De g. à dr.: Geoffrroy Ghion et Henri Gernaey.
Deux étudiants de l’Ecole polytechnique de l’UCL (ils commencent tous les deux leur 1ère Master cette année – voir encadré ci-dessous) planchent sur un système de recharge de smartphones et autres dispositifs portables d’un type nouveau. L’originalité de ce projet, baptisé Sunslice, ne vient pas tant de la source d’énergie utilisée (le solaire) que de la forme que prendra le support de recharge. A savoir: un dispositif lui aussi mobile qui pourra se nicher dans n’importe quel portefeuille ou poche.
Etudiants ingénieur civil à l’UCL (Ecole Polytechnique), Henri Gernaey et Geoffroy Ghion entrent tous deux en 1ère master cette année. Dans des spécialisations différentes: construction pour Geoffroy Ghion; électromécanique pour Henri Gernaey. “Mais le projet Sunslice est désormais notre première priorité.”
Au début de l’aventure, le duo était en fait un trio mais le 3ème larron, Stéphane Quinet, ne pourra continuer l’aventure avec eux. Et ce, par manque de temps: il est, en plus de ses études, pilote de ligne…
L’idée d’Henri Gernaey et de Geoffroy Ghion leur a valu de décrocher, en 2014, la première place du concours StarTech (organisé par l’incubateur WSL et l’ex-ASE, Agence de Stimulation Economique). Et cette première place était attachée à une récompense non négligeable, à savoir une visite au salon TiEcon, en Californie – l’occasion pour eux de présenter un premier prototype provisoire à des industriels voire investisseurs potentiels. Accueil favorable qui les a conforté dans leur idée et les a même décidé à accélérer le mouvement.
Une idée qui a mûri
Au départ, les étudiants avaient imaginé un système modulaire qui permettrait d’assembler de petites cellules solaires (8 cm sur 8) qui s’imbriqueraient les unes dans les autres, selon un nombre variant en fonction des besoins de recharge (chaque appareil ayant ses propres contraintes et caractéristiques).
L’objectif était notamment de permettre de transporter et d’acheminer aisément des systèmes de recharge vers des lieux ayant besoin de tels systèmes et étant parfois difficiles d’accès (par exemple, lors de catastrophes).
“L’idée de départ était de morceler un grand panneau solaire en petits blocs et d’en faire une sorte de puzzle qui devait permettre de moduler la quantité d’énergie fournie par le chargeur en fonction des systèmes à alimenter, de réguler la tension ou le courant selon la manière dont le puzzle était constitué.
Le design imaginé au départ par le trio de Sunslice. Depuis, la taille et l’articulation des modules photovoltaïques ont sensiblement évolué…
C’était intéressant d’un point de vue purement ingénierique mais nous avons constaté, en cours de projet, que cela ne suscitait guère d’intérêt en termes de concrétisation commerciale”, explique Henri Gernaey. “Le fait de suivre le module Entrepreneuriat en 2ème année nous a ouvert les yeux. Nous avons dès lors “pivoté” afin de viser de manière plus spécifique les utilisateurs de smartphones ou de portables. Ce qui a l’avantage de nous faire nous adresser à un marché important, mieux ciblé et d’optimiser l’exercice de conception.”
Les dimensions du système ont, elles aussi, évolué. Les 8 cm sur 8 de départ deviendront des modules de la taille d’une carte bancaire. Quatre de ces micro-panneaux, ultra-minces, seront superposés pour rentrer dans un portefeuille ou une poche. Ils pourront se déployer pour capter les rayons solaires. Temps de recharge d’un smartphone ou d’une tablette avec la solution Sunslice (à luminosité solaire suffisante)? Semblable à celui que permet aujourd’hui un chargeur classique. C’est en tout cas l’objectif.
Nouveaux défis
La réorientation, assez fondamentale, du concept pose évidemment de nouveaux défis au duo d’étudiants.
Il leur a fallu tout d’abord dénicher sur le marché des panneaux solaires de petite taille, performants, hyper-minces et néanmoins résistants. La technologie choisie est celle qui équipe l’avion Solar Impulse (technologie de cellules photovoltaïques brevetée par SunPower).
La même technologie de panneaux photovoltaïques que sur le Solar Impulse…
Pas moyen toutefois de trouver des panneaux répondant aux contraintes que pose la taille d’une carte de crédit. Pas d’industriel non plus qui propose de la production de micro-panneaux solaires sur mesure. Les deux étudiants sont donc obligés de procéder aux découpes eux-mêmes, avec l’aide d’un labo de l’UCL.
Ils ont heureusement déniché sur le marché des panneaux de petite taille dont la topologie (emplacement des contacts) autorise l’opération de découpe et permet d’insérer à la fois une prise USB et une prise microUSB. “Nous pourrions utiliser de plus grands panneaux mais il faudrait davantage de R&D pour résoudre le problème des contacts. On le fera éventuellement dans une phase ultérieure…”
Après la découpe, vient l’assemblage. Le dispositif imaginé par le duo se composera d’un support hybride (aluminium et polypropylène) à la fois robuste et flexible sur lequel viendront s’encastrer les micro-panneaux solaires. Le tout se repliera pour obtenir les dimensions recherchées.
Le défi qu’il faut encore relever est celui de l’électronique et de l’efficacité du circuit de régulation, soulignent les deux étudiants. “Les circuits de régulation existant sur le marché ne sont pas adaptés aux contraintes d’une surface réduite telle celle que nous envisageons. C’est donc sur cet aspect que nous nous consacrons actuellement.”
Ils ont bon espoir d’aboutir à un premier prototype opérationnel en octobre et d’être prêts pour la première commercialisation à l’été 2016.
Pour l’heure, avec le soutien de l’UCL (hébergement, accès aux labos) et les conseils de l’antenne néolouvaniste du WSL (basée au CEI), les deux étudiants opèrent entièrement sur fonds propres. Si leur projet aboutit, il leur faudra évidemment trouver des fonds pour le lancement de la production. A cet égard, ils ne se disent pas trop inquiets. Des marques d’intérêt leur sont en effet déjà venues de possibles investisseurs, en ce compris locaux. Mais aussi lors de leur voyage en Californie…
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