Cette année, Belnet fête ses 25 ans d’existence. Enorme chemin parcouru depuis ses premiers pas lorsque, pour reprendre les termes de Chantal Poiret, professeur à la faculté Warocqué (Economie et Gestion) de l’UMons, Belnet n’était qu’une “petite structure de type service universitaire avec quelques collaborateurs”.
Aujourd’hui, Belnet, c’est un réseau national fibre optique 100 Gbps, plus de 200 organismes affiliés (centres de recherche, hautes écoles, universités, administrations et services publics) et quelque 800.000 utilisateurs desservis.
Son infrastructure et ses services WAN continuent de s’étendre. Dernier exemple en date, l’extension des services FedWan et GovRoam.
FedWan et GovRoam
Après bouclage du projet WanFin, fin 2017, Belnet pense en effet désormais à l’étape suivante afin d’en faire bénéficier d’autres services publics fédéraux.
Pour rappel, WanFin consistait dans le déploiement d’un réseau WAN pour connecter les multiples bâtiments du SPF Finances – 193 à travers le pays – au siège central du SPF à Bruxelles via connexion de chaque site au PoP (Point of Presence) du réseau Belnet le plus proche.
Gain immédiat: débit multiplié par 10 pour les bénéficiaires (débit garanti de 250 Kbps en moyenne par utilisateur), partage d’infrastructure et réduction des frais de connexion. Belnet a en effet un statut particulier. Service public fédéral lui-même, il n’est pas dicté par des préceptes commerciaux. Par ailleurs, il dispose de son propre réseau fibre optique (1.983 km) et, en tant qu’intégrateur, fait bénéficier ses clients d’un service de mise en concurrence, choisissant les connexions (fibre ou lignes louées) les plus avantageuses en termes de prix/performances…
Le réseau Fibre optique de Belnet. Jusqu’à 88 x 100 Gbps par fibre…
En l’espace de deux ans et demi, le projet WanFin a ainsi mis en service 273 nouvelles connexions réseau, desservant quelque 22.000 utilisateurs.
Ce qui a été réalisé pour le SPF Finances servira d’exemple pour d’autres. A commencer par le SPF Economie et ses 14 bâtiments disséminés dans le pays (Arlon, Namur, Louvain…) qui pourraient être desservis dès février 2019. D’autres services et administrations pourraient suivre: Justice, Pensions, Archives…
“Il arrive souvent que plusieurs administrations publiques soient situées dans un même bâtiment. Par exemple, 6 des 14 bâtiments où est implanté le SPF Economie accueillent aussi d’autres administration ou SPF”, indique Arnaud Etienne, directeur Community relations. “La connexion au réseau WAN de Belnet est donc source de synergies et d’économies potentielles. La mise en commun de lignes permettrait de mutualiser de 35 à 40% des capacités.”
L’extension du service s’étend aussi aux connexions sans-fil. Belnet a en effet transposé au secteur public un service qui, à l’origine, avait été imaginé pour ses clients enseignement et recherche.
EduRoam (education roaming), puisque c’est de lui qu’il s’agit, permet aux utilisateurs des institutions de recherche et d’enseignement de pourvoir utiliser leurs codes d’accès habituels pour se connecter, via liaison sans-fil sécurisée, à Internet lorsqu’ils sont en déplacement dans une autre institution, elle aussi desservie par Belnet, que ce soit en Belgique ou à l’étranger (pour autant que l’institution ait signé une convention EduRoam. “Un service grandement apprécié par les chercheurs mais aussi les étudiants Erasmus”, souligne notamment Chantal Poiret, de l’UMons.
Sur le même principe qu’EduRoam, Belnet a lancé GovRoam (government roaming) voici cinq ans. A l’heure actuelle, seize services publics et administrations peuvent ainsi se connecter, en itinérance sécurisée, au réseau Belnet. Demain, les 37 institutions connectées au réseau FedWan et quelque 60.000 utilisateurs pourraient potentiellement en bénéficier. Des collaborations sont en outre à l’étude afin de permettre à des fonctionnaires d’utiliser ce même genre de connexion sans-fil sécurisée également à l’étranger. Moyennant une coopération avec des services anglais ou néerlandais, les fonctionnaires belges pourraient bénéficier de connexions GovRoam lors de leurs déplacements à l’étranger – et vice versa.
L’“effet” Administrations
Ces deux ou trois dernières années, Belnet a clairement mis l’accent sur des projets destinés à des administrations et services publics. Le regain est de l’ordre de 20% côté budget et de 20 à 25% en termes de clients desservis. Cela a également eu un impact sur le niveau de services et les capacités de l’infrastructure. “Les administrations et services publics sont plus exigeants que nos clients traditionnels [lisez: les institutions de recherche, les universités…], qui ont pourtant des besoins critiques”, souligne Jan Torreele, directeur de Belnet. “Les exigences se définissent en termes de niveau de services, de conventions de services, d’hébergement… Nous avons donc dû adapter notre organisation internet, professionnaliser en quelque sorte notre fonctionnement, formaliser ou créer de nouveaux mécanismes.
Cette démarche et ces nouveaux types de services — sécurité, résilience, disponibilité, IT Service Management, bonnes pratiques — bénéficieront, demain, à nos clients traditionnels.”
Côté recherche et enseignement, quelles sont les principales exigences? Aucune hésitation dans le chef de Jan Torreele: “la disponibilité réseau, une minimisation optimale des interruptions de service. Le but reste un uptime de 100% mais cela demeure un rêve impossible à concrétiser. Nous visons donc, en guise de minima, du 99,15% pour un service avec infrastructure non redondante et du 99,96% avec redondance [aménagement d’une infrastructure redondance, via boucle supplémentaire].”
