IRIS, désormais annexée au groupe Canon, est et continuera d’opérer selon un double axe: édition et commercialisation (directe et indirecte) de solutions logicielles, d’une part; prestations de services professionnels aux entreprises et organismes publics, de l’autre.
Pierre De Muelenaere, co-fondateur et dirigeant de la société pendant 30 ans, l’avait dit et répété lors de son départ: si mariage il y a eu avec le groupe Canon, c’est pour accélérer le développement à l’international, s’en donner les moyens tout en préservant la spécificité et la pertinence de l’entité IRIS. Le discours que tient aujourd’hui son successeur, Hubert Bro (venu du groupe Canon – voir ci-dessous), n’est pas différent. Une chose se précise toutefois, la société belge cherchera de plus en plus de synergies et de complémentarités avec son nouveau propriétaire. Certes logique et attendu mais avec des implications non négligeables en termes de structure commerciale, notamment, dont on ne discernera la réalité que dans les mois ou trimestres à venir.
Une stratégie avalisée par Canon
IRIS s’est montrée plus que discrète depuis son annexion par Canon. A peine quelques petits lancements de produits ou versions logicielles de simple mise à jour.
C’est qu’en coulisses, il s’agissait de définir, pour rapport au nouveau propriétaire, les grands axes de la stratégie à court et moyen terme. Stratégie préparée l’été dernier et avalisée entre-temps par le tonton nippon.
SOHO…
Côté grand public, IRIS Products & Technologies poursuivra sa quête de valeur ajoutée et de différenciation sur le terrain de la reconnaissance intelligente de documents et de leur traitement (extraction, classification…). Sans se disperser et avec une attention plus particulière consacrée au traitement de l’image (dans toutes ses manifestations). Avec aussi une claire ambition d’être présent dans tous les marchés majeurs de la planète: Europe, Amériques, Asie.
L’IrisPen, l’un des produits-star de la société néolouvaniste
Le modèle go to market: de la vente en OEM (via intégration des technologies dans les solutions d’autres fournisseurs), via VAR et via intégration des potentiels logiciels dans les solutions de scanning (mobiles ou non).
Pour cet axe, l’avenir passe notamment par “une intégration plus systématique des technologies IRIS dans celles de Canon et une accélération des ventes via VAR et partenaires, en nous appuyant sur l’infrastructure commerciale déjà déployée par Canon, par exemple sur les continents américains (Nord et Sud) et asiatique”, explique Hubert Bro.
La volonté, clairement affichée, d’accélérer la pénétration aux Etats-Unis et de débarquer sur le continent asiatique n’ira pas sans conséquences pour les choix Produits de la société. “Il nous faudra tenir compte des spécificités des clients (particuliers et sociétés) dans ces régions et non plus seulement des besoins belges ou européens”, déclare le nouveau patron.
Pourrait-on ainsi voir naître des gammes de produits différents selon les régions? La possibilité est loin d’en être rejetée. Les particularismes pourraient également se définir en termes de marchés verticaux visés, ou d’accords d’intégration avec des acteurs régionaux…
Là où Canon apporte à la société belge la force de son réseau international – la “capillarité régionale” comme l’appelle Hubert Bro -, le groupe japonais attend de son rejeton qu’il lui procure une expertise technologique qui lui fait défaut et un potentiel d’innovation qui lui permette de faire la différence. Certes, IRIS n’opèrera pas seule en matière de R&D (il y aura collaboration avec les différents labos de Canon) mais le défi n’en est pas moins de taille.
Hubert Bro (IRIS): “Ces dernières années, les investissements en R&D ont surtout été affectés à un renforcement du support. Il s’agit maintenant de procéder à de véritables investissements en recherche pure et en développement et sans se disperser.”
Les effectifs R&D seront donc renforcés. L’équipe R&D d’IRIS (Belgique, Allemagne) se compose actuellement d’environ 60 personnes. “A court et moyen terme, nous procéderons à des recrutements.” De quelle ampleur? “Progression à deux chiffres”, se contente de dire Hubert Bro. Sans préciser davantage l’importance financière. “Ces dernières années, les investissements en R&D ont surtout été affectés à un renforcement du support. Il s’agit maintenant de procéder à de véritables investissements en recherche pure et en développement et sans se disperser.”
Quels sont les principaux défis et priorités technologiques qu’épingle IRIS à son prochain tableau de chasse R&D? L’intelligence artificielle, en tout cas, est du nombre. Notamment pour renforcer la fiabilité de la reconnaissance de caractères, pour étendre le champ aux images animées (vidéo), pour garantir une meilleure qualité des applications destinées aux smartphones…
Des projets devraient se matérialiser courant 2018 ou 2019.
… entreprises
Côté IRIS Professional Solutions, la société identifie quatre axes d’activités destinées à “apporter un support à la réflexion des entreprises [essentiellement des grands comptes] et du secteur public dans leurs projets de transformation numérique devant servir à adapter leurs processus et à renforcer leur productivité.”
Hubert Bro (IRIS): “Le développement de logiciels représente environ un-tiers de nos activités. Les deux axes d’activités continueront de se développer en parallèle sans qu’il y ait de volonté expresse de favoriser une croissance démesurée de l’un par rapport à l’autre.”
Quels sont ces 4 axes?
