Cet article aurait pu être intitulé: TagTagCity, l’histoire d’un “pilotage”.
A l’origine (en 2012), TagTagCity avait imaginé une solution composée d’un site-portail et de balises géolocalisées affichant un QR code à scanner, ce qui permettait à des “points d’intérêt” urbains en tous genres (lieu culturel, bâtiment, boutique, service public…) d’être répertoriés, décrits et découverts par les internautes, passants et chalands. A peu de frais.
En 2014, la start-up annonce un repositionnement. Les tags ont en effet perdu de leur attrait pour un public qui, entre-temps, est passé à l’ère des applis.
Sans tout-à-fait délaisser ses premières activités, la start-up s’adapte et se choisit trois créneaux: la création de mini-sites en mode responsive pour TPE et commerces, le développement d’applications mobiles pour villes et communes (nom de baptême: MobiCities) et une solution de paiement temps réel sur mobile (en collaboration avec Belfius).
Depuis lors, la société a continué son petit exercice d’introspection et de repositionnement. Désormais, TagTagCity s’est essentiellement recentrée sur sa solution MobiCities qui s’adresse spécifiquement aux pouvoirs locaux (villes et communes). MobiCities, disponible sur plates-formes iOS et Android, leur procure non seulement une appli mobile qui permet d’informer les citoyens (services communaux, actualités, événements locaux, infos sur les commerces, les sites touristiques…) mais aussi et surtout qui constitue un canal d’interaction avec le citoyen, via l’envoi dynamique d’alertes et notification (incident, service de collecte…).
L’équipe a aussi été “concentrée”. De 10 personnes au début 2015, elle ne compte plus que 5 collaborateurs permanents, s’appuyant sur quelque 8 externes et indépendants au gré des projets.
A ce jour, la société a convaincu une vingtaine de communes, moyennes ou petites. La première commune cliente avait été celle de Lasne. Depuis une vingtaine de noms sont venues s’ajouter à la liste. Parmi elles: Auderghem, Forest, La Hulpe, Rixensart, Braives, Dinant, Crisnée…
L’ambition en 2017 est de compter 50 communes clientes et un total d’environ 100 clients pour les solutions mobiles disponibles au catalogue.
Mais pour cela il faudra passer une nouvelle étape…
Nouveau départ
TagTagCity s’est lancée dans un nouveau tour de table (elle avait levé 1,5 million d’euros en 2014, provenant essentiellement d’investisseurs français et hollandais).
Les deux fondateurs historiques – Geoffroy Simon et Olivier Poulaert – ainsi qu’un investisseur externe mettent 100.000 euros sur la table. Reste à réunir 150.000 euros auprès d’investisseurs. “Nous n’avons pas de préférence”, indique Geoffroy Simon. Cela peut tout aussi bien être des business angels, des sociétés Internet ou des fonds d’investissement.”
Seule condition: une mise minimale de 50.000 euros.
L’argent levé servira à recruter deux nouveaux commerciaux, de quoi démarcher et assister non seulement de nouveaux clients du côté des communes mais aussi élargir le champ d’action.
En effet, si les pouvoirs locaux demeurent son ancrage premier, la start-up a également d’autres fers qu’elle veut mettre sur le feu.
Prochaines cibles verticales: les centres culturels – TagTagCity a déjà pris pied au W:Halll de Woluwe-Saint-Pierre -, les associations de commerçants (la start-up reste ainsi fidèle à ses racines), et le secteur du tourisme. La société, dans ce dernier domaine, a passé un accord avec les Gîtes de Wallonie, pour le développement de sites Internet mobiles destinés aux propriétaires de chambres d’hôtes (nom de baptême: Bed and Web).
25 sites mobiles ont été développés à ce jour. L’espoir est d’en ajouter 50 autres en 2017.
Côté MobiCities, une extension fonctionnelle se fera notamment via l’intégration d’API d’acteurs tiers. Parmi eux, BetterStreet (signalement d’incivilités ou de problèmes d’infrastructure).
Mutualisation et personnalisation
“Souvent, seules les grandes villes, disposant d’un gros budget, ont les moyens pour développer une appli mobile”, déclare Mathieu Sodoir, responsable projets chez TagTagCity. “Notre but est d’offrir un accès aux technologies mobiles, même aux plus petites entités.”
Les fonctionnalités proposées par MobiCities constituent un tronc commun, proposé en mode mutualisation à toutes les communes clientes. Avec possibilité pour elles de demander une certaine personnalisation: logo et couleurs de la commune, choix de fonctionnalités…
Mathieu Sodoir prend une analogie bien de saison: “nous proposons en quelque sorte le même sapin à toutes les communes mais avec possibilité pour elles de le décorer avec des boules, guirlandes, un design… spécifiques.”