Réseau suffisamment dimensionné
Dans le même temps, Belnet, comme tous les fournisseurs, doit faire face à une croissance des volumes de données transitant par ses infrastructures. “Tous clients confondus, la progression est d’environ 25 à 30% par an. Et cela, depuis 15 ans.”
Même si le volume des échanges augmente, les clients publics (administrations, SPF…) ne pèsent encore guère dans les transferts globaux relayés par Belnet. Seulement une dizaine de pour-cents, “avec toutefois des pointes par exemple dans les jours qui précèdent la date-butoir pour les déclarations fiscales via Tax-on-Web…”
L’arrivée de nouveaux services dématérialisés, notamment dans le secteur des soins de santé (la prescription électronique, par exemple), explique néanmoins une charge plus importante, côté services publics.
Pour l’heure, le réseau Belnet est en capacité de faire face à la croissance de la demande. “Avec jusqu’à 88 x 100 Gbps sur chaque liaison en fibre optique, nous pouvons voir venir mais un jour, c’est certain, cela ne suffira plus. Pour l’heure, nous pouvons en tout cas supporter sans problème le regain de demandes, par exemple celles qui viendront via l’extension de FedWan.”
Lorsqu’il s’agira de remplacer ou de renforcer l’infrastructure fibre, il faudra en passer par une – sérieuse – révision à la hausse du budget. Actuellement, il est de l’ordre de 15 à 16 millions d’euros par an. Soit quelque 50% de plus qu’il y a 10 ou 15 ans. “Dans un contexte de prudence budgétaire, il y a peu d’espoir que notre budget soit revu à la hausse actuellement”… alors même que la charge de la gestion se fait plus lourde. Notamment pour garantir la sécurité du réseau.
“Nous disposons heureusement de fonds propres via les services supplémentaires que nous prestons”, ajoute Jan Torreele. Les services WanFin – ou demain WanEco – sont par exemple facturés aux clients, “même si nous prenons pas de marge commerciale”.
Et Belnet étudie actuellement l’opportunité de nouveaux services, orientés notamment hébergement, stockage et cloud computing dédié pour les clients publics…
Le poids de la recherche
En termes de capacités, on l’a vu, c’est le monde de la recherche et de l’enseignement qui demeure le plus gros consommateur de bande passante. Et ses besoins ne font que croître. Pour une multitude de scénarios. Depuis les échanges de méga-fichiers entre centres de recherche – pensez par exemple aux collaborations internationales avec le CERN et les “lourdes” expériences réalisées en-ligne avec l’accélérateur LHC (Large Hadron Collider) – jusqu’à l’essor de l’e-learning et des MOOC (cours en-ligne ouverts à tous), en passant par l’augmentation des visioconférences entre chercheurs et collaborateurs opérant dans divers pays.
“En période de blocus, pour le seul campus de l’UMons, c’est en milliers de connexions par jour qu’il faut compter, avec des exigences de réactivité immédiate”, souligne Chantal Poiret.
Et de citer quelques chiffres: “Entre 2011 et 2016, le nombre d’utilisateurs du réseau wifi dédié aux étudiants a triplé. Il est passé de 3.000 à 9.000. La proportion moyenne de devices utilisé par étudiant pour se connecter au réseau sans-fil est passée de 1,4 à 2,5.”
Une progression similaire est à noter du côté du personnel. Entre 2011 et 2016, le nombre d’utilisateurs du réseau wifi dédié de l’UMons est passé de 200 à 1.300 tandis que la proportion moyenne de devices utilisé par un membre du personnel pour solliciter le réseau est passée de 1,5 à 2,2.
Côté ressources en-ligne, les étudiants ne sont pas les seuls consommateurs de cours à distance. A l’UMons s’y ajoutent en effet aussi des formations continuées pour adultes, dont certaines se donnent entièrement en-ligne.
Il est loin le temps où l’UMons se contentait – et se disait pleinement satisfaite – de sa connexion à… 64 Kbps. “Aujourd’hui, l’université dispose d’uni en fibre optique à haut débit performant (un Gbps) qui relie ses différents campus, sites et centres de recherche et de connexions performantes vers le monde extérieur via le réseau Belnet. La bande passante disponible est actuellement de un Gbps mais sera prochainement mise à niveau”, commente Chantal Poiret.
“Entre 2013 et aujourd’hui, le trafic vers Internet a plus que doublé pour atteindre régulièrement une valeur maximale voisine du Gbps. Cette évolution s’explique notamment par le fait que de plus en plus d’applications utilisent le réseau à tous les niveaux de l’institution mais aussi par le développement de projets et de collaborations de recherche à l’échelle nationale ou internationale, par le recours de plus en plus important aux nouvelles technologies dans le cadre de l’enseignement, par l’accroissement du nombre de devices permettant aux étudiants et aux membres du personnel d’être connectés au réseau sans-fil partout et à tout moment, par le recours au travail collaboratif, aux réseaux sociaux…
Aujourd’hui, il est beaucoup plus facile d’entrer en contact avec les étudiants ou les collègues grâce à de nombreux canaux de communication (mail, réseaux sociaux, blog, forum…). Les outils collaboratifs facilitent le travail en groupe pour les étudiants. Et la capacité qu’a le réseau de mettre les personnes en contact facilite la création de liens et de communautés.”
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