- conseil: assistance à la réflexion des clients par rapport à leurs processus existants pour la mise en oeuvre de solutions et d’applications de gestion et d’analyse de documents
- accompagnement pour l’adaptation des infrastructures permettant de gérer ces applications et solutions (ici, IRIS s’appuiera et viendra compléter les catalogues de partenaires, au premier rang desquels IBM)
- accompagnement “en expertise et ressources” – lisez: mise à disposition de techniciens, de développeurs, de chefs de projet…, pour suppléer aux compétences manquantes dans les équipes IT internes des clients ; et ce, pour des missions de moyen à long terme, notamment auprès de quelques gros clients publics (la Commission européenne et des institutions internationales sont du nombre)
- outsourcing: encore peu développé, cet axe sera renforcé et amplifié, notamment en puisant dans la réserve de compétences de Canon ; dès lors, outre des services d’externalisation de tâches d’impression, IRIS compte proposer de la gestion d’information, du BPO (externalisation de processus métier), en collaboration avec l’entité BIS (Business Information Services) de Canon.
Hubert Bro (IRIS): “Le développement de logiciels représente environ un-tiers de nos activités. Les deux axes d’activités continueront de se développer en parallèle sans qu’il y ait de volonté expresse de favoriser une croissance démesurée de l’un par rapport à l’autre.”
Gommer l’éparpillement
Pour l’heure, les prestations de services d’impression en mode externalisé sont encore modestes et se rencontrent surtout en France dans certains “verticaux”. Une réflexion est en cours pour en épingler quelques-uns qui soient porteurs ainsi que des besoins professionnels plus transversaux que les entreprises chercheraient à confier à un prestataire externalisateur. Du genre, finances ou RH… Le choix se fera au cours des prochains mois.
Hubert Bro (à g.) et Pierre De Muelenaere, le nouveau et l’ancien patron d’IRIS. Consolider et harmoniser l’historique.
Autre évolution à laquelle IRIS réfléchit (avec Canon) pour étoffer son catalogue de compétences – et se différencier sur le marché? “Nous voulons développer une réelle compétence dans les métiers de nos clients afin de pouvoir leur apporter une véritable valeur ajoutée et autoriser la mise en oeuvre des technologies qui sont réellement pertinentes pour eux.”
Mais encore? “IRIS est par exemple très fort aux Pays-Bas dans le secteur juridique [Ndlr: conséquence de l’acquisition de la société Morningstar Systems – voir en fin d’article un petit récapitulatif de la dizaine de sociétés qu’a rachetées IRIS au fil des ans]. En Belgique, notre point fort se situe davantage du côté du secteur public. Idem en France où on peut ajouter le secteur social. Il faut désormais aller plus loin et transformer ces points forts spécifiques en une stratégie plus marquée.” Là encore, une concertation avec Canon devrait déboucher sur la définition d’une approche davantage harmonisée dans tous les pays visés.
Et c’est encore Canon qui pourrait apporter un élargissement sensible du profil clientèle. Elle est jusqu’ici limitée essentiellement aux grands comptes et organismes publics. Le monde des PME pourrait être abordé en s’appuyant sur le réseau commercial du groupe japonais. “Là aussi, nous travaillons à identifier complémentarités et synergies.” Hubert Bro promet qu’on devrait y voir plus clair au second semestre.
Autre travail d’harmonisation en cours: mieux intégrer les différentes sociétés rachetées au fil du temps et qui, selon Hubert Bro, fonctionnent encore trop en silos. “Cela contribuera à autoriser une approche plus structurée dans les différents pays.”
D’abord consolider les fondamentaux
4 axes d’activités donc pour IRIS Professional Services. Dans 4 pays pour commencer. A savoir, ceux où elle est déjà implantée: Belgique, Grand-Duché, France et Pays-Bas.
“La Belgique et le Luxembourg sont les plus développés en termes d’enterprise information management, de solutions de cloud hybride et de DPO. A ce titre, IRIS servira en quelque sorte d’incubateur pour Canon en vue de développer ce modèle dans d’autres pays.”
D’autres pays? C’est encore trop tôt pour y penser de manière concrète: “nous voulons tout d’abord consolider notre stratégie internationale, définir les verticaux à attaquer, avant de penser à de nouveaux pays. On réfléchira avec Canon sur la manière de nous développer davantage en services en Europe mais il faut d’abord faire la preuve que le modèle de développement choisi marchera avant de l’exporter ailleurs.”
Les acquisitions d’IRIS au fil des ans…
1999: achat d’IT Vision, société spécialisée dans le stockage de données (cette acquisition marque notamment le début du partenariat avec IBM)
2000: trois acquisitions au compteur cette année-là: Seasoft, société belge positionnée sur le terrain du partage et de la gestion de documents sur Internet ; Sepsi, acteur français de la reconnaissance automatique de formulaires ; et Paperless, éditeur belge de logiciels partenaire de Kodak
2001: rachat d’Euriged, société française spécialisée en gestion documentaire, et d’AMOS Monétique, autre société hexagonale spécialiste des documents bancaires et de la lecture automatique de chèques
2005: acquisition de Jeeves Systems, dont les activités se situent du côté de l’installation et de la gestion de solutions et infrastructures ICT complexes
2007: première acquisition aux Pays-Bas où la société belge met le grappin sur Morningstar Systems, développeur de solutions de gestion documentaire et gestion de contenus dans le secteur juridico-légal. La même année, c’est en Allemagne qu’IRIS épingle un nouvel acteur à son tableau de chasse, en l’occurrence Docutec, qui avait développé des solutions de classification automatique de documents et de reconnaissance automatique de factures. De ce mariage naîtra la solution IRIS Xtract
2012: annonce de l’acquisition d’IRIS par Canon.
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Qui est Hubert Bro?
A 55 ans, Hubert Bro a à son actif une carrière de plus de 30 ans au sein de Canon. Passé par de multiples fonctions et responsabilités (services, marketing, ventes, communications, stratégie commerciale…), ce Français fut le directeur Business Strategy de Canon Europe de 2008 à 2012.
Auparavant, il avait siégé au comité exécutif qui avait notamment supervisé de précédentes transformations au sein du groupe, entre autre à l’occasion de l’acquisition d’Océ. [ Retour au texte ]
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