C’est aussi l’approche qu’a choisie par exemple pagesdor.be qui a fourni l’appli mobile de Waterloo. Comment TagTagCity se positionne-t-elle vis-à-vis de ce concurrent? “Nous nous sommes réellement spécialisés dans cette offre aux communes. L’envergure modeste de notre société nous permet en outre d’être plus réactif, en termes de support et de conseils aux communes. Notre rôle consiste en effet également à les conseiller sur ce qui marche ou non dans le domaine du mobile…
Par ailleurs, nous leur proposons des solutions supplémentaires, telles qu’une solution touristique basée sur l’installation de tags et la perspective de paiements mobiles, un axe sur lequel nous continuons de travailler.” La solution de paiement mobile, développée pour le compte de Belfius, est encore en phase de test (commune-pilote, côté francophone, Waterloo).
Mathieu Sodoir (TagTagCity): “Notre rôle consiste aussi à conseiller les communes sur ce qui marche ou non dans le domaine du mobile…“
Le catalogue de fonctionnalités se construit de concert avec les communes. Les besoins majeurs et les plus récurrents ont ainsi des chances de donner lieu à des développements.
Que trouve-t-on dans l’appli MobiCities?
Les commerces géolocalisés (avec fonction de recherche par nom, type de commerce…), la liste des responsables communaux, l’accès aux services communaux, la publication des événements locaux, un service de notification, une fonction de relais vers les réseaux sociaux (flux Facebook, Twitter, Instagram)…
Nouvelle fonction: un bouton Numéros d’urgence. D’une simple pression, le citoyen a accès aux services d’intervention (pompiers…). Uccle et Braives l’ont par exemple déjà implémentée.
Une autre fonction est en préparation: du geofencing qui permettra d’envoyer les notifications par zone géographique. “Utile pour les communes au territoire étendu. Inutile de prévenir tout le monde d’un problème qui ne touche qu’un quartier…”
Sur base des usages qui sont faits jusqu’ici de son appli, TagTagCity constate que les fonctions les plus demandées sont les infos sur les événements géolocalisés, les notifications, et l’accès aux services communaux – “cela évite au citoyen de devoir passer par le site Internet de la commune où il est parfois difficile de trouver l’info…”
“Les notifications sont les plus appréciées, qu’il s’agisse de faire passer un message festif, de souhaiter la Bonne Année, d’avertir d’un chantier, d’un événement culturel…” Signe (regrettable) des temps, la fonction Alerte de sécurité est de plus en plus demandée. Forest, lors des opérations d’arrestation de terroristes, a en quelque sorte été pionnière. C’est via l’appli que l’information parlant de tirs à la kalachnikov a transité en priorité…
“D’une manière générale, l’appli mobile permet des notifications plus spontanées et plus rapides que via Facebook”, estime Mathieu Sodoir. “Pas besoin de se connecter à Internet… Cela permet en outre à la commune de diffuser une information qui lui évitera d’être submergée d’appels. A Crisnée par exemple, la commune a ainsi pu envoyer un message concernant une fuite d’eau en soulignant qu’elle était au courant du problème et qu’il n’était donc pas nécessaire de le lui signaler.”
Un support de dialogue avec le citoyen
En termes de “dialogue” avec le citoyen, force est de constater que la communication se fait encore essentiellement dans le sens commune-citoyen. Dans l’autre sens, la seule possibilité à l’heure actuelle passe par un bouton de l’appli mobile qui permet au citoyen de signaler un problème ou de poser une question au sujet de l’appli elle-même.
A cet égard, TagTagCity sert d’intermédiaire unique, relayant d’éventuelles questions vers la commune si elle est la seule capable d’y répondre.
Mathieu Sodoir (TagTagCity): “Facebook est, pour les communes, un premier moyen de s’ouvrir à des échanges avec les citoyens. Les communes ne sont pas encore prêtes à une remontée d’informations.”
Pour le reste, les communes redoutent encore “d’ouvrir les vannes” en permettant aux citoyens de les contacter via des applis mobiles. L’intégration de la solution BetterStreet sera un premier canal de remontée d’informations – mais cette start-up, aussi, constate cette frilosité tenace. Bien loin de ces quelques communes pionnières, en France ou en Espagne, qui ont fait de l’appli mobile le moyen le plus direct et interactif pour le relais – bidirectionnel – d’informations et de notifications. A quand, chez nous, des ouvriers communaux avertis en direct d’un lampadaire à réparer et dont le planning quotidien est influencé par les demandes des citoyens ?
“Facebook est, pour les communes, un premier moyen de s’ouvrir à des échanges avec les citoyens”, estime Mathieu Sodoir. “Les communes ne sont pas encore prêtes à une remontée d’informations. C’est la raison pour laquelle l’appli MobiCities ne permet pas encore des messages et commentaires venant du citoyen. Nous nous sommes inscrits dans une perspective de travail à long terme… Pour l’heure, elles en sont au stade où elles sont convaincues de l’intérêt qu’il y a pour elles à être présentes sur les réseaux sociaux et sur appli mobile.”
Prochaine étape? Sans doute le paiement de services via mobile.
Découvrez-nous sur Facebook
Suivez-nous sur Twitter
Retrouvez-nous sur LinkedIn
Régional-IT est affilié au portail d’infos Tribu Médias.