Modalisa Technology, start-up liégeoise (Angleur) créée en 2011, a réussi à se glisser dans la liste des finalistes du TiE50 Awards Program qui avait pour cadre, fin de semaine dernière, la conférence TiECON 2013 qui se tenait à Santa Clara, au coeur de la Silicon Valley.
TiE50
TiE50 ne vous dit sans doute rien. Il s’agit en fait d’un palmarès annuel dressé par la section Silicon Valley du TiE (The Indus Entrepreneurs), un réseau mondial d’entrepreneurs dont le but premier est de promouvoir l’entrepreneuriat (technologique) à travers le monde, par le biais de services tels qu’accompagnement, réseautage et formations pour des (néo-)entrepreneurs. Il est majoritairement implanté aux Etats-Unis mais également en Asie et en Europe. L’une de ses sections est d’ailleurs belge. Au total, le réseau TiE compte 14.000 membres, venus de 13 pays.
Depuis sa création en 2009, le concours TiE50 est considéré comme une référence, un pôle d’attraction pour les investisseurs (capital-risqueurs et business angels) cherchant de bons filons d’investissement. Si l’on en croit en effet les statistiques produites par le réseau TiE, 94% des finalistes et lauréats du TiE50 ont décroché des mises de fonds.
C’est donc dans ce Top50 des “sociétés technologiques les plus innovantes et présentant le plus de potentiel de croissance rapide” au monde que la start-up liégeoise Modalisa Technology vient de faire son apparition. Parmi près de 1.400 sociétés candidates…
Modalisa Technology s’est lancée sur le marché en 2011, en s’appuyant sur des travaux de recherche, menés à l’Institut Montefiore de l’ULg, portant sur des algorithmes évolués et des méthodologies de développement (CMMI, notamment).
Le créneau choisi par la société fut donc celui du BPM (modélisation, gestion et optimisation de processus). Aride, a priori, mais les deux fondateurs- Frédéric Maréchal et Tony Ciccarella- ont donné à cette spécialité une nouvelle tournure.
Spécificités de Modalisa: la modélisation graphique et la visualisation temps réel des processus d’une entreprise et la capacité à collecter des informations à partir de tout processus, quel que soit l’équipement impliqué dans leur activation ou gestion. Qu’il s’agisse d’un système informatique traditionnel ou de dispositifs plus neufs, voire spécifiques, tels que tags RFID, nanopuces, capteurs… La société a développé à cet effet un certain nombre de connecteurs.
Autre spécificité différenciatrice: la possibilité de visualiser et gérer l’ensemble de ces processus à partir d’équipements mobiles. Après avoir commencé avec iOS (iPhone, iPad), la plate-forme est désormais aussi compatible Android et des développements Windows8 sont en cours. “Un suivi à partir d’un mobile permet aux responsables des processus d’être plus réactifs. Ils peuvent optimiser leur exécution en fonction de contraintes évolutives, sur base de modèles ou de règles.”
Au fil des mois et des développements, Modalisa a par ailleurs affiné son interface, jusqu’à en faire un instrument qualifié de quasi ludique, “que même un enfant de 10 ans pourrait exploiter.”
Reconnaissance internationale
Frédéric Maréchal: “Nous voulons finaliser la levée de capitaux en septembre. Il faut aller vite parce que le moment est venu de nous exporter.”
“TiECON fut pour nous une opportunité incroyable de pouvoir présenter, au coeur de la Silicon Valley, notre solution, notre vision, nos projets de développement, devant un parterre de professionnels, d’entrepreneurs et d’investisseurs potentiels. Difficile de rencontrer ce genre de mentors et de capital-risqueurs en Europe…”, déclare Frédéric Maréchal.
“Les rencontres ont été très positives. Dès les prochaines semaines, nous procéderons à des présentations encore plus détaillées à destination d’investisseurs et banques d’investissements américaines, indiennes et même chinoise, rencontrées sur place”, ajoute Tony Ciccarella.
“Fort de la visibilité que nous procure un positionnement dans le TiE50, nous allons ouvrir notre capital [encore purement privé, sur fonds propres]. Et nous sommes bien décidés à convaincre les pouvoirs publics locaux ainsi que des industriels belges de participer à la recapitalisation afin d’assurer un ancrage local à la société. Figurer dans le TiE50 permettra de leur ouvrir les yeux sur notre société et son potentiel.
Nous avons désormais des arguments concrets puisqu’on a prouvé, en pleine Silicon Valley, face à des investisseurs venus de partout dans le monde, qu’on est innovant. Nous voulons éviter que tout le capital parte à l’étranger…”
Au total, la société espère récolter 3 à 4 millions d’euros.
