Voici quelques mois, une nouvelle initiative d’espace d’échanges a vu le jour. La “Brussels Data Science Community” veut réunir et faire dialoguer, voire “phosphorer”, des personnes ayant des profils touchant de près ou d’un peu plus loin au concept de “data science”, autrement dit l’exploitation et l’analyse de (grands volumes ou grandes variétés) de données (1). Et ce, dans un esprit de contribution à “de bonnes causes”. Pas de but lucratif, donc, pas de connotations commerciales, une volonté d’indépendance vis-à-vis des éditeurs, constructeurs et autres influenceurs économiques.
“Data for Good” (au sens d’action positive) est devenu le slogan – même si, dans la manière dont elle est d’ores et déjà appliquée par les membres, cette notion n’est pas forcément suivie au pied de la lettre.
Le groupe dit vouloir “mettre les compétences de ses membres au service de défis sociaux et publics, améliorer et promouvoir les compétences analytiques et faire comprendre aux entreprises ce qu’elles peuvent leur apporter”.
Parmi les activités menées: des réunions mensuelles, qui débutent par un exposé sur un thème spécifique (big data, machine learning, marketing, Internet des Objets…); des formations; à l’avenir, sans doute, des hackathons; et du travail sur projets. Des projets qui leur sont proposés par des membres ou des acteurs extérieurs. En principe – et c’est là qu’intervient le concept de “data for good” -, ces projets doivent venir d’acteurs de la société civile, servir une finalité auréolée de responsabilité civile et de philanthropie.
Premières visées (et invitées à soumettre des projets touchant à l’analytique big data): les ONG ou les universités. Du côté de ces dernières, la Communauté a accepté de travailler sur un projet de l’Université d’Anvers, dans le domaine médical. Côté ONG, un premier projet a été soumis à la sagacité et aux compétences pluridisciplinaires des membres par Médecins sans Frontières.
Critères retenus (notamment) pour sélectionner des projets sur lesquels plancheront – bénévolement – les membres de la communauté: “plus un projet est challenging et plus il implique de données, mieux c’est.”
Il concerne l’analyse de la base de données des donateurs afin d’identifier des schémas et tendances. Notamment la possibilité, sur base de l’historique de donation d’une personne, de prédire le moment où elle pourrait décider de procéder à un ordre permanent. Connaître davantage le ‘comportement’ des donateurs pourrait permettre d’optimiser l’appel à dons.
Des contacts ont également été initiés avec Amnesty International mais le projet sur lequel les membres de la Communauté pourraient plancher n’a pas encore été défini. En fait, Amnesty l’avait sollicitée pour un projet touchant au processus de donation mais s’est vu répondre que, “comme ce thème avait déjà fait l’objet d’un projet pour MSF, Brussels Data Science préférait qu’Amnesty choisisse un autre thème”. Etonnant comme réaction. Mais que Philippe Van Impe, co-initiateur de la Community, explique comme suit: “nous voulons éviter que le fait d’avoir réalisé un projet spécifique pour une ONG incite systématiquement les autres à nous demander de reproduire l’exercice pour elles…”
Autre explication: même si les membres disent vouloir agir pour le bien de la société (civile), leur motivation semble être nettement plus grande quand on leur demande de réfléchir à un projet ou une problématique qui représente un (nouveau) défi. Par conséquent, refaire quelque chose qui a déjà été exploré n’a pas le même goût. “Plus un projet est challenging et plus il implique de données, mieux c’est”, souligne Philippe Van Impe.
Des projets (plus) commerciaux
D’ores et déjà, la Community dit accueillir des projets venant d’ailleurs que des secteurs du non-marchand et des universités. Le concept pur et dur de “data for good” ou de “data scientists with a conscience” prend donc un léger coup dans l’aile. Le groupe s’inscrit en effet dès à présent dans le champ, plus large, de “responsabilité sociétale” en ouvrant la porte à des projets soumis par des start-ups ou des PME.
Philippe Van Impe: “we share, we don’t get rich.”
Autrement dit, des sociétés “qui ont besoin de l’aide d’une organisation qui peut rassembler des personnes aux profils divers. Les PME pourront ainsi tester des idées. Pour les start-ups, c’est l’occasion de trouver de l’aide dans leur découverte et dans la mise en oeuvre d’un modèle économique basé sur les données”, explique Philippe Van Impe. “Nous pouvons ainsi leur montrer ce qu’elles peuvent tirer des données collectées. Nous pouvons leur donner des idées mais ce sera à elles, par la suite, de les mettre en oeuvre.”
Pour amorcer des relations avec les jeunes pousses, Brussels Data Science compte sur les relais publics ou semi-publics, via des organismes tels qu’Agoria, ViA (Vlaanderen in Actie), iMinds, Flanders DC, Start IT@KBC. Côté universités, des liens ont été tissés avec la KUL, l’UCL, l’Université de Gand et la VUB. Encore très néerlandophone, tout cela. Appel est donc lancé pour un rééquilibrage francophone!
Bien que voulant rester indépendante, la Communauté envisage à terme (court, moyen ou plus long?) de recourir à du sponsoring par des entreprises ayant pignon sur rue
(1) Qui en fait partie? Des personnes présentant des profils et compétences en analyse de données, en mathématiques, en gestion de projets, des consultants spécialisés en analytique, des développeurs, des business strategists, des professeurs d’université, des étudiants… [ Retour au texte ]
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