Que peuvent avoir en commun les solutions que déploie Real Impact Analytics, l’analyse de rétention clientèle chez Voo ou encore la maintenance préventive de batteries sur des camions Volvo? Réponse: un logiciel d’analyse prédictive belge, venu d’une société qui opère quasiment en mode “stealth”. Business Insight, basée à Ath, est en effet l’auteur de la solution TIMi (The Intelligent Mining machIne) que l’on retrouve comme point commun et ossature technologique des exemples cités. Une Business Insight qui pourrait sans doute jouer sur son nom pour se rebaptiser Business… Inside.

Modélisation prédictive “light”

Créée en 2007 par Frank Vanden Berghen, Business Insight est spécialisée dans les logiciels d’aide à la décision, et plus spécifiquement pour les tâches de data mining et d’analyse prédictive. A son catalogue, essentiellement trois produits: TIMi Modeler, solution de modélisation prédictive ; Anatella, automatisation, extraction, manipulation, transformation des flux de données (par exemple, pour des calculs d’agrégats) ; et Stardust, un outil de segmentation et visualisation.

Caractéristiques majeures sur lesquelles Business Insight fonde sa différenciation: l’aptitude à gérer des tables volumineuses (contenant parfois des millions, voire milliards, de lignes), la rapidité de traitement de ces tables. “Excel reste efficace jusqu’à un million de lignes. Les clients telco de Real Impact Analytics, par exemple, doivent gérer jusqu’à 50 millions d’abonnés… Anatella permet de gérer jusqu’a 20 ou 30… milliards de lignes sur un simple portable”, affirme Frank Vanden Berghen. “Il est possible de trier un milliard de lignes – l’opération pourtant la plus lourde – en l’espace d’une minute. Anatella peut par exemple agréger deux ans de tickets de caisse Colruyt en l’espace d’environ une minute…”

Comment expliquer cette performance, sans devoir s’appuyer sur des collectifs impressionnants de serveurs ou de processeurs? Frank Vanden Berghen ne révélera évidemment pas tous ses secrets mais il avance malgré tout quelques ingrédients de la recette: “un format de stockage efficace (GEL), du code C et de l’Assembler. Pas de Java…”

Si Anatella est une solution techniquement plus en amont dans la chaîne de traitement de l’information que TIMi, la solution que Business Insight vend souvent d’abord à ses clients est bel et bien la solution de modélisation prédictive. “C’est notre meilleur vecteur d’entrée. Par la suite, le client s’intéresse à Anatella pour déterminer quel serait par exemple l’impact de la modification de telle ou telle donnée. Jusque là, ce genre de question était résolue via des requêtes SQL créées et gérées par le département IT. Désormais, grâce à nos outils, le département marketing, par exemple, qui était toujours en attente du service IT, peut le faire lui-même…”

Créer des scénarios et des requêtes par simple glisser-placer…

Quel est le public-cible typique d’Anatella? “Des utilisateurs ne disposant pas de compétences techniques poussées. La rapidité d’exécution fait en sorte qu’il est possible de traiter, sur un simple portable, pratiquement n’importe quel type de besoin pour une société belge de taille moyenne ou plus grande. Il n’y a plus de limite, en termes de puissance de calcul, pour du reporting…”

Il faut encore y ajouter la facilité de l’interface. Beaucoup de choses s’effectuent par simple opération drag & drop. Le calcul d’agrégat se scénarise par exemple par simple glisser-placer de fichiers à l’écran, afin de créer des “graphes”. “Outre la plus grande facilité de manipulation, l’avantage qu’offre Anatella par rapport à des scripts Excel est la possibilité qu’il offre d’automatiser les tâches”, souligne Frank Vanden Berghen. “Il est par exemple possible de programmer l’envoi d’un mail associé à un petit rapport contenu dans un fichier MS-Access, dont les graphes (diagrammes, graphiques linéaires, etc.) sont calculés par Anatella. Le destinataire recevra par exemple ce fichier chaque semaine…”

Grâce aux multiples connecteurs développés, Anatella permet en outre de traiter et manipuler une large palette de formats de fichier: Excel, SQL, XML, Json, fichiers plats, mainframe, Oracle, SAS, Teradata…

Pour prendre pied dans la vaste chaîne des outils décisionnels, une intégration a par exemple été réalisée entre les outils Business Insight et des solutions telles que Tableau et Kibana.

Quelques références

Voo utilise notamment TIMi dans le cadre de la gestion de ses fournisseurs (décodeurs…) et des ventes d’abonnement. Dans un premier temps, seuls deux analystes utilisaient la solution Business Insight. Entre-temps, elle a été déployée dans le département marketing et au sein de l’équipe chargée de la gestion CRM ou encore auprès de l’équipe de la hotline (Liège).

“La solution leur a permis de résoudre toute une série de petits problèmes et questionnements”. La raison en est la facilité avec laquelle il est possible (par opération de glisser-placer) de créer ce qui s’appelle, dans la solution Business Insight, des “graphes” (relations entre entités et fichiers qui permettent d’obtenir des réponses à des questions commerciales, par exemple).

