Un détour de carrière. Voilà comment on pourrait qualifier l’orientation qu’a donné Pierre Labalue, cofondateur de Letsgocity, à sa carrière depuis quelques mois.
Depuis octobre 2020, il a en effet intégré le cabinet du secrétaire d’Etat Mathieu Michel, en tant que conseiller en “stratégie digitale et sujets transversaux”. ISon rôle, il le décrit davantage comme celui d’un “citoyen au sein d’un cabinet”, d’un entrepreneur qui vient tisser des fils rouges et une perspective transversale sur les différentes problématiques que le “frère de l’autre” sera amené à traiter, dans le cadre qui lui a été confié. A savoir, la simplification administrative, la digitalisation et la protection de la vie privée.
Son rôle “transversal”, Pierre Labalue l’assume au sein d’une équipe de cinq personnes, en majorité “experts” ou dédiés à l’une des compétences citées ci-dessus.
D’emblée, Pierre Labalue souligne que son “plan de carrière” ne prévoyait aucunement une entrée en, ou un détour par, la politique. Et il ne compte d’ailleurs pas en faire un engagement à vie.
Il estime par contre qu’en raison de son parcours d’entrepreneur, il pourra y apporter des compétences et des éclairages intéressants – “en transversal”. Et, par ailleurs, que cela lui permettra d’ajouter à sa propre besace une connaissance plus intime d’une autre facette de l’action territoriale, dont il pourra utilement se prévaloir lorsqu’il fera son retour dans la vie économique. Epoque à laquelle il reprendra sans doute le cours de ses ambitions et projets personnels.
Voyons tout cela avec lui…
Deux pôles d’intérêt
“Je n’ai pas quitté la direction de Letsgocity spécifiquement pour rejoindre le cabinet. Lorsque je l’ai fait, un successeur avait déjà été choisi. Depuis quelque temps déjà, à l’époque du premier confinement, j’avais décidé de changer d’orientation.
Depuis quelque temps déjà, je ressentais le besoin de nouveaux projets. J’avais un peu le sentiment d’avoir fait le tout avec Letsgocity.
Pierre Labalue (ex-Letsgocity): “le numérique est un outil phénoménal pour combiner développement durable et croissance économique.”
Mon souhait, à ce moment-là, était de me remettre en indépendant, mais toujours dans le domaine et selon la notion de territoire intelligent”.
Sa vie future, avant que le détour par le cabinet n’intervienne, Pierre Labalue l’imaginait selon les deux facettes qu’il espère, dans un temps long, donner à sa vie. D’une part, oeuvrer en faveur des enjeux climatiques, dans un esprit d’“écologie libérale” – où écologie et croissance économique seraient compatibles.
D’autre part, poursuivre dans la lignée qui fut la sienne pendant les quelque neuf premières années de sa vie professionnelle. A savoir: le numérique, au service du développement territorial. Il se voyait agir en tant qu’indépendant, mettant sur pied une agence de consultance en développement territorial. “Les intercommunales se sont déjà transformées et réorientées, dans une certaine mesure, en ce sens. Ce que j’imaginais de faire, c’est d’intervenir en soutien de telles structures.”
Cette volonté duale – écologie et numérique -, il compte toujours la réactiver et la formaliser, une fois l’épisode Cabinet refermé.
“Les petites graines sont semées”
Ses quelque huit années à la tête de Letsgocity (dont il fut l’un des co-fondateurs, fin 2012) et le projet Wallonie en Poche qu’il a ensuite mis sur les rails et piloté n’appartiennent pas au passé pour Pierre Labalue. Impossible ou plutôt impensable pour lui de tourner définitivement la page.
Plus question, bien entendu, de s’impliquer opérationnellement mais la transition et le passage de témoin à Julien Gilon s’est fait après balisage de ce que serait ou pourrait être l’avenir de cette start-up (nous y revenons dans un tout prochain article). Et l’on sent Pierre Labalue lié à l’idée que ces deux projets représentent les prémices d’initiatives futures.
L’idée de départ – fournir une plate-forme centralisante pour la mise en lumière d’initiatives, d’acteurs et de services locaux ou communautaires – a certes évolué et s’est enrichie au fil du temps, mais reste l’épine dorsale de ce qu’il espère poursuivre à terme. En étroite imbrication avec cette volonté de remettre les preneurs d’initiatives et le citoyen au centre des initiatives.
Depuis octobre 2020, Pierre Labalue a passé le flambeau de LetsGoCity à Julien Gilon (à g.).
Toutefois, coaliser, faire participer et co-créer des acteurs épars, amener les pouvoirs locaux et les acteurs de terrain à imaginer et déployer des projets de développement territorial “4.0”, dans un esprit de mutualisation, les convaincre d’enrichir le florilège de micro-services localisés, n’a rien d’un long fleuve tranquille.
“J’ai eu des périodes de doute, notamment en 2018-2019”, reconnaît Pierre Labalue.
“Est-ce que ce n’était qu’une bulle [qui allait un jour éclater], quelque chose qui ne se concrétiserait jamais? Mais en 2020, il y a eu comme un déclic. Le nouvel appel à projets Smart Region a vraiment marché.
Les graines commencent à germer. On voit se multiplier de vraies initiatives locales, réellement centrées sur le citoyen. L’idée de départ va finir par atterrir dans la poche des gens…”
Pas de retour en arrière
Après son passage dans la sphère publique, Pierre Labalue imagine-t-il de se réimpliquer un jour dans Letsgocity? “Il n’est jamais évident de transmettre son bébé mais je suis heureux de voir qu’il peut grandir avec quelqu’un d’autre. Quelqu’un qui puisse y injecter toute l’énergie nécessaire. Pour ma part, je n’avais sans doute plus celle que j’avais au début du projet…
Aujourd’hui, Letsgocity peut vivre en autonomie sans son fondateur. Je resterai évidemment un observateur attentif, passionné par Letsgocity, mais j’estime avoir fait mon temps.
Je continuerai par contre à favoriser le marché dans lequel évolue Letsgocity. L’expérience que je pourrai glaner au cabinet me servira dans mon envie de lancer une agence de transformation territoriale.”
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