ClubAll: l’appli de gestion “omnisport” qui rêve de destin mondial

Portrait
Par · 09/06/2016

ClubAll est la 6ème start-up financée par le fonds du numérique wallon W.IN.G. Son terrain de jeu? Le sport ou plus exactement l’offre d’une solution de gestion de clubs de sport et de fitness. Un terrain déjà très courtisé par des solutions, classiques, moins classiques, mobiles, hébergées dans le cloud… Et pas uniquement par des solutions locales du genre Tennis Online mais aussi par de grands noms internationaux, du genre SymMaster, TeamSnap ou MindBody.

Dès lors, quel est le positionnement grâce auquel la jeune pousse espère se différencier et percer?

“L’idée de ClubAll est en gestation depuis deux ans”, souligne Frédéric Hermange, l’un des deux fondateurs. “Elle s’appuie en fait sur une expérience de réseau social d’entreprise, menée par mon associé Nicolas Baranowski (ex-Mc Kinsey), dont le fonctionnement a été adapté pour la nouvelle cible.”

Premier élément différenciateur: l’appli mobile se veut agnostique. Les fonctions de gestion qui ont déjà ou seront développées s’adresseront à une large palette de disciplines (tennis, football, rugby, basket, haltérophilie, fitness…). Pour l’heure, l’appli vise plutôt des sports impliquant de la réservation de terrain en club et, en particulier, le tennis. Dans une phase ultérieure, des fonctions spécifiques seront ajoutées à destination des sports d’équipe (foot, basket, hockey…). Exemple de future fonction: la gestion des sélections de joueurs par les entraîneurs.

Deuxième différenciateur: “les concurrents ont sans doute déjà un taux de pénétration appréciable mais nous les devançons en termes de solution”, affirme Frédéric Hermange. “Ils disposent généralement d’une solution Web, parfois adaptée a posteriori en responsive design mais ils ne disposent pas d’une véritable appli mobile, d’un produit spécifiquement conçu pour le mobile.”

La solution ClubAll est disponible depuis avril pour mobiles iOS et Android, mais également en version Web.

Troisième argument: la gratuité de l’appli. Rien de mieux pour faire mordre à l’hameçon. Voir plus loin.

Si la jeune pousse est belge (elle s’est constituée en s.a. en février 2015), le développement de l’appli, jusqu’ici, s’est largement fait… à Varsovie. Pour des raisons de coûts: un développeur y est payé 4 fois moins qu’en Belgique. Pourquoi la Pologne? Tout simplement parce que Nicolas Baranowski est Polonais d’origine et a gardé des contacts.

Les fonds levés ces derniers mois (voir encadré) ANCRE serviront notamment à engager de nouveaux développeurs freelance venant du terreau local.

Le club tout-en-un

Financement privé-public

Le W.IN.G n’est pas la première source de financement de l’appli. Loin s’en faut. En effet, les deux fondateurs ont réuni 280.000 euros, début 2015, auprès d’amis et de connaissances ayant un profil de business angels. “En mode smart money”, indique Frédéric Hermange. “L’idée, dès le départ, a en effet été de nous garantir une base qui puisse nous aider par la suite afin de nous donner les moyens de nos ambitions.” Des ambitions clairement internationales, comme expliqué dans le présent article.

Entre décembre 2015 et février 2016, le capital a été doublé, auprès des mêmes profils d’investisseurs.

Le fonds W.IN.G, lui, est venu accrocher son wagon sous forme d’une dette convertible de 100.000 euros.

D’ici septembre, une nouvelle levée de fonds devrait intervenir auprès de business angels. Espoir: récolter 200 à 250.000 euros supplémentaires. Objectif: “être fundable par des investisseurs institutionnels en 2017” et se donner les moyens de s’imposer à l’international.

Ce Petit Poucet rêve de grandeur. Et le modèle business, à cet égard, sera essentiel. Pour s’en convaincre, il suffit de citer le montant que MindBody a levé en février 2014: 50 millions de dollars. Avant d’entrer en Bourse en 2015. Preuve que le marché est juteux ou considéré comme tel…

ClubAll propose des fonctions de gestion (club, équipe…), d’organisation d’activités et d’échange de messages (entre membres, avec les responsables des clubs et avec la communauté). “ClubAll se veut un portail unique. Plus besoin pour les clubs de devoir gérer un logiciel de gestion administrative, de comptabilité, un site de réservation de courts, une page Facebook, une présence sur Whatsapp…”

Côté échanges de messages, l’appli est structurée de telle sorte qu’ils puissent se faire en mode public, privé (au sein de groupes privés) ou individuel. “De quoi trouver des partenaires pour une activité sportive, organiser un match, réserver un court, s’échanger des informations entre entraîneurs ou coachs ou, pour un entraîneur, envoyer des conseils personnalisés – photos et vidéos à l’appui…”

Côté gestion, l’appli permet à chaque club de personnaliser, jusqu’à un certain point, son interface et, bien entendu, les informations affichées (tarifs, procédure d’adhésion…).