La grande facilité de manipulation a évidemment son revers (un peu à la manière de ce qui se passe du côté Excel): les graphes se multiplient très rapidement, deviennent parfois redondants, restent à demeure même lorsqu’ils ont perdu de la pertinence… Résultat? Voo a par exemple fait appel à un consultant Deloitte pour y mettre un peu d’ordre… “Ils ont déployé en tout quelque 6.500 graphes”, estime Frank Vanden Berghen. “Seulement 2.000 d’entre eux sont réellement utilisés…”

Avec TIMi, Volvo Cars a développé un modèle prédictif lui permettant, sur base de l’analyse des données générées par les capteurs embarqués, de prédire les risques de panne des batteries de camions, face à des conditions thermiques extrêmes. Le nombre de variables livrées par les capteurs est énorme (de l’ordre de 1.500). TIMi a permis d’extraire la dizaine de variables réellement significatives. 6 sur 10 n’avaient pas été identifiées, précédemment, par Volvo Cars… Résultat? “La conception d’une nouvelle génération de batteries, plus robustes.”

Une compagnie d’assurances colombienneutilise la solution Business Insight pour développer un modèle prédictif permettant de déterminer, pour chaque malade souffrant de diabète, couvert par son assurance, le moment où le traitement par insuline deviendra inefficace, requérant l’hospitalisation. “Ce stade final du diabète est aussi le plus coûteux. Certains patients ne savent pas que l’insuline doit être conservée au froid sous peine de perdre toute efficacité et de provoquer une situation critique pouvant rapidement dégénérer vers la dialyse. Les modèles prédictifs permettent de détecter cette situation critique et d’agir préventivement. Pour minimiser les frais, la compagnie d’assurances est désormais à même de déterminer les personnes à risque à qui elle peut par exemple envoyer un frigo…” Histoire de reculer le plus possible une situation critique.

Le groupe Rossel a réalisé un proof of concept avec la solution Business Insight pour un projet d’analyse de rétention de lectorat afin de mieux comprendre les paramètres qui influencent les désabonnements. Autre utilisation potentielle: de l’analyse prédictive en vue d’initier des campagnes de rétention ciblées ou de fidélisation de lectorat.

Quelques références encore? Delhaize (prédiction d’intérêt des clients pour optimisation de la fourniture de coupons de réduction), ING (text mining sur curriculum vitae pour recrutement de nouveaux collaborateurs), bPost (optimisation de la localisation des points de collecte de colis), Axa (prédiction de rétention de clientèle).

Les partenaires

Plusieurs sociétés ont repris les solutions Business Insight dans leur catalogue afin de les proposer ou conseiller, de manière plus ou moins systématique, à leurs clients. C’est ainsi que TIMi et Anatella figurent sur les tablettes des cabinets conseil Deloitte et PWC.

Frank Vanden Berghen (Business Insight): “La rapidité d’exécution fait en sorte qu’il est possible de traiter, sur un simple portable, pratiquement n’importe quel type de besoin pour une société belge de taille moyenne ou plus grande.”

Business & Decision, intégrateur franco-belge spécialisé en BI, a signé un contrat de revente dès 2009 mais n’a encore eu recours aux solutions de la petite société belge que de manière “occasionnelle”.

Plus récemment, Audaxis a décidé de s’appuyer, dans le cadre de projets d’analyse prédictive (un nouvel axe d’activités pour elle), sur la solution TIMi (TIMi Suite et TIMi Modeler). Clients visés: le mid-market.

L’un des clients déjà desservi grâce à cette solution est le groupe Rossel, cité ci-dessus, pour son projet d’analyse de rétention de lectorat.

Citons encore, Real Impact Analytics. Nous vous avions déjà présenté cette société (relire ici) et ses réalisations (lire ici). Quels furent les arguments qui lui ont fait opter pour la solution de Business Insight? “Les volumes de données à traiter [fichiers d’abonnés d’opérateurs telco), la vitesse de traitement assurée sur un simple portable… Quand on est dans la cambrousse”, signale Frank Vanden Berghen, “difficile de déployer des centaines de PC”. Autres arguments gagnants: la possibilité d’effectuer la maintenance à distance et la possibilité de travailler sur les scénarios d’analyse sans devoir programmer. “Il suffit de déplacer les fichiers et de relier ces “boîtes” par des flèches pour créer un nouveau graphe.”

Enfin, une start-up namuroise, Agilytic, créée par d’anciens collaborateurs de Voo (profils: data scientists), s’est également tournée vers TIMi et Anatella pour proposer des solutions analytiques et prédictives auprès de PME.

Grâce à Real Impact Analytics, surtout active en Afrique et dans les pays en voie de développement, mais aussi à son antenne sud-américaine, les solutions Business Insight sont davantage connues et utilisées à l’étranger qu’en Belgique. Il est vrai que la gratuité de la version de base des outils est tentante (Business Insight annonce à ce jour quelque 10.000 chargements de son logiciel). Son début de rentabilité lui vient de la vente de versions de ses outils dotés de fonctions plus évoluées ou spécifiques, par exemple pour l’analyse de fichiers telco.