Ibanfirst, start-up “fintech” bruxelloise avec son IT à… Dijon

Portrait
Par Olivier Fabes · 19/10/2016

Ayant porté son capital à 10 millions d’euros cet été, Ibanfirst (anciennement FX4Biz) fait résolument partie de ces “fintech” belges à suivre.

En l’occurrence, la start-up Ibanfirst est plutôt franco-belge: fondée en 2013, l’entreprise est certes basée avenue Louise à Bruxelles (où elle emploie une quinzaine de personnes) mais son fondateur et CEO est le Français Pierre-Antoine Dusoulier et tout le développement informatique (une quinzaine de personnes) est géré depuis… Dijon. “Notre CTO a rencontré l’amour en Bourgogne et a voulu s’y installer. Cela nous arrange car tout coûte moins cher là-bas, notamment les codeurs informatiques. Et il y a une bonne université”, explique Pierre-Antoine Dusoulier.

Dans sa communication, Ibanfirst est surtout orientée vers les “PME françaises”. Pourquoi dès lors avoir choisi Bruxelles? “Il y a ici un environnement international et des talents multilingues qu’on ne trouve pas aussi facilement à Paris. Et puis, les bureaux sont moins chers et on est à 2 heures de Paris…”, répond l’entrepreneur, pragmatique. Et l’attrait fiscal de l’absence de taxation sur les plus-values en cas de revente ? “Pas vraiment, je suis résident français…”

A 38 ans, l’entrepreneur a déjà un solide CV et de l’entregent. Pierre-Antoine Dusoulier a déjà à son actif la création de Saxo Bank (dont il vient de quitter le management pour se consacrer pleinement à Ibanfirst). Le “lead investor” dans la levée de fonds d’il y a quelques semaines – 5 millions pour porter le capital total à 10 millions – n’est autre qu’un certain Xavier Niel, le fondateur de l’opérateur télécom Free et figure des start-up en France (et en Europe). Notamment via son Ecole 42 “born2code”. Ajoutons encore qu’Ibanfirst compte parmi ses administrateurs l’un des directeurs du Crédit Mutuel, grande banque française.

Services financiers, 100% on-line, pour PME

Mais que se cache-t-il donc derrière ce nouveau nom d’Ibanfirst (à peine plus sexy que FX4BIZ)? “En partant du compte IBAN d’une entreprise, nous voulons proposer aux PME toute la palette de services qu’un établissement de paiement peut offrir sans avoir l’agrément bancaire”, résume Pierre-Antoine Dusoulier.

“Notre plate-forme, 100% on-line, de services financiers pour PME leur fait épargner grosso modo 1% des sommes payées à leurs partenaires commerciaux”, promet-il. Concrètement, Ibanfirst propose déjà un service de paiement multi-devises en temps réel en ligne.

Pierre-Antoine Dusoulier (IbanFirst): “Notre objectif est tout simplement de rassembler sur une seule et même plate-forme les meilleures fintechs dans leur domaine.”

“Le client sait directement à quel taux de change il va réaliser un paiement et en totale transparence par rapport à notre commission. C’est un avantage énorme par rapport aux banques où le taux de change exact n’est généralement connu que le lendemain de la transaction.”

Pour le reste, Ibanfirst est occupée à se greffer à l’API d’eDebex, autre start-up fintech bruxelloise qui a le vent en poupe, pour proposer de l’affacturage. “Chaque prépaiement de facture est approuvé automatiquement, sans devoir sortir de l’environnement Ibanfirst.” Et elle développe également les interfaces avec la fintech française UnitedCredit, leader dans le placement de trésorerie (qu’elle injecte dans des prêts à la consommation).

“Notre objectif est tout simplement de rassembler sur une seule et même plate-forme les meilleures fintechs dans leur domaine. Il n’existe pour l’heure aucune banque à 100% en-ligne ciblant spécifiquement les PME”, argue Pierre-Antoine Dusoulier.

La start-up cible les PME à partir d’un million d’euros de chiffre d’affaires. Elle affirme avoir traité, en 2015, plus d’un milliard d’euros de transactions et effectué plus de 100.000 opérations pour le compte de 1.000 clients. Au vu de ses ambitions européennes, en démarrant par la Belgique (tout de même 50% de ses revenus), la France et bientôt les Pays-Bas, son chiffre d’affaires de 1,5 million en 2015 devrait vite exploser.

Sur le marché belge, la priorité, technologique autant que commerciale, d’Ibanfirst est de s’interfacer avec la solution de paiement inter-entreprises Isabel, incontournable dans nombre de PME. “50% de nos clients en Belgique utilisent Isabel.”