Une fonction de paiement mobile, encore à développer, permettra de vendre des tickets, de réserver et payer des réservations de terrain, des heures de cours, cours particuliers ou encore d’acheter sur la future e-shop. La décision finale de l’outil de paiement n’a pas encore été faite mais il devrait s’agir de Stripe.

Egalement prévue: une fonction permettant aux membres de laisser un commentaire, de donner leur appréciation (sous forme d’étoiles). Objectif: permettre aux clubs d’analyser la perception de leur clientèle et d’adapter leur offre en conséquence.

La croissance à la cravache

Disponible depuis avril, l’appli a pour l’instant été déployée auprès de trois clubs-pilote qui ont la particularité d’être de tailles très variées – depuis le petit club de tennis Wahis à Bruxelles jusqu’au “leisure club & gym” David Lloyd de Bruxelles, membre d’un réseau international qui réunit une centaine de clubs européens. Le club compte 10.000 membres localement et pas moins de 500.000 à travers toute l’Europe. Pour l’heure, seul le site bruxellois utilise ClubAll.

L’espoir, d’ici la fin juin, est d’avoir déployé l’appli dans une quinzaine de clubs.

L’ambition, elle, est de croître, très rapidement. Et, pour ce faire, l’équipe de ClubAll mise sur la gratuité du service. “Nous sommes une solution SaaS (software as a service). Au fil du temps, nous avons fait évoluer le modèle de tarification imaginé au départ afin de miser sur la gratuité. L’appli est et restera gratuite pour tous les clubs ainsi que pour les fédérations qui l’utiliseront [un démarchage est en cours].”

Frédéric Hermange: “Nous voulons capter le plus rapidement possible la plus grosse part de marché possible pour ensuite pouvoir “monétiser” les utilisateurs via différents canaux.”

Le but est en effet de réussir une croissance rapide et de concurrencer ainsi de gros acteurs tels que MindBodyonline.com. “Nous voulons passer des accords globaux via les fédérations, belges et étrangères, qui désirent proposer une solution mobile puissante à leurs clubs.” Si on limite le champ au seul tennis, une fédération telle la FFT en France compte pas moins de 7.900 clubs affiliés. L’AFT locale (association francophone) annonce 400 clubs membres. Aux USA, la USTA fédère quelque 70.000 clubs… De quoi rêver.

Réserver son terrain, un cours… Avec, en arrière-plan, une gestion administrative pour le gestionnaire.

Evidemment, ClubAll ne pourra pas vivre d’amour du sport, d’eau fraîche et d’une appli gratuite. Ou compter ad vitam aetenam sur un financement par business angels.

Un modèle de monétisation a dès lors été élaboré – et a d’ailleurs évolué à l’occasion du dépôt de dossier pour financement par le W.IN.G. Mais Frédéric Hermange ne veut pas en dévoiler les détails précis (pour ne pas révéler toutes ses batteries à la concurrence) mais cela passera par des programmes de licence pour fonctions premium, une boutique en-ligne, du sponsoring par les marques…

Pas de pub “bête et méchante”, souligne-t-il, mais de la visibilité à caractère différenciateur pour les marques, enseignes et habituels sponsors des événements sportifs. Du genre, BNP Paribas Fortis qui sponsorise Roland Garros. Des sponsors qui pourraient ainsi cultiver leur image au travers de contenus multimédia ludo-informatifs publiés sur les espaces privatifs et pages personnalisées des clubs.

Même si les concurrents ont déjà fait leur nid, Frédéric Hermange estime que le marché est loin d’être saturé: “le principal acteur dans ce secteur – MindBody – ne compte que 25.000 clubs utilisateurs, soit 4% du marché mondial.”

Même à l’échelle de la Belgique, le potentiel est considéré comme immense par Frédéric Hermange qui cite en exemple les 20.000 membres ADEPS/BLOSO…

Premiers marchés visés par ClubAll: Belgique, Luxembourg, Pays-Bas, France et, de manière plus large, les pays européens.