GeonX prépare une “solution de rupture” pour la fabrication additive

Portrait
Par · 22/08/2016

Depuis cette année, GeonX, éditeur de logiciels de modélisation et de simulation de fabrication virtuelle (créé en 2012 par deux anciens de Cenaero), a fait du marché de la fabrication additive — impression 3D en termes plus profanes — un axe réellement stratégique

Cela avait été son intention dès le départ, en 2012, mais la concrétisation n’est venue que cette année avec les débuts commerciaux de la version AM de son logiciel de simulation numérique Virfac (Virtual Factory). Pour rappel (voir notre article), ce logiciel permet de modéliser et de simuler les caractéristiques d’une pièce, ses déformations éventuelles, les contraintes résiduelles…

Au fil du temps, GeonX s’est engagée dans plusieurs partenariats. Depuis environ deux ans, elle s’est alliée au japonais JSOL, auteur du logiciel de simulation de soudage JWeld, afin de travailler de concert sur le développement de Virfac, une solution que le japonais revend d’ailleurs lui-même sur le territoire nippon.

Voici quelques mois, c’est avec la française BeAM (Be Additive Manufacturing) que GeonX a fait alliance. Avec ce constructeur spécialisé dans la conception et la production d’équipements de fabrication additive (voir encadré en fin article), l’accord porte sur une offre intégrée “Simulation-Procédé-Machine”. En clair, une solution qui couvre la totalité du processus: depuis la simulation de fabrication d’une pièce jusqu’à la fabrication des pièces et équipements en passant par la réalisation de prototypes et la qualification des pièces.

Pour ce faire, le logiciel de simulation numérique Virfac (Virtual Factory) de GeonX sera proposé comme module avec les outils de conception de BeAM afin d’accélérer et d’améliorer le processus de production (Virfac permettra de définir les paramètres adéquats à programmer sur les machines).

La clientèle de BeAM est clairement industrielle, évoluant dans les secteurs de l’aéronautique, de l’aérospatiale, de la défense, du nucléaire, de la construction navale, du pétrole et du gaz.

Plus récemment, GeonX a passé un autre accord, cette fois avec l’Institut de Technologies photoniques (LPT) de l’université Friedrich-Alexander d’Erlangen-Nuremberg en Allemagne. Spécialisé dans la modélisation de soudage laser, le LPT est considéré par GeonX comme un allié précieux pour progresser sur le terrain de la modélisation multiphysique [Ndlr: simulation des couplages entre différents phénomènes physiques intervenant au sein de systèmes complexes]. “Cela nous permettra d’augmenter les capacités d’optimisation et de nous différencier de nos concurrents actifs dans le domaine de la fabrication additive”, souligne Laurent D’Alvise, co-fondateur et directeur de GeonX. “Notre solution et les calculs y gagneront en précision et en prédictibilité.”

Se hisser en tête de peloton

Société encore jeune (pour rappel, elle a été créée en 2012) et entrée tout récemment sur le terrain de la fabrication additive, GeonX n’en a pas moins de solides ambitions. Les concurrents ne sont sans doute pas nombreux mais les choses pourraient évidemment changer très rapidement dans un secteur aussi porteur et alléchant…

La collaboration avec l’Institut LPT (Erlangen-Nuremberg) est un élément de différenciation. Mais GeonX en prépare d’autres. A commencer par le développement d’un nouveau solveur d’éléments finis, plus puissant et rapide que celui sur lequel repose actuellement VirFac

“VirFac se compose en fait de trois moteurs de calcul: le solveur Morfeo, développé et hérité du Cenaero, le logiciel JWeld de JSOL et ce futur solveur qui aura la particularité d’exploiter les ressources du GPU [processeur graphique]. Ce solveur sera nettement plus rapide et spécifiquement conçu pour les besoins de la fabrication additive, beaucoup plus exigeante en termes de nombre de couches, de temps et puissance de calcul”, explique Laurent D’Alvise.

GeonX attend beaucoup de ce solveur, qualifié de “réelle rupture technologique”. “Il sera beaucoup plus rapide que tout ce qui existe aujourd’hui sur le marché et nous permettra de prendre la tête du marché.” Gains espérés ? “Une importante amélioration en termes de précision et un facteur d’amélioration entre 1.000 et 10.000 pour ce qui est, par exemple, de la vitesse de résolution de problèmes thermiques multipliée.”

Les débuts commerciaux du solveur GPU sont prévus pour la fin de l’année.

Nouveau cap en 2017

En l’espace de 4 ans, GeonX est passé de 2 à 15 personnes. La majorité des collaborateurs sont aujourd’hui des développeurs qui se concentrent essentiellement sur les besoins du marché de la fabrication additive.

Spécialité première de GeonX: les solutions de simulation pour impression 3D métallique. Secteurs-cible: principalement l’aéronautique (ce qui s’explique par la filiation initiale à Cenaero), le médical et l’automobile.

Chiffre d’affaires 2015: 850.000 euros, soit un doublement par rapport à l’année antérieure. Si 2016 ne verra sans doute pas de grosse évolution, Laurent D’Alvise ambitionne une progression sensible dès 2017, essentiellement grâce à la fabrication additive.

La clientèle de GeonX se situe essentiellement à l’étranger. Avec une progression assez nette aux Etats-Unis et au Japon. Pour l’heure, la société dispose déjà d’une tête de pont en France (près de Biarritz) où un ingénieur assure le support pour les clients français. Elle prépare également l’ouverture d’une antenne commerciale outre-Atlantique, à Colombus (Ohio). “Si la pénétration du marché asiatique se fait de préférence via des revendeurs, le marché américain est à ce point stratégique qu’il vaut mieux y avoir une antenne sous son propre nom. Notre intention est en outre d’employer une majorité de personnel américain.”

Pourquoi avoir choisi l’Ohio comme camp de base? Pour plusieurs raisons, explique Laurent D’Alvise. “La proximité de l’Edison Welding Institute, le fait que Columbus se situe dans un bassin industriel très orienté aéronautique, la proximité aussi d’un de nos gros clients américains.”

Et d’ajouter: “l’accord passé avec BeAM sera l’un des leviers pour le développement de nos activités aux Etats-Unis”. En voisins puisque la société française a, elle aussi, un pied en Ohio, près de Cincinnati…

Profil de BeAM

BeAM est une spin-off d’Irepa Laser, centre R&D industriel de l’Institut Carnot MICA, spécialisé en procédés laser (le centre a un statut de “Critt”, Centre Régional – en l’occurrence ici, l’Alsace – d’Innovation et de Transfert de Technologie)

Création: 1er décembre 2012. Siège social: Strasbourg.

Spécialité: conception et production d’imprimantes 3D opérant par dépôt de poudres métalliques par fusion laser (LMD, Laser Metal Deposition)

2014: levée de fonds d’un million d’euros auprès de 5 investisseurs privés

BeAM utilise le procédé CLAD (Construction Laser Additive Directe) développé par le Critt (centre de transfert de technologies). Il consiste dans l’injection de poudres métalliques par une buse et leur fusion par laser. Types d’applications: création ou réparation de pièces, ajout de fonctionnalités à des pièces existantes directement au départ d’un fichier numérique (CAO) [  Retour au texte ]