Dogstudio: un Namurois dans le MidWest

Portrait
Par · 19/04/2017

Nous vous le signalions récemment, l’agence numérique namuroise Dogstudio part à la conquête des Etats-Unis en commençant par le MidWest. Un choix dicté par le lieu d’implantation de son premier gros clients américain, qui allait d’ailleurs lui servir de superbe carte de visite. A savoir, le Musée des sciences et de l’industrie de Chicago.

Encore au stade d’embryon au pays de l’Oncle Sam, Dogstudio ne veut pas brûler les étapes. Ni d’un point de vue géographique – le MidWest sera son premier champ d’exploration même si elle compte déjà quelques projets, références et contacts sur les deux côtes océaniques qui sont ses prochaines objectifs. Ni d’un point de vue thématique. Domaines de prédilection visés au début: la culture et le divertissement, les musées et la mode – ce dernier secteur ayant été épinglé en raison de projets réalisés par le passé pour la maison de haute couture Natan et pour la styliste franco-algérienne Faïza Bouguessa (basée à Dubaï).

“Nous ne voulons pas nous éparpiller et nous perdre”, déclare Nicolas Moies-Delval, qui fut chargé de préparer le lancement des activités aux USA. “Nous aurions pu viser d’autres secteurs verticaux dès le départ. Par exemple, les biomed sur base des contrats passés avec Staar Surgical, Celyad ou encore Ogeda [Ndlr: cette société biotech carolo qui vient de faire la une de la presse et dont DogStudio a refaçonné le branding et le site Internet] mais nous voulons privilégier une approche structurée. On n’oublie pas le biomed, mais peut-être pour plus tard.”

Un accent belge à préserver

Mais qu’est-ce qui a donc séduit des clients américains aussi prestigieux que le Musée des sciences et de l’industrie de Chicago, le Kennedy Center for Performing Arts (à Washington) ou encore Staar Surgical ? (voir en fin d’article les projets réalisés pour ces clients)

Premier gros client US: le Musée des sciences et de l’industrie de Chicago, dont Dogstudio a tout d’abord recréé le site Internet.

Pour Nicolas Moies-Delval, “Dogstudio a proposé un positionnement différent par rapport aux autres agences, souvent nettement plus grandes. Ce qui fait l’une de nos caractéristiques est notre capacité à combiner des compétences en création numérique et en installations interactives [Ndlr: Dogstudio a fusionné voici peu avec sa semi-soeur Superbe Interactive, co-fondée, elle aussi, par les frères Bazelaire, et qui s’était spécialisée dans ce type d’installations].

S’y ajoute l’image que porte le Festival KIKK [dont les dirigeants de Dogstudio sont les chevilles ouvrières] et qui est une preuve de notre ouverture d’esprit en matière de développement créatif.

Nous privilégions par ailleurs une approche franche du client, en lui disant s’il se trompe dans ce qu’il croit devoir faire. Nous commençons systématiquement par un atelier afin de lister ses besoins, imaginer par exemple un répertoire de personae [ses publics-cible, structurés par profils] qui serviront d’archétypes autour desquels les créations prendront forme. Libre au client de s’embarquer alors ou non avec nous sur base du cahier de charges précis.”

Une approche et perception “à l’européenne” joue sans doute aussi, mais est plus difficile à quantifier. “La touche francophone belge est reconnue et appréciée”, affirme Nicolas Moies-Delval.

Cet “ADN”, en tout cas, Dogstudio dit ne pas avoir envie de le transformer, même si, pour le marché américain, il sera sans doute appelé à évoluer quelque peu.

Cette conservation de la “patte” (restons dans l’analogie aux “dogs” qui font la marque et l’image de la société) sera aussi favorisée par la manière dont Dogstudio imagine bâtir son équipe sur place.

Un duo pour commencer

Bientôt installée dans ses propres locaux dans le quartier de Ravenswood au nord de Chicago (elle est actuellement hébergée par l’AWEX), Dogstudio USA sera dirigée par Henry Daubrez, directeur créatif de la maison-mère qui assumera le rôle de CEO de la filiale, et par Nicolas Moies-Delval, associé-gérant.

