Spectralys: futur logiciel d’analyse automatique en biopharma

Portrait
Par · 07/06/2016

Spectralys Biotech est le nom d’une spin-off, qui devrait voler de ses propres ailes en fin d’année. Emanation du laboratoire SFMB (Structure et Fonction des Membranes Biologiques) de l’ULB, elle démarrera bientôt la commercialisation d’une solution d’analyse destinée à la production de protéines thérapeutiques.

Pourquoi parler d’un sujet orienté biotechnologies dans Régional-IT? Pour deux raisons.

D’une part, le projet fut l’un de ceux présentés lors du récent concours Innovators under 35 du MIT Technology Review, le projecteur étant braqué à cette occasion sur son auteur, Allison Derenne.

D’autre part, parce que ce projet, qui évolue actuellement dans le cadre du programme First Spin-off de la Région wallonne, cache un volet qui fait appel à la puissance du calcul informatique.

Le but est en effet de mettre en oeuvre, à la demande, et, à terme, de commercialiser une solution d’analyse de spectres infra-rouges (technologie FTIR, infrarouge à transformée de Fourier) visant la production de protéines thérapeutiques destinées à l’industrie biopharmaceutique. C’est essentiellement le traitement de maladies complexes (cancers, maladies auto-immunes…) qui est concerné. Voir en encadré ci-dessous une brève explication du problème que Spectralys se propose de résoudre.

 

L’efficacité de l’interaction d’une protéine thérapeutique avec la maladie qu’elle est combattre (cellules cancéreuses…) est déterminée par la forme de la protéine. Mais la taille d’une protéine n’en permet pas l’analyse par microscope. Des méthodes existent mais sont encore trop parcellaires (analyse de la forme de la protéine mais pas de sa composition, par exemple) et très lentes.

L’analyse par spectre infrarouge permet d’obtenir ce qu’Allison Derenne qualifie d’“empreinte digitale unique et globale d’un échantillon”. Mais l’analyse FTIR péchait encore par “difficulté d’interprétation de l’image et d’optimisation de la masse d’informations pouvant être collectées.”

La solution Spectralys permet de collecter de l’information sur 4 des 5 paramètres pertinents de la structure protéinique.

“Actuellement, la collecte des données imposait de recourir à 4 ou 5 techniques différentes et les données devaient être envoyées pour analyse à un labo d’analyse spectroscopique IR – il n’en existe que 6 dans le monde. Le délai de réponse est de 4 à 6 semaines et les résultats ne portent que sur un seul paramètre. Grâce à notre solution, les résultats seront disponibles en 5 ou 10 minutes, sur site, et portant sur 4 des 5 paramètres.”

L’intention est de développer à la fois un logiciel de traitement des données provenant des mesures infrarouges, de nouvelles méthodes de pré-traitement automatique d’échantillons, adaptées aux divers types de médicaments visés. L’optimisation de spectre et l’exploitation des données serviront non seulement au stade de la conception mais aussi tout au long de la chaîne de production médicale, jusqu’au stade du contrôle de qualité, souligne Allison Derenne.

Où interviennent l’informatique, les algorithmes et l’analytique?

Dès le stade de l’analyse des spectres infrarouges “afin d’éliminer les interférences – le “bruit” – qui ne sont pas liées à l’échantillon. Par exemple, la vapeur d’eau se trouvant ans l’air, les variations entre appareils…”.

Autres volets IT: l’analyse statistique afin de déterminer les paramètres pertinents pour les différents types de protéines et la calibration d’un modèle de quantification.

Le but ultime est d’en arriver à une solution automatisée de prétraitement et d’analyse statistique. Un premier logiciel, développé au sein du département de l’ULB, a “démontré qu’il était en effet possible d’automatiser ces processus. Mais il faudra aller plus loin et développer un nouveau logiciel plus spécifique, répondant aux contraintes du domaine des protéines thérapeutiques. Les techniques d’analyse existantes ne sont pas adaptées au secteur biopharmaceutique, notamment dans sa composante réglementation.”

Quel modèle commercial?

Allison Derenne (Spectralys Biotech): “Les techniques d’analyse existantes ne sont pas adaptées au secteur biopharmaceutique, notamment dans sa composante réglementation.”

Si Allison Derenne et sa partenaire, Audrey Hanard, ont déjà une vision claire des premières activités que développera la spin-off (des services de labo avec rapports d’analyse), la manière dont l’autre partie du business model pourra être implémentée doit encore être validée.

La deuxième étape consiste en effet, on l’a vu, à pouvoir proposer aux clients à la fois une méthodologie personnalisée et un logiciel analytique, déployable sur son site.

Deux voies se profilent pour concrétiser cette deuxième étape: soit un investissement par le fonds Théodorus de l’ULB avec convention éventuelle avec un partenaire, soit un appel à des subsides et la recherche d’un prêt.

Une levée de fonds devrait en tout intervenir en fin d’année ou début de l’année prochaine.

Troisième étape: la mise au point et la commercialisation d’une “package” (équipements et logiciels).

 

Allison Derenne: bio-ingénieure de formation, elle est détentrice d’un doctorat en sciences obtenu au laboratoire SFMB (Structure et Fonction des Membranes Biologiques) de l’ULB. Elle a lancé le projet Spectralys en 2013.

Audray Hanard: ingénieure de gestion diplômée de la Solvay Brussels School et détentrice d’un master complémentaire à la Columbia University à New York, elle a rejoint la spin-off en janvier 2016, après avoir travaillé 5 ans comme consultante chez McKinsey, spécialisée dans le pharma.