Depist-Eye est un projet né au sein du groupe de recherche ACTE (autisme en contexte, théorie et expérience) de l’ULB. L’idée: développer une solution de dépistage précoce de l’autisme en se basant sur une technique d’analyse du traçage du regard (oculométrie).
Ce projet est notamment porté par Fanny Stercq, assistante de recherche pour le centre de linguistique LaDisco, Mikhaïl Kissine, linguiste, fondateur et directeur du groupe ACTE, et Gaétane Deliens, neuropsychologue.
“En déterminant l’endroit précis vers lequel se porte le regard d’un jeune enfant [entre 4 et 18 mois] lorsqu’on lui montre simultanément un visuel où le son et l’image sont synchronisés et un autre identique, où ils ne le sont pas, on peut déterminer s’il réagit correctement en fixant bel et bien son regard sur l’image synchronisée”, explique Fanny Stercq.
Comment fonctionne le dispositif? L’eye tracker (l’équipe de l’ULB a opté pour un dispositif Tobii Pro) émet une lumière infra-rouge qui est réfléchie par l’oeil et mesurée par la caméra. Le logiciel d’analyse, pré-calibré selon la taille de l’écran où s’affichent les images et les caractéristiques de l’oeil du sujet, détermine alors avec précision la “zone d’intérêt” fixée par l’enfant.
“Il devient ainsi possible de détecter tout problème de développement chez l’enfant et les signes précoces de TSA (trouble du spectre de l’autisme). Nous effectuons en outre actuellement des tests afin de pouvoir réaliser des discriminations sur des groupes d’enfants âgés de 5 à 7 ans.”
Fanny Stercq (ULB): “Nous devrons déterminer s’il est possible de recourir à du matériel de qualité moindre tout en préservant un degré de précision suffisant.”
Quel est l’intérêt de cette nouvelle solution informatisée par rapport aux procédures classiques de dépistage? “Les méthodes traditionnelles génèrent beaucoup de faux positifs, ce qui allonge sensiblement les listes d’attente d’enfants devant voir un spécialiste.
Après des tests sur des cohortes plus importantes, le département de l’ULB espère transformer son projet en spin-off d’ici 18 mois. Pour l’instant, le projet est financé au travers du programme First Spin Off de la Région wallonne.
L’un des enjeux consistera sans doute à déterminer si des matériels moins onéreux (des caméras 3D moins coûteuses que les dispositifs scientifiques) pourraient être utilisés avec un taux de précision identique ou suffisant. “Nous devrons déterminer s’il est possible de recourir à du matériel de qualité moindre tout en préservant un degré de précision suffisant.”
Autres tests et développements nécessaires: vérifier s’il n’y a pas déperdition de données en cas de mouvements de tête, de saccades des yeux, de dilatation des pupilles et autres paramètres fluctuants. Ce sera déterminant et l’un des défis à relever lors du développement du logiciel de récupération et d’analyse des données générées par l’eye tracker…
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