Henry Daubrez (à g.) et Nicolas Moies-Delval (à dr.): “Le fait d’avoir désormais un bureau à l’international et des clients de ce calibre est pour nous un atout pour attirer des talents belges.”

C’est ce dernier qui sera le premier à s’expatrier, avec armes, famille et bagages. Henry Daubrez lui suivra quelques semaines plus tard.

En guise d’équipe, s’il y aura à terme en effet quelques employés américains, ce sont surtout sur les effectifs belges que compte l’agence. Le but est en effet de les transplanter à Chicago l’espace de quelques semaines ou de quelques mois pour travailler sur leurs projets US, dans une sorte de tournante, au gré des besoins en compétences. La finalisation des productions, elle, se fera à Namur.

Non par esprit ou anti-américanisme (quoi que la nouvelle Administration tente d’imposer…) mais plutôt parce que Dogstudio veut en faire un argument d’attractivité pour des talents belges. “Il est parfois difficile d’attirer des talents à Namur. Nous y parvenons toutefois déjà puisque nous comptons des Liégeois, des Bruxellois, voire des non Belges (Français, Danois, Anglais) dans notre équipe. Mais l’attractivité demeure difficile. Le fait d’avoir désormais un bureau à l’international et des clients de ce calibre est pour nous un atout.”

A terme, ne serait-ce que pour faire face à la demande, l’antenne US pourrait employer 10 ou 15 personnes.

3 ans pour réussir?

Le plan financier qu’a concocté Dogstudio pour son aventure américaine se décline sur trois ans. En progressant géographiquement comme on l’a vu. Sans pression inutile sur de gros succès ou une rentabilité à très court terme. A cet égard, l’entrée au capital de Wallimage Entreprises, en 2016, constitue un petit matelas utile – en plus “des conseils et de l’expertise financière ou fiscale qu’ils nous apportent.” [Ndlr: Wallimage est en fait entré au capital de “SuperDog”, la nouvelle entité née de la fusion entre Dogstudio et Superbe Interactive]

La société ne désire pas limiter ses projets internationaux aux seuls Etats-Unis. Preuve en est qu’elle compte déjà des clients ailleurs en Europe et a décroché deux projets à Dubaï et un au Koweit. Mais une éventuelle ouverture d’antenne n’est pas à l’ordre du jour. Il faudra d’abord réussir l’épisode américain.

Les seules autres “délocalisations” que se permet pour l’heure l’agence namuroise sont des bureaux dans deux coworking centers, l’un à Liège, l’autre à Bruxelles, pour offrir une plus grande flexibilité à ses collaborateurs extra-namurois ou à ceux qui sont appelés à travailler sur des projets dans ces régions…

Les réalisations américaines

  • Musée des sciences et de l’industrie (Chicago): création du nouveau site Internet, création d’une petite installation vidéo, projet de formation en motion design pour des jeunes étudiants (11-13 ans) qui viennent découvrir des opérations chirurgicales à coeur ouvert au musée
  • John F. Kennedy Center for Performing Arts (Washington): création du nouveau site Internet, marqué par une navigation donnant l’impression d’une immersion 3D. Fil conducteur choisi pour la navigation par l’internaute: les 5 valeurs-clé portées par John Fitzgerald Kennedy (liberté, justice, courage, service et gratitude) et que des artistes et créateurs du monde des arts de la scène personnifient ou répercutent dans leurs oeuvres et réalisations.
  • Microsoft US: réalisation d’un projet intranet pour son studio interne de jeux vidéo
  • CripTV: recréation de l’identité visuelle de cette chaîne de Los Angeles, spécialisée dans les vidéos… gore
  • Staar Surgical: refonte du site Internet de cette société de biotechnologie basée à San Diego, productrice de lentilles intraoculaires
  • magazine Quanta (spécialisé en sciences et mathématiques, édité par la Simons Foundation): création d’une identité visuelle, du branding et de la plate-forme numérique. [ Retour au texte ]