DNAlytics: devenir un leader européen de la médecine personnalisée

Portrait
Par · 13/05/2015

DNAlytics, créée en 2012, est une spin-off de l’UCL (département ICTEAM- Institute of Information and Communication Technologies, Electronics and Applied Mathematics). Elle se positionne sur le terrain (prometteur et de plus en plus médiatisé) de la médecine personnalisée. Sa spécialité? La modélisation et l’analyse de données pour les besoins du secteur des soins de santé et de la médecine personnalisée.

Ses activités sont structurées en deux axes. D’une part, la prestation de conseils en matière de recherche clinique et pharmaceutique (statistiques, data mining, analyse prédictive). De l’autre, le développement de kits logiciels de diagnostic.

Côté conseils, DNAlytics a eu l’occasion de travailler pour différents groupes pharmaceutiques. Notamment pour GSK (branche Vaccins). Sur base des techniques de data mining, la société a par exemple pu définir une stratégie de validation de deux vaccins contre le mélanone, avalisée par la FDA américaine, qui permet de classer les patients dans la catégorie répondeurs ou non-répondeurs (réceptifs ou non) à l’immunothérapie.

Son premier produit, lancé voici 3 ans, a été baptisé Rheumakit. Il s’agit d’un kit on-line de diagnostic d’arthrite, basé sur l’analyse prédictive de données génomiques et cliniques. Relire notre article de l’époque.

Evolution du projet

Pour finaliser les développements (les revenus de la consultance ayant permis de financer les deux premières années de développement), DNAlytics a procédé, fin d’année dernière, à une augmentation de capital (650.000 euros). “Cela nous permet de continuer les développements et d’aller plus loin.

“Il y a dans Rheumakit les germes d’une solution de recommandation de traitement. C’est ce vers quoi nous voulons désormais allés.”

Nous ne voulons pas nous limiter au diagnostic mais aller vers la recommandation des bons traitements pour les bons patients. En matière de polyarthrite rhumatoïde, les traitements n’opèrent que sur 6 patients sur 10. Or, les TNF (facteurs de nécrose tumorale) qui sont la majeure composante de ces traitements constituent l’un des postes de dépense les plus importants de l’Inami. Autrement dit: 40% des dépenses sont gaspillés…

On a tout lieu de penser qu’il y a dans Rheumakit les germes d’une solution de recommandation de traitement. C’est ce vers quoi nous voulons désormais allés.”

“Il y a dans Rheumakit les germes d’une solution de recommandation de traitement. C’est ce vers quoi nous voulons désormais allés.”

Signalons encore que DNAlytics a franchi un autre cap important l’année dernière, en obtenant la marque CE pour son produit, un feu vert à sa commercialisation sur l’ensemble du sol européen.

De la Belgique à l’Europe

Autre fait majeur intervenu fin 2014: DNAlytics a déposé un projet de recherche clinique dans le cadre du programme Horizon 2020. Ce projet baptisé Addition (Arthritis Differential DIagnostic and Theranostic validatION)) a été accepté.

Objectif: procéder à une validation à plus grande échelle de sa solution RheumaKit et démontrer son aptitude à servir de ressource pour la prise de décisions thérapeutiques pour le traitement de l’arthrite rhumatoïde (essentiellement).

DNAlytics en est le pilote mais cherchera à travailler avec une dizaine de centres de recherche européens et une société qui assurera le monitoring, sur le terrain, de la recherche clinique. “Si nous franchissons toutes les étapes du projet, cela représente de 3 à 5 ans de travail. Avec comme objectif de devenir le leader de la médecine personnalisée en Europe. Il n’y a pas, à l’heure actuelle, de concurrent sur ce terrain de l’analyse prédictive en rhumatologie.”

Thibault Helleputte: “Démontrer que la valeur ajoutée se situe bel et bien dans les capacités de modélisation et pas dans une application particulière. Si on y arrive, on aura tout réussi…”

Quelles sont les prochaines étapes, ambitions, aspirations de Thibault Helleputte?

“On voudrait évidemment que le Rheumakit soit un succès aussi bien pour le diagnostic que pour les développements du volet prédiction de réponse aux traitements. Le succès passera aussi par l’identification d’un financement [remboursement patient] pour ce genre de solution qui, clairement, pourrait être bénéficiaire pour les payeurs des soins de santé.” [ Relire à ce sujet l’entretien qu’il nous a consacré cette semaine ] 

“Deuxième chose: on voudrait pouvoir développer d’autres produits similaires au Rheumakit mais pour d’autres pathologies. Démontrer que la valeur ajoutée se situe bel et bien dans les capacités de modélisation et pas dans une application particulière. Si on y arrive, on aura tout réussi…”

A-t-il déjà identifié des priorités, que ce soit en raison de l’importance de certaines problématiques santé ou parce que tel créneau est encore vierge de concurrents? “Nous en sommes encore à un stade trop préliminaire pour pouvoir en parler mais nous avons plusieurs projets liés à l’oncologie qui pourraient voir le jour dans les mois et les années à venir [Ndlr: une collaboration a notamment été entamée avec la société Tools4patient]. Dans ce domaine, il y a par contre plus de concurrence qu’en rhumatologie mais nous croyons que la plate-forme que nous avons développée pour rhumakit.com s’appuie sur des procédures et une logistique fortement réutilisables.”

Certains de ces projets pourraient à nouveau impliquer les équipes de recherche de l’UCL.

En dépit des freins signalés ci-dessus pour la commercialisation du produit (rigidité des règles de remboursement), DNAlytics vise dans un premier temps un déploiement commercial en Belgique, mais a également engagé une prospection active en France et au Royaume-Uni. En France, la société a choisi de travailler avec une équipe locale afin de faciliter l’accès à des remboursements. En France également, le feedback des médecins est assez positif mais tout l’enjeu est de déterminer comment rendre le dispositif accessible aux patients…”