digital” et l’ensemble des espaces évoqués ci-dessus.
Le modèle économique
Initiative privée, ne rejetant toutefois pas une aide publique éventuelle (la SRIW, via W.IN.G, participe par exemple déjà au capital), le PoD a, à ce jour, réuni un capital de départ de 220.000 euros, venant de ses premiers partenaires-actionnaires. Au rang desquels IBA, EuroNova, MCG, Telemis, N-Side, BxVentures (“venture studio” dédié aux investissements “clean tech”, dirigé par un certain Fernand Dimidschstein…), InvestBW, l’UCLouvain, l’IAD, beAngels, Agoria.
Une nouvelle levée de fonds est en préparation et sera effectuée avant la fin de l’année. L’espoir: titiller le million d’euros.
Hauteur des tickets: 5.000 euros pour un actionnaire individuel ; 10.000 euros pour une PME (ou start-up) ; 25.000 euros pour une grande entreprise. Avec possibilité pour une même entité de cumuler les tickets mais avec cette règle de base: une participation = une voix. Quel que soit le nombre de tickets thésaurisés. Une “voix” que le partenaire-actionnaire pourra faire valoir au sein du comité stratégique.
Au-delà de cette égalité conceptuelle, la multiplication des “tickets” par un même acteur lui vaudra certains avantages, dont la gradation fera l’objet d’une définition à court terme. Un exemple: l’accès (gratuit) à un certain nombre de conférences ou d’ateliers chaque année.
Parmi les futurs actionnaires (participant au prochain tour de table), on évoque déjà quelques noms. Cronos, comme on l’a vu, mais aussi la Chambre de Commerce et d’Industrie, voire la Province ou des organismes d’enseignement et de formation.
Pour garantir son indépendance et son équilibre financier, sans dépendre d’apports publics spécifiques, le PoD vivra des revenus des services prestés: formations payantes, idem pour la participation aux conférences, revenus tirés de la location d’espaces, de bureaux, de “nouveaux lieux de travail”…
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