Voici près de quatre ans que Sambrinvest a décidé de structurer et donner une tournure plus stratégique à son approche d’investissement au bénéfice de sociétés cataloguées “numériques”. Désormais, son portefeuille de projets et de start-ups numériques représente 12% de l’ensemble de son portefeuille, toujours dominé par des sociétés biotech et comptant une flopée de secteurs plus traditionnels regroupés dans un axe dit “généraliste”.
La progression est sensible depuis trois ans. En 2017, les investissements consentis par l’invest dans cet axe pesaient à peine 1,3 million d’euros. En 2020 (à la clôture de l’exercice en juin), le chiffre avoisine les 5,5 millions. Et l’ambition, souligne Olivier Mertens, directeur du pôle numérique chez Sambrinvest, de poursuivre la croissance: “au moins 50% en 2021”.
Une deuxième personne vient d’ailleurs le rejoindre, ce 9 novembre, pour animer ce pôle numérique. Son nom? Louis Henne, diplômé de la Solvay Business School, près de trois ans d’expérience en tant que consultant chez Ernst&Young FSO Consulting et des missions en transformation numérique à son actif.
Du pre-seed au scale-up
Le portefeuille de Sambrinvest, dans son axe start-ups/scale-up numériques, compte actuellement environ 40 sociétés, positionnées dans une série de “verticals”. Essentiellement, des solutions B2B SaaS, quelques solutions de type marketplace, des start-ups orientées mobilité intelligente ou e-santé, un petit écosystème gaming et média “qui est en train de se mettre en place, notamment de par l’influence du groupe Dupuis dans la région”. Autre secteur pointé par Olivier Mertens, le “proptech” – lisez, les solutions IT et numériques destinées au secteur immobilier et construction.
A cet égard, il y a comme un effet miroir entre les thématiques majeures du portefeuille Sambrinvest et les programmes d’accélération que met en oeuvre, tous les six mois, Digital Attraxion (après l’e-santé, c’est au tour, début 2021, d’une petite cohorte de projets “new media” de tenter l’exercice de validation ou de maturation de leurs idées).
Olivier Mertens (Sambrinvest): ““En temps de crise, on essaie surtout d’investir davantage dans des scale-ups, des sociétés qui ont déjà un chiffre d’affaires important, en raison des incertitudes du marché.”
Montant global des investissements consentis par Sambrinvest dans des start-ups numériques depuis 2015: 18 millions d’euros. Sous deux formes: participation au capital ou prêt convertible.
Pour les start-ups, selon le degré de maturité de leur projet, le “ticket” que leur propose Sambrinvest oscille entre 150.000 et 1,5 million d’euros. Ces chiffres signalent une augmentation des “tickets” octroyés. “Nous avions commencé en mode très seed, avec des injections de 150 ou 250.000 euros. On peut désormais aller au-delà du million pour les jeunes pousses en phase de croissance.”
La crise du coronavirus a quelque peu rebattu les cartes… “En temps de crise, on essaie surtout d’investir davantage dans des scale-ups, des sociétés qui ont déjà un chiffre d’affaires important, en raison des incertitudes du marché. On se veut plus prudent et on préfère entrer au capital de sociétés déjà plus matures, qui offrent de meilleures perspectives de création d’emplois. Mais nous restons toutefois attentifs à des sociétés présentant un potentiel, même si elles en sont encore à un stade plus précoce.”
Au-delà du financement
Demain, dans le droit fil des initiatives déjà prises et en s’appuyant sur une série d’acteurs carolo (CoStation, centre A6K-E6K, Charleroi Metropole…), Sambrinvest dit vouloir intervenir plus clairement comme “acteur structurant”. D’une part, via un accompagnement aux entreprises en portefeuille: mise à disposition de spécialistes en marketing digital, développement agile… ; assistance d’un consultant pour la recherche de subsides ou la préparation et structuration d’un tour de table ; offre de conditions financières privilégiées, négociées avec des fournisseurs, pour les prix de licences (CRM HubSpot, gestion financière EMAsphere…) ou les tarifs d’utilisation de serveurs dans le cloud (Amazon…).
D’autre part, une action de structuration des écosystèmes sectoriels.
Pour mieux baliser sa stratégie future et décider de ses orientations “dans le contexte de la pérennisation du développement des écosystèmes sectoriels identifiés dans le plan [de relance carolo] CatCH”, l’invest s’est tournée vers le cabinet Roland Berger. Conseil reçu? Doubler, plus encore qu’auparavant, ses activités de financement des entreprises d’une démarche “structurante” pour le développement économique de la région hennuyère – ce qui doit passer par des actions au niveau de l’infrastructure et de l’immobilier local et de l’accompagnement – personnalisé pour jeunes pousses, systémique pour les écosystèmes sectoriels à développer (numérique, biotech, industrie 4.0, food tech…)
“L’un des enjeux, demain, sera la formation”, souligne Olivier Mertens. “Raison pour laquelle des projets conjoints seront développés notamment avec le centre A6K-E6K. Le programme de formations proposées aux chercheurs d’emploi s’inspirera notamment des besoins en talents et compétences identifiés au niveau des start-ups financées par Sambrinvest.
La tendance, chez Sambrinvest, encore renforcée, comme on l’a vu, par la phase de crise économico-sanitaire actuelle, est de s’intéresser de plus en plus à des “scale-ups”. “On voit se dessiner une tendance à cet égard, avec des fonds d’investissement à risque étrangers qui commencent à s’intéresser à certaines des sociétés en portefeuille. Preuve que le marché belge est bel et bien sur le radar de ces fonds. C’est une étape importante.
En termes de secteurs ou de thématiques, pas de grande révolution ou de grand changement à attendre de la stratégie redéfinie de Sambrinvest: toujours du B2B (quasi exclusivement), avec du SaaS, des solutions marketplace, et peut-être un appétit plus prononcé pour la construction 4.0. Parmi d’autres.
Par contre, toujours pas d’envie ou de tentation réelle de se lancer dans le financement de jeunes pousses de type “deep tech”. “Leur financement se rapproche beaucoup de celui des biotech, avec une longue période de R&D et une perspective incertaine. On commence certes à s’y intéresser mais c’est là un domaine très différent de notre socle numérique actuel. Nous restons dans une perspective d’exit à 5 ou 7 ans, avec financement de sociétés qui présentent une perspective de traction commerciale rapide, un bon market fit déjà valorisé…”
Olivier Mertens (Sambrinvest): “Une communauté d’entrepreneurs – des porteurs de projets ayant réussi le lancement de leur start-up – est en train de se constituer et constitue une réserve de sourcing renforcé, pouvant apporter son expérience pour l’apprentissage des start-ups.” Exemple: la jeune pousse Sortlist, issue du Nest Up, co-financée par Sambrinvest, et dont le CEO conseille désormais TafSquare, une autre start-up du portefeuille de l’invest; et siège à son conseil d’administration.
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