Passer à la vitesse supérieure
Modalisa veut aller vite, très vite. “Nous voulons finaliser la levée de capitaux en septembre. Il faut aller vite parce que le moment est venu de nous exporter.” C’est que la concurrence s’annonce rude sur le marché porteur de l’e-health. “Nous ne voulons pas d’un scénario où nous nous ferions racheter par un concurrent. Nous voulons développer notre plate-forme, et de manière conséquente afin de contrebalancer la concurrence”, insiste Tony Ciccarella. “Nous voulons développer rapidement la société pour continuer à innover.”
Une approche qui vaut bien un coup de chapeau… et un coup de pouce, non?
Pour cette phase de croissance, l’équipe (3 personnes plus des consultants ponctuels externes) va être sensiblement étoffée. Modalisa compte en effet engager plusieurs personnes de haut niveau, aux profils de bio-informaticiens, d’ingénieurs, masters en IT… “qui puissent développer idées et produits.”
Perspectives
Si la plate-forme ModaTech est en principe exploitable dans tous les contextes (secteurs financiers, industriels, télécom…), l’ouverture du capital aux investisseurs (privés et publics) visera à financer les deux axes prioritaires dans lesquels la société veut se développer.
D’une part, le créneau e-health (au sens large). Très tôt, Modalisa avait séduit l’un des laboratoires de recherche de l’université d’Harvard, spécialisé dans l’extraction d’ADN dans le cadre du traitement du cancer. Pour leur travail, les différents doctorants et laborantins, travaillant dans plusieurs pays, avaient besoin de normaliser les processus, d’effectuer un suivi temps réel des analyses et des transferts de données, de valider et d’assurer le suivi des tâches de chaque personne, avec traçage des échantillons. ModaTech fut la réponse à leur besoin.
Sur sa lancée, Modalisa a étendu ses solutions. La plate-forme est désormais capable de modéliser et gérer la chaîne entière des processus de soins “depuis le prélèvement sur le patient jusqu’aux activités d’un médecin ou chirurgien” (visualisation des activités d’un laboratoire, traçage des échantillons, changement de priorité de processus, récupération des résultats d’analyse en temps réel, envoi à telle ou telle destination…).
Chaque étape est en outre “chrono-validée”, la vie d’un échantillon pouvant être limitée dans le temps. Réorganiser la chaîne des processus pour minimiser les pertes d’échantillons peut donc être un avantage supplémentaire.
Ce même principe s’applique à un autre domaine, connexe, auquel Modalisa compte s’adresser, à savoir la qualité et sécurité de la chaîne alimentaire.
“Modéliser la vie” au quotidien
Autre axe prioritaire sur lequel mise la start-up: le filon porteur que constituent les réseaux sociaux et le marketing (mobile). “Notre plate-forme permettra de jeter une passerelle entre les individus et le monde des entreprises”, déclare Tony Ciccarella. “Jusqu’ici, les réseaux sociaux tels que Facebook, LinkedIn, Instagram… collectent des informations qui sont réutilisées, par exemple, par des sociétés de marketing mais de manière encore disparate. Notre solution permet de modéliser le comportement des individus, de “marquer” ses activités dans son fil de vie quotidien, de détecter des tendances. ModaTech modélise en quelque sorte la vie de l’individu.”
Ces données modélisées, interprétées ou interprétables par des utilisateurs tels les sociétés de marketing, représentent une valeur indéniable pour adapter offres, services et produits aux tendances- le plus tôt et rapidement possible.
Pour traiter ces données collectées de manière efficace, Modalisa devra bien entendu concrétiser deux paramètres. D’une part, les algorithmes d’analyse. Certains ont déjà été développés. Les contacts noués lors du TiECON devraient permettre de nouer des collaborations avec des partenaires.
Autre paramètre: la puissance de calcul et de modélisation. “Nous devrons recourir au cloud pour ce faire. Et c’est notamment pour cela que nous avons besoin de capitaux.”
Liège ou… la Silicon Valley?
Modalisa compte bien rester ancrée en Belgique. Mais une expatriation n’est pas exclue. “Nous considérerions comme une défaite de ne pas pouvoir impliquer les forces locales mais nous ne mettrons pas pour autant la société en péril. Le cas échéant, nous serons amenés à nous expatrier…”, déclare Tony Ciccarella.
Quoi qu’il arrive, Modalisa compte en tout cas ouvrir rapidement un bureau à Santa Clara, dans la Silicon Valley. “D’une part, parce que les investisseurs américains demandent qu’on ait un bureau local. Notamment pour avoir des contacts réguliers mais aussi pour bénéficier du phénomène de networking très actif qui est à l’oeuvre dans la Silicon Valley, où il est possible de rencontrer tous les 2 ou 3 jours des personnes de très haut niveau, travaillant pour les tout grands du secteur IT. Une présence locale est également nécessaire pour attaquer le marché américain et pour étendre notre positionnement au niveau mondial”, explique Frédéric Maréchal.
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