Financement W.IN.G et réorientation stratégique pour ListMinute

Portrait
Par · 25/02/2016

ListMinut (née à Louvain-la-Neuve, désormais basée en région bruxelloise) est donc devenue l’une des deux premières start-ups numériques wallonnes à bénéficier de l’intervention du tout nouveau fonds W.IN.G (Wallonia Investment and Growth), piloté par la SRIW.

L’autre start-up co-financée par le W.IN.G est Neveo (à découvrir les détails de son projet dans cet autre article). Deux dossiers sur les quatre examinés à ce jour par le fonds ont donc reçu un avis favorable. L’un des deux rejetés tentera sa chance, après amendement de son dossier, lors d’une prochaine séance du comité de sélection.

Mais revenons à ListMinut. Cette jeune pousse est l’auteur d’une place de marché, en mode économie collaborative. Le scénario est simple: offrir un espace en-ligne où l’offre et la demande de services de proximité peuvent se rencontrer, entre particuliers – depuis la tonte d’une pelouse ou la garde d’enfants jusqu’aux dépannages domestiques.

Retour aux fondamentaux

La levée de capitaux que vient d’effectuer ListMinut se monte à 300.000 euros, deux-tiers provenant de business angels (en majorité, ceux qui l’ont accompagnée dès le départ) et un tiers apporté par le fonds W.IN.G, sous forme de prêt convertible.

Cet argent frais va être mis à profit pour donner de nouveaux moyens à la stratégie commerciale de la société. Et c’est comme un retour aux sources. A ses débuts, en effet, la start-up s’était concentrée sur les services de proximité à l’usage des particuliers avant de tenter une diversification B2B.

Jonathan Schockaert (ListMinut): “Nous ne voulions pas seulement “survivre”. Désormais, notre volonté est de développer beaucoup plus rapidement la solution préexistante et la portée de nos activités.”

Au cours de ses deux premières années d’existence, la start-up avait quelque peu peiné à constituer une communauté de clients et de prestataires suffisante pour garantir sa rentabilité. Elle avait alors imaginé se tourner vers le B2B, l’idée étant que les entreprises puissent ainsi proposer à leurs employés un catalogue de services quotidiens leur simplifiant la vie – une sorte d’avantage extra-salarial en mode bien-être au travail. Dans cette optique, la société réalisait, à l’été 2014, un premier tour de table, recueillant 200.000 euros.

Aujourd’hui, cet axe B2B, même s’il n’est pas totalement abandonné et même s’il n’a pas franchement été décevant, n’est plus exploité activement.

La société désire en revenir à ses fondamentaux et se concentrer à nouveau sur sa plate-forme d’offre et demande de services de proximité à destination des particuliers. “Agir sur les deux tableaux équivalait à nous disperser”, explique Jonathan Schockaert, patron de ListMinute. “L’axe entreprise représentait certes une part importante de notre chiffre d’affaires et nous aurait sans doute permis de “survivre” plus longtemps mais sans nous donner les chances d’exploser. C’est ce constat-là que nous avons fait, tant en interne qu’en parlant avec nos investisseurs. Nous ne voulions pas seulement “survivre”. Désormais, notre volonté est de développer beaucoup plus rapidement la solution préexistante et la portée de nos activités.”

La levée de capitaux servira dès lors à renforcer la visibilité de la société et à développer le volet “qualité garantie de service”. Une personne a été recrutée qui se consacrera pleinement à l’accompagnement des prestataires de services affichés sur la plate-forme. “Nous ne voulons pas simplement permettre de trouver quelqu’un qui puisse prester un quelconque service de proximité mais faire en sorte que les utilisateurs y trouvent réellement une personne valable, une vraie pépite, respectueuse de certaines valeurs, une personne qui puisse surprendre agréablement le client.”

L’objectif que se fixe ListMinut, à l’aide de l’apport de fonds, est par ailleurs – et surtout – de soutenir une croissance forte et “d’atteindre un volume de transactions suffisant pour procéder, plus tard, à une autre augmentation de capital auprès de fonds d’investissement plus importants et de démarrer l’extension internationale au début 2017.

A cet égard, l’intervention du WING, géré par un acteur professionnel tel que la SRIW, nous ouvre les portes d’autres fonds et renforce notre crédibilité auprès de ces derniers. En intervenant, la SRIW signale aussi qu’elle croit dans la nouvelle économie, ce qui cautionne notre projet.”

Modèle viable?

Si, voici près de deux ans, ListMinute avait des doutes sur la viabilité d’une place de marché pour services de proximité, comment espère-t-elle désormais en vivre?

Ces derniers mois, la société dit avoir noté une nette augmentation des transactions sur sa plate-forme. “En juin dernier, nous étions à quelque 200 demandes par mois. Il nous avait fallu deux ans pour atteindre ce niveau. Aujourd’hui, nous en sommes en moyenne à 1.000 demandes par mois. Les choses ont bien évolué. Les utilisateurs reviennent plus fréquemment sur la plate-forme. Ce qui augure bien du potentiel de rentabilisation, qui devrait s’améliorer encore à l’avenir. Le coût d’acquisition de nouveaux utilisateurs s’est en outre réduit. Par ailleurs, en ne dispersant plus nos efforts, nous favoriserons aussi la rentabilité.”

Cette refocalisation ne concerne pas uniquement la mise en sommeil des efforts B2B. Si ListMinut veut demeurer une place de marché “généraliste”, où l’on peut trouver un large éventail de services, elle concentrera ses efforts de visibilité et d’attraction, en priorité, sur ceux où le taux de conversion est le meilleur et le panier moyen plus important. Services concernés: le bricolage, le jardinage, les livraisons et déménagements, et les services aux animaux.

Les autres types de services ne seront pas délaissés mais aucune promotion spécifique n’en sera faite. Les utilisateurs les “consommeront” en quelque sorte par un effet de contagion, estime Jonathan Schockaert. “Ils viendront vers nous pour trouver un prestataire pour les services les plus demandés et s’apercevront que d’autres types de services sont